Qu’est-ce qui vous a marquée dans la vie hospitalière en 2018?
Martine Goergen. – «Je dirais que l’un des faits marquants a été notre accréditation JCI en juin, qui pour nous a été quelque chose de très important.
C’est une reconnaissance internationale attribuée par un organisme américain pour la qualité et la sécurité de la prise en charge du patient au sein de notre hôpital.
Le terme qualité et sécurité englobe tout, de la prise en charge du patient dans sa globalité depuis l’entrée à la sortie, de la qualification des médecins et soignants ainsi que de toute personne en contact avec le malade, le service informatique, le bâtiment, les risques incendie, etc. L’obtention de ce label JCI est le résultat de trois années de travail et de la formation de nos 2.000 collaborateurs.
L’obésité, c’est un problème sociétal en pleine croissance.
Martine Goergen, directrice médicale du CHL
Ces efforts devront être poursuivis pour garder ce label…
«Oui, dans trois ans, notre dossier sera réévalué. Pour garder notre statut JCI, nous devrons persévérer dans nos efforts en matière de qualité de nos services.
Quelle est votre résolution pour 2019?
«Mettre l’accent sur la prévention des maladies, inciter les gens à adopter une bonne alimentation et la pratique d’un sport.
Une alimentation de qualité tout comme une bonne hygiène de vie comptent beaucoup pour vous. Vous avez d’ailleurs contribué à la création de la Clinique de l’obésité du Centre hospitalier de Luxembourg…
«J’ai instauré une Clinique de l’obésité, la première du Luxembourg, sur base de ce qui existait déjà en Belgique. Nous assurons une prise en charge globale du patient, sur le plan psychiatrique, sportif, nutritionnel et/ou chirurgical.
Cela répond à un besoin important au Luxembourg?
«L’obésité, c’est un problème sociétal en pleine croissance et qui a des conséquences non négligeables sur le long terme pour la santé des gens. Chaque année, notre Clinique de l’obésité accueille entre 900 et 1.000 nouveaux patients.
Dans le cas de superobésité ou obésité morbide, l’intervention chirurgicale est préconisée. Environ 150 patients subissent une intervention chirurgicale chaque année.
Vous avez également contribué au développement de la chirurgie mini-invasive. De quoi s’agit-il?
«C’est une technique utilisant de petites caméras à l’intérieur du ventre, que l’on appelle aussi cœlioscopie. Une technique qui permet d’éviter les grandes cicatrices, et donc moins traumatisante pour les patients.
Opérer, c’est soigner? Donner une seconde chance?
«Souvent, le chirurgien est l’ultime recours pour certaines pathologies. L’univers propre au bloc opératoire, la nécessité d’une très grande concentration, fait également de ce métier une profession à part.
Si une femme arrive là où elle en est, c’est par mérite et non grâce à des quotas.
Martine Goergen, directrice médicale du CHL
Vous êtes fière de votre carrière?
«Je suis très contente de ma carrière. Quand j’étais jeune, jamais je ne me suis imaginée en arriver là. Il faut dire aussi que je n’ai jamais été bridée en tant que femme. Et je ne suis pas non plus forcément pour les quotas. Je crois que si une femme arrive là où elle en est, c’est par mérite et non grâce à des quotas.
Quelles sont vos autres missions au quotidien en tant que directrice médicale, et donc leader?
«Je suis responsable de plus de 400 médecins – médecins en voie de spécialisation compris – et 188 secrétaires. Et d’un autre côté, dans ma pratique médicale, j’ai encore des consultations deux fois par semaine la matinée et j’opère également deux matinées par semaine.
Quel est votre style de management?
«Un management interactif, participatif, horizontal. Pas un management basé sur la hiérarchie. D’ailleurs, au Luxembourg, dans le milieu médical, nous n’avons pas l’habitude de ce type de management.
Les femmes sont-elles bien représentées dans les hauts postes?
«Nous avons des femmes chefs de service, chefs de département, mais je dois dire qu’il y a une majorité d’hommes chefs.
La médecine doit rester une médecine de qualité avec les mêmes opportunités pour tous les patients.
Martine Goergen, directrice médicale du CHL
Quelle est la situation en termes de recrutement des médecins?
«Le recrutement de médecins n’est pas facile actuellement. Il y a de moins en moins de médecins sur le marché. Il n’y a pas non plus de cycle complet dédié à la médecine à l’Université du Luxembourg.
Nous devons donc recruter à l’étranger. Le Luxembourg est attractif, mais le coût de la vie est très élevé, ce qui rend aussi hésitant le choix des éventuels nouveaux candidats.
Quel serait votre souhait, en matière de soins de santé, à adresser au nouveau gouvernement?
«Les chantiers entamés par la législature précédente doivent être poursuivis dans la bonne direction, avec une meilleure transparence et une tarification plus juste.
La médecine doit rester une médecine de qualité avec les mêmes opportunités pour tous les patients, basée sur une formation continue obligatoire des médecins et sur une technologie de pointe.
Martine Goergen en trois dates-clés:
1998 – Diplômée en chirurgie viscérale à l’ULB
2009 – Chef de département au Centre hospitalier de Luxembourg
2017 – Directrice médicale du Centre hospitalier de Luxembourg
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