Ce lundi, certains panneaux affichent leur satisfaction et saluent l'électeur. (Photo: DR / paperJam)

Ce lundi, certains panneaux affichent leur satisfaction et saluent l'électeur. (Photo: DR / paperJam)

Il faut tenir compte du fait que le nombre d’électeurs a augmenté, entre le scrutin de 2009 et celui vécu dimanche. Mais l’exercice du «qui empoche combien de voix?» reste très instructif, aux quatre coins du pays.

Jean-Claude Juncker demeure le grand champion des voix, directes et en tête de liste combinées. Il en affiche 55.968. Mais c’est nettement moins qu’en 2009, près de 12.000 voix de moins…

C’est un hasard, s’agissant de chiffres difficilement comparables entre circonscriptions différentes, mais Xavier Bettel, tête de liste DP au Centre (Jean-Claude Juncker étant sur les listes au Sud), obtient environ 12.000 voix (12.393 exactement) de plus qu’en 2009, pour atteindre 32.064 suffrages sur son nom.

Coup de barre

C’est d’ailleurs un seuil que celui des 30.000 voix. Luc Frieden (CSV), qui a fait mieux que se défendre dans la lutte au Centre face à Bettel, a réussi un score de 29.441. Cela étant, il faisait 41.889 en 2009 et son colistier Claude Wiseler franchissait aussi, à ce moment, la fameuse barre (31.649). Il la voit de très loin à présent (26.590).

En 2013, dans cette circonscription englobant la capitale, personne, hormis Xavier Bettel, n’a franchi le cap des 30.000 voix…

Dans le Sud, les «performances vocales» sont plus fréquentes. On a vu le score du Premier ministre (près de 56.000 voix). Derrière, Jean Asselborn, le vice-Premier ministre sortant (LSP) fait 38.257 voix, contre 42.797 en 2009. Il y a quatre ans, les socialistes avaient aussi placé, par-dessus cette barre symbolique, Mars Di Bartolomeo (37.743) et Alex Bodry (31.167). Ce n’est plus le cas en 2013, les deux hommes faisant respectivement 28.067 et 24.362 voix.

Même chose derrière Juncker au CSV, où plus une seule personnalité n’obtient 30.000. En 2009, François Biltgen (parti juger à l’Europe) avait réussi près de 39.000 voix et Jean-Marie Halsdorf plus de 32.200. L’homme de Pétange, ministre de l’Intérieur sortant, a cette fois perdu quelque 5.000 voix…

À l’Est, du nouveau

On est, logiquement, loin de ces scores à l’Est. Dans ce coin de pays, le seuil psychologique est plutôt à 10.000 voix. Et seuls les élus CSV passent la barre: Françoise Hetto-Gaasch (14.281), Octavie Modert (11.525) et Léon Gloden (10.612). C’est d’autant plus instructif que, si la ministre de la Justice et de la Culture sortante a perdu un gros millier de voix en chemin, sa collègue aux Classes moyennes a, en revanche, glané environ 2.500 voix de plus qu’en 2009. Quant à Gloden, il a pratiquement fait 3.000 voix de mieux. Le bastion du CSV à l’Est a fait mieux que résister, vu l’air ambiant ailleurs…

La percée est nette aussi pour le DP, qui place un inattendu duo de Mondorf-les-Bains. La députée-bourgmestre Maggy Nagel, avec 7.103 voix, fait 3.000 voix de mieux qu’en 2009, alors que, nouvel élu pour le DP, son échevin Lex Delles amasse 5.338 voix pour son premier essai à cet échelon de pouvoir.

Ce faisant, le jeune citoyen de la cité thermale réussit un banco que peut envier un des grands perdants de la soirée de dimanche: l’ex-ministre du Travail et de l’Emploi Nicolas Schmit, avec 5.070 voix (il en faisait quasi 2.600 de plus au dernier scrutin), voit son soutien électoral suivre une courbe inversement proportionnelle à celle du chômage. Il reste néanmoins le titulaire du seul mandat de député LSAP dans cette circonscription.

Au Nord, c’était l’écho rond

Ce qui frappe, dans le Nord, c’est le mano a mano entre le CSV et le DP. Au nombre de voix, la tête revient à Charles Goerens: l’eurodéputé libéral fracasse 17.523 suffrages, devançant d’une poignée de bulletins le ministre du Logement sortant, le CSV Marco Schank (17.174). Au passage, ce dernier pulvérise son score de 2009 (10.861 voix)!

Et c’est bien le CSV qui fait 4 députés sur la circonscription, grâce à des scores très respectables par ailleurs, réussis par l’indéboulonnable Aly Kaes (12.702), Émile Eicher (13.083) et, surtout, Martine Hansen (16.838). Certains avaient prédit des lendemains difficiles à la néo-ministre de l’Enseignement supérieur. Mais celle-ci a fait le dos rond et, sortie du lycée pour entrer au gouvernement, a recueilli de bons échos sur le terrain. Elle y a gagné sa légitimité politique.

Autre ministre sortant, Romain Schneider (LSAP) s’intercale dans le classement des fortes têtes du Nord: il assure 12.389 voix, soit 4.800 de mieux qu’en 2009.

André Bauler (DP) est élu avec 10.933 voix, soit plus de deux fois son score de 2009: une sacrée caisse de résonance! Quant à Fernand Etgen (DP), malgré un score à cinq chiffres aussi (10.993) et 2.700 voix de mieux, il ne garde pas son siège de député, en «victime collatérale» de la poussée imprimée par Goerens.