Née en 2003, Champ Cargosystems est opérationnelle dès le 1er janvier 2004. Au départ division informatique du transporteur de fret aérien luxembourgeois Cargolux qui souhaitait avoir une meilleure vue sur ses coûts IT, la société a progressivement intégré des clients externes.
«Dans les années 80, Cargolux ne trouvait pas de solution logicielle qui corresponde entièrement à ses besoins. Le groupe voulait disposer d’une vue sur la gestion de ses flux non pas opérationnelle, mais financière, ce qui était novateur pour l’époque. Son management a alors décidé de créer une solution 'from scratch' et de la vendre ensuite à d’autres pour diminuer ses coûts. Cela a été le déclencheur pour créer une nouvelle entité autonome employant 65 personnes et qui répondait aussi à un souci de clarté et de transparence sur les dépenses IT», cadre Arnaud Lambert, actuel CEO depuis février 2015 et à bord du projet dès le début en tant que VP global solutions delivery.
Six clients sont venus se greffer à la nouvelle plateforme la première année. «Notre mainframe tournait pour Cargolux la journée et la nuit pour Aeromexico, notre premier client.»
Étendre les activités
En 2003, la solution initialement développée pour adresser les besoins de Cargolux disposait de la plus grande niche fonctionnelle du marché. «C’était alors la seule gamme à fonctionner à l’aide d’un simple browser. Dès le départ, nos solutions existaient 'as a service'. D’autres nous ont rejoints depuis.»
On ne crée par une société IT en partant de zéro.
Arnaud Lambert, CEO de Champ Cargosystems
Plusieurs grandes étapes émaillent l'histoire de Champ, dont l’association avec Sita, déjà spécialiste des solutions IT pour le secteur, en 2005. «On ne crée par une société IT en partant de zéro. Nous avons fait le tour du marché pour trouver le meilleur partenaire, qui s’est avéré être Sita, une société internationale issue du monde aérien. Elle a cédé une division cargo mourante à Cargolux en échange d’une prise de participation conséquente dans notre actionnariat. Cela nous a permis d’augmenter notre masse critique et notre expertise métier, ainsi que notre présence mondiale», se remémore Arnaud Lambert.
Six autres clients adoptent la solution dans la foulée. «En n’étant plus dans l’ombre de Cargolux, mais étant associés à Sita, notre indépendance n’était plus remise en question. C’était plus facile d’approcher des compagnies concurrentes.»
2008 marque ensuite l’acquisition de 100% des parts de Softair pour étendre encore le portfolio et la couverture géographique. Poursuivant une stratégie de croissance organique, elle reprend également Traxon Europe, spécialiste des solutions électroniques, en 2011. «Ce rachat nous a permis de toucher un autre métier: les groupeurs, qui sont les clients des compagnies aériennes. On leur permet d’optimiser l’ensemble de la chaîne logistique.» Ils sont à présent au nombre de 3.000 à fonctionner avec la plateforme, qui pourrait, à l’avenir, également intéresser l’industrie navale.
Expansion asiatique
Si elle continue d’opérer l’outsourcing de sa grande sœur Cargolux, d’autres activités ont pris le dessus. «Nous assurons toujours la gestion IT, de la souris aux serveurs, en passant par le réseau. Cargolux n’a plus de département dédié, mais un CIO épaulé de deux personnes, qui se concentre sur la stratégie. De manière générale, toute l’IT du groupe est opérée localement. Aucune donnée ne sort du pays.» 200 compagnies aériennes, cargo et transportant des passagers, sont devenues clientes.
Aujourd’hui à la tête d’une équipe de 500 personnes de près de 37 nationalités, dont 145 au Luxembourg, Champ Cargosystems dispose de cinq bureaux internationaux à Londres, Zurich, Francfort, Manille et Atlanta, suivant l’explosion de ses activités sur le continent asiatique et aux USA. Champ Cargosystems Philippines naît en 2010 pour supporter la croissance sur le continent.
«En 11 ans, la société a énormément changé. Nos priorités à venir sont de consolider nos activités asiatiques, mais aussi dans les pays du Golfe, tout en accélérant notre présence américaine. Malgré ces ambitions internationales fortes, nous restons bien ancrés au Luxembourg, cela a toujours été une volonté forte», achève Arnaud Lambert. «Le pays est apprécié et reconnu à l’étranger. Sa neutralité est un atout de taille, tout comme son multiculturalisme, essentiel pour approcher nos clients. Notre ADN restera toujours luxembourgeois.»