Dan Schneider : «Les valeurs de l’entrepreneuriat ne sont pas innées, elles doivent être découvertes.» (Photo : Andrés Lejona/archives)

Dan Schneider : «Les valeurs de l’entrepreneuriat ne sont pas innées, elles doivent être découvertes.» (Photo : Andrés Lejona/archives)

L’économie est le moteur de notre pays. La création de richesses qui en découle nous permet de financer tous les éléments indispensables à son fonctionnement. La performance d’une économie est mesurée par le succès de la somme de ses parties constituantes, les entreprises. Or, pour que les entreprises soient performantes et novatrices, nous avons besoin à leur tête d’entrepreneurs performants. Leur savoir-faire, leurs idées et leur énergie sont indispensables au bon fonctionnement de notre économie. Malheureusement, ce constat évident est en train de se perdre dans notre société. Au lieu d’être considérés comme un exemple à suivre pour les jeunes, les entrepreneurs se retrouvent décriés, stigmatisés et chahutés. Depuis une bonne vingtaine d’années déjà, de moins en moins de jeunes ont décidé de se lancer et les jeunes talents font défaut. Pour cela, nous sommes d’avis que les mentalités doivent changer. L’entrepreneuriat doit retrouver sa place dans la société si nous voulons garantir un avenir prospère pour notre économie et nos générations futures.

Les valeurs de l’entrepreneuriat ne sont pas innées, elles doivent être découvertes. C’est pourquoi il faut permettre un contact entre les jeunes et les entrepreneurs pendant la période de scolarité, afin d’éveiller leur curiosité et de leur montrer que la voie de l’entrepreneuriat est une piste d’avenir prometteuse et intéressante. Ainsi, une réforme de l’éducation devrait intégrer davantage la culture de l’entrepreneuriat dans les programmes. Un contact régulier avec les entreprises et les entrepreneurs en complément des cours constitue une piste intéressante, que nous serions ravis de poursuivre. Une plus grande visibilité de l’esprit d’entreprise dans les filiales à vocation économique en est une autre. Ces efforts sont essentiels pour lancer les futurs entrepreneurs et leur donner les bonnes bases pour réussir.

Le problème du financement

Un problème que rencontrent souvent les jeunes entrepreneurs est celui du financement. Leurs projets qui reposent sur des idées novatrices comportent une certaine prise de risque. Ce dernier est souvent pénalisé et entraîne le refus de crédits. Les aides au financement existantes sont difficiles d’accès et ne répondent pas aux demandes des entrepreneurs. Leurs besoins ne sont pas toujours de nature financière, un bon conseil et un appui d’un consultant formé sont tout aussi utiles. Les canaux de financement existants doivent être complétés par des initiatives lancées par les entrepreneurs en faveur d’autres entrepreneurs. Pourquoi ne pas considérer un impôt dans ce sens?

Un entrepreneur qui a lancé une bonne idée et s’est muni du financement adéquat doit ensuite faire face à la lourdeur administrative. Trouvons des chemins plus courts et plus simples afin de permettre une création d’entreprise plus rapide.

Même si toutes ces conditions sont réunies, un manque cruel de talents persiste. C’est pourquoi nous devons regarder au-delà de nos frontières pour attirer les talents étrangers dans notre pays. Nous devons refonder notre politique de l’immigration économique, notamment pour être ouverts aux talents originaires de pays hors-UE. En changeant nos mentalités nous pourrions (re)devenir un pays cible pour des talents.

Droit à l’échec

Une culture d’entrepreneuriat saine doit être accompagnée d’une culture qui accepte le droit à l’échec. Dans un processus de création et d’innovation, l’échec est possible et même normal. Nous devons apprendre à accepter l’échec et à le décriminaliser. Tout entrepreneur qui a connu l’échec d’une de ses idées doit avoir le droit à une seconde chance. Rares sont les projets qui réussissent du premier coup. Suivons les exemples scandinaves et américains et changeons de mentalité.

L’esprit d’entreprise ne doit pas se limiter aux entreprises. Au contraire, le désir d’efficacité et d’innovation est un apport positif à bon nombre de projets. Ainsi, cet esprit aiderait à remettre sur les rails la politique de la recherche et d’innovation afin de la recadrer. La recherche publique doit être inscrite dans une politique cohérente et une proportion saine des projets doit être définie comme ayant pour but des retombées économiques concrètes. La notion d’entrepreneuriat doit aussi être poussée à l’intérieur des entreprises existantes ainsi qu’à l’intérieur des ministères et du secteur public en général. Quelques beaux exemples existent, mais sont encore trop rares.

Il en est de même pour la poursuite de l’excellence. Si notre pays veut se doter de centres d’excellence, de niches de compétence, il faut qu’il se dote d’une approche complète, cohérente et ciblée. Nous n’atteindrons pas l’excellence dans tous les domaines. Mais une concentration sur quelques points forts de notre pays nous permettra de dégager des activités qui nous placeront au premier rang. Sans culture et esprit d’entreprise, nous n’y arriverons pas.

Afin de promouvoir le rôle de l’entrepreneuriat, l’appui de la société civile dans son ensemble est essentiel. Pour cela, les syndicats doivent devenir les alliés des entrepreneurs afin que le changement des mentalités soit un objectif commun. Avant d’en arriver là, les syndicats devront aussi se remettre en question, redéfinir leurs objectifs et leur rôle dans l’économie. S’ils partagent l’objectif de garantir une bonne qualité de vie aux générations futures, des progrès seront réalisés et la société deviendra plus dynamique.

L’entrepreneuriat reviendra au centre de la société si l’économie revient au centre du débat politique. Un tel objectif est difficile à réaliser quand une partie de l’économie n’est pas représentée dans le monde politique. À une époque où la coordination tripartite paraît être à bout de souffle, il serait temps de réfléchir à d’autres pistes. L’idée d’intégrer une représentation des entreprises et, à proportion égale, une représentation des syndicats dans la Chambre des députés, mérite d’être examinée.

Le changement de mentalité requis pour réaliser tous ces objectifs est conséquent. La remise en question des acquis et des opinions préconçues est pourtant essentielle pour faire avancer notre société et garantir un meilleur avenir pour les générations futures.