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Le Luxemburger Wort nouveau est arrivé, le 17 mars dernier, dans un format tabloïd, tout comme sa petite soeur La Voix du Luxembourg et le cousin lusitanophone hebdomadaire Contacto. Une réduction de format qui s'accompagne aussi d'une réduction du nom en D'Wort.

En octobre dernier, déjà, le journal avait présenté un nouveau layout issu de la modernisation des processus de production via l'utilisation d'un outil informatique plus performant. Le tout avait déjà rendu le produit moins austère et plus lisible. A cette même époque, Mark Porter, designer anglais de renommée internationale, tenait, à Luxembourg une conférence sur l'importance du design dans la presse quotidienne (voir paperJam décembre 2004, page 76).

Les dirigeants du groupe saint-paul, présents en nombre à cette conférence, y ont-ils trouvé matière à inspiration' Toujours est-il qu'en l'espace d'un peu plus de quatre mois, le reformatage du journal est passé du concept à la réalité. "Le passage à un plus petit format est une tendance très prononcée sur le marché de la presse en Europe, justifie Charles Ruppert. Beaucoup parmi les plus grands titres s'y sont mis".

Au Luxembourg, Le Wort et La Voix restaient les derniers quotidiens à s'afficher en grande taille. Une enquête récemment menée auprès du lectorat du journal avait également montré que si l'indice de satisfaction était fort important (90%), il se dégageait aussi une volonté d'avoir plus d'infos d'ordre "régional' et un produit qui soit plus maniable. "Le changement de format n'était pas expressément mentionné, mais on sentait que l'idée ne déplaisait pas forcément, surtout auprès d'un lectorat de plus en plus mobile, amené à lire le journal dans un train ou un avion', note M. Ruppert.

Outre sa taille réduite de moitié (mais avec une pagination doublée, de sorte que le volume de papier nécessaire reste le même, ce qui a son importance lorsque l'on sait qu'il s'agit d'un des critères d'établissement de l'aide d'Etat à la presse), le Wort "nouveau" se décline désormais en quatre cahiers, imbriqués les uns dans les autres, ce qui nécessitera sans doute, au commencement, une gymnastique de lecture un peu inhabituelle...

Tarification critiquée

Mais le Wort est aussi, désormais, diffusé en quatre éditions "régionales", correspondant aux quatre circonscriptions administratives et politiques, certaines infos étant amenées à être davantage développées dans une édition plutôt que dans une autre. Un ciblage du lectorat qui s'accompagne d'un renforcement des équipes rédactionnelles, une dizaine de personnes ayant été recrutées ou étant sur le point de l'être. "Il s'agit clairement d'une renaissance pour nous", reconnaît M. Ruppert, qui espère bien que cela contribuera à poursuivre le redressement des chiffres de diffusion de vente. "Nous avons déjà noté une reprise sensible depuis fin octobre. La courbe s'est clairement inversée depuis quatre mois", affirme M. Ruppert, forcément satisfait d'avoir déjà jugulé l'érosion du lectorat qui touchait le Wort depuis quelques années.

Reste que du côté des annonceurs, ce nouveau format a du mal à passer, en particulier en ce qui concerne la nouvelle tarification, sachant qu'une pleine page de publicité se vend désormais à 5/6 du prix de l'ancienne. "Cela veut dire que pour une même superficie, on devra payer 40% de plus, sans compter qu'il faut aller plus loin dans le journal avant de trouver une annonce", déplore le responsable commercial d'un des annonceurs du Wort, également agacé de n'avoir été informé de ces nouveaux tarifs que dix jours avant l'échéance du 17 mars. "Le comble, c'est que pour ce premier numéro, les tarifs ont été rehaussés de 30%! Tous les contrats en cours doivent être renégociés et même si on nous a annoncé une certaine flexibilité, je trouve que la démarche manque, dans l'ensemble, de professionnalisme".

La concurrence, elle, n'a pas manqué de rebondir sur ce dernier point. Le Tageblatt, le deuxième quotidien du pays, a proposé, pour cette même édition du 17 mars, une réduction de... 30% sur ses tarifs publicitaires. "Il s'agit plus d'un gadget qu'autre chose, reconnaît Alvin Sold, directeur général et rédacteur en chef du quotidien d'Esch. J'attends de voir ce que donnera ce nouveau format et la navigation par couleurs qui a été imaginée. Je note simplement que je ne connais aucun autre journal, non populaire, qui ait connu le succès en passant au format Tabloïd. Je note également qu'après avoir pratiqué pendant une quinzaine d'années un véritable dumping dans les prix d'abonnement, le Wort se rapproche de notre politique tarifaire".

Le prix au numéro du Wort va en effet passer de 90 cents à 1 euro et l'abonnement trimestriel de 37,5 euro à 45 euros (contre 46,5 pour le Tageblatt). "Nous restons parmi les moins chers du Monde", tient néanmoins à préciser M. Ruppert.a