«Histoire(s) de Femme(s)» suit ainsi un siècle de petite et grande histoire: les guerres mondiales aussi bien que les conflits familiaux, les premiers divorces, les avortements, l’engagement, l’accès aux études et au travail.  (Photo: Archives CNA)

«Histoire(s) de Femme(s)» suit ainsi un siècle de petite et grande histoire: les guerres mondiales aussi bien que les conflits familiaux, les premiers divorces, les avortements, l’engagement, l’accès aux études et au travail.  (Photo: Archives CNA)

Dans ce que les Anglo-saxons appellent les «gender studies», on essaye régulièrement de retracer une certaine «herstory» (par opposition évidente à l’«history», plus masculino-centrée). Sans prétendre réécrire l’histoire du Luxembourg, Anne Schroeder entreprend, avec son film «Histoire(s) de Femme(s)», un glissement de points de vue qui remet les femmes au premier plan.

La réalisatrice, qui est aussi productrice de documentaires, retrace l’émergence et l’évolution de l’émancipation des femmes au travers de destins personnels de femmes issues de différentes générations du 20e siècle.

Elle part de son vécu personnel – une manifestation de femmes à Paris – pour élargir le propos à travers des entretiens individuels de femmes d’origine luxembourgeoise qui reviennent sur leurs souvenirs, relatent leurs rêves et leurs espoirs, les écueils personnels, les luttes politiques, les acquis et les déceptions. 

Les interviews sont entrecoupées d’images d’archives, dont beaucoup sont issues de films familiaux et n’ont généralement pas été montrées. Le montage est, à ce point de vue, très réussi, les images collant généralement très bien au propos. 

On suit ainsi un siècle de petite et grande histoire: les guerres mondiales aussi bien que les conflits familiaux, les premiers divorces, les avortements, l’engagement, l’accès aux études et au travail. Les femmes interviewées ne sont pas nommées pour «rendre leurs témoignages plus universels» et le fil intergénérationnel mesure bien le temps qui passe.

La boucle se boucle sur des images de manifestations internationales dans la mouvance #MeToo. On regrette que les protagonistes les plus contemporaines n’aient pas été choisies pour leur engagement et qu’elles aient un discours assez banal sur le mode: «Pour moi tout va bien, je veux les enfants et la carrière.» Mais ce détail s’oublie assez vite.

«Histoire(s) de Femme(s)» d’Anne Schroeder, produit par Samsa Film et le CNA.