Digital: L’UEL souligne que le digital est loin d’avoir produit tous ses effets au Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Digital: L’UEL souligne que le digital est loin d’avoir produit tous ses effets au Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Les partis ne dévoileront (seulement) leurs programmes électoraux qu’à la rentrée, mais les ONG et autres fédérations professionnelles fourbissent déjà leurs idées. L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) apporte sa contribution au débat électoral qui conduira aux élections législatives au travers d’une publication dont le titre résume la portée: Que veulent les entreprises? 

L’exercice avait déjà été mené dans le cadre des législatives anticipées de 2013. Cette fois, l’UEL approche les candidats au scrutin du 14 octobre prochain avec des propositions condensées autour de 10 sujets en une vingtaine de pages. «Les entreprises sont au cœur de l’économie et ne doivent pas être en dehors du débat», notait Jean-Jacques Rommes, administrateur délégué de l’UEL, le 23 mai dernier lors de la présentation à la presse de la brochure. Un rappel clairement exprimé dans la documentation: «Le discours politique habituel ignore trop souvent que l’entreprise privée est un pilier de notre société et sa principale source de richesse. L’entreprise est un centre d’idées et d’innovation, elle finance le secteur public et les systèmes de sécurité sociale, crée l’emploi, forme et oriente les jeunes.» 

Au croisement des investisseurs, des salariés et des clients, les entreprises doivent placer la digitalisation en tête de leur agenda. Pour l’UEL, ce sujet constitue un prérequis incontournable. La fédération propose notamment de «miser sur le numérique, l’économie du partage et l’économie circulaire pour développer de nouveaux business models à la fois plus productifs et plus soutenables, tout en veillant à assurer un level playing field entre les activités économiques».

Débat omniprésent

En filigrane de la recherche de nouveaux relais de croissance vient la notion de croissance durable, qui occupe les débats depuis plusieurs mois. «Nous avons besoin d’une croissance, mais nous voyons que la croissance actuelle a un impact sur la qualité de vie, donc il faut réfléchir à quelle est la meilleure croissance ou d’autres moyens pour augmenter la productivité, pointe Jean-Paul Olinger, secrétaire général de l’UEL. L’idée est d’augmenter la productivité à travers l’implémentation très large de la digitalisation au niveau de la société luxembourgeoise.» 

Ces bénéfices escomptés, la digitalisation ne les a pas encore vraiment apportés sur une productivité nationale qui stagne, alors que le PIB augmente. «La digitalisation que l’on définit comme un levier à toutes les initiatives est en train de se déployer lentement à travers la formation, la réflexion sur l’adaptation des business models actuels des entreprises. Cela se passe à tous les niveaux, mais nous en sommes au début, ajoute Jean-Paul Olinger. Il est donc encore trop tôt pour réfléchir à la redistribution des gains de productivité qui vont, espérons-le, se matérialiser un jour.»

Comme le coût du logement représente une partie importante des dépenses du ménage, il peut avoir un impact négatif sur la compétitivité du Luxembourg.

Jean-Paul Olinger, secrétaire général de l’UEL

L’orientation à donner, selon l’UEL, à la poursuite de la diversification économique s’inscrit dans cette recherche de productivité: «Compte tenu de son développement technologique, de ses coûts de main-d’œuvre élevés, l’avantage comparatif du Luxembourg se situe dans des activités à haute valeur ajoutée et dans des activités requérant de hautes qualifications», précise la brochure. Emploi, sécurité sociale, éducation et formation, finances publiques et fiscalité y sont aussi thématisés. La mobilité n’y est pas identifiée en tant que telle, contrairement au logement, qui figure parmi les priorités incontournables pour l’UEL. Le patronat recommande un travail sur l’offre au travers d’une facilitation des procédures administratives. «Comme le coût du logement représente une partie importante des dépenses du ménage, il peut avoir un impact négatif sur la compétitivité du Luxembourg, qui est à la recherche de talents à l’étranger», ajoute Jean-Paul Olinger. 

Il faut simplifier la gouvernance pour accélérer la prise de décision au Luxembourg, face à une compétition accrue de l’économie digitale.

Jean-Paul Olinger, secrétaire général de l’UEL

L’UEL demande, par exemple, la mise en place d’un point unique de contact et de décision au lieu de la dilution actuelle entre les différentes administrations. «Nous devons réfléchir à une augmentation de la densité résidentielle du bâti, la plupart des immeubles ne sont pas très hauts, il faut réfléchir aussi à stimuler l’offre de logements locatifs sociaux et autres.»
L’État a des devoirs à remplir quant à son fonctionnement: «Il faut simplifier la gouvernance pour accélérer la prise de décision au Luxembourg, face à une compétition accrue de l’économie digitale. En ayant une gouvernance qui permet une précision rapide au moins sur les questions internes, on peut se focaliser sur les défis futurs.» 

Centralisation des données, simplification administrative, usage des outils électroniques sont pointés comme des leviers permettant à l’État d’atteindre cet objectif, de même qu’un rôle du Premier ministre à revoir «en lui attribuant un pouvoir de direction politique du gouvernement au-delà d’une coordination ministérielle, et solidifier ainsi le principe de la responsabilité conjointe». Les têtes de liste sont prévenues.

Priorités

Les sujets à la loupe

En prélude aux élections législatives, l’UEL a identifié différents sujets prioritaires pour les entreprises qu’elle représente (80% des emplois et 85% du PIB).

  • La lutte contre le chômage et le développement de l’emploi.
  • L’éducation, la formation, la recherche et le développement.
  • Le financement durable de l’État et un secteur public performant.
  • Le maintien des systèmes de sécurité sociale et la justice intergénérationnelle.
  • Le dialogue social, la gouvernance de l’État et la simplification administrative.
  • Le développement durable, la cohésion sociale et le développement du bien-être, dont notamment l’intégration, la sécurité et la santé au travail, le transport, le logement et l’environnement.