La mobilité douce règnera en maîtresse après 2017, mais d'ici là les salariés motorisés doivent prendre leur mal en patience. (Photo: Sven Becker )

La mobilité douce règnera en maîtresse après 2017, mais d'ici là les salariés motorisés doivent prendre leur mal en patience. (Photo: Sven Becker )

La métamorphose du plateau de Kirchberg s’est accélérée ces dernières années. Des entreprises aux institutions européennes, extensions et nouveaux bâtiments se succèdent, de la 3e tour de la Cour de justice de l’UE à la Bibliothèque nationale en passant par le nouveau bâtiment Konrad Adenauer. Près de 35.000 personnes travaillent sur le Plateau aujourd’hui. Elles pourraient être 44.000 en 2020, selon les prévisions du Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg.

Pour autant, si les surfaces de bureaux se multiplient, les espaces de stationnement ne suivent pas. Le ratio d’une place pour 125m2 de bureaux n’est pas négociable. Ainsi KPMG, qui emploie environ 1.400 personnes, n’a pu aménager que 134 emplacements sous son bâtiment. «Dans l’idéal, il nous en aurait fallu 220 ou 230», concède Patrick Wies, head of public sector department chez KPMG. Idem chez EY, qui vient d’inaugurer son siège sur l’avenue Kennedy avec 100  emplacements pour 1.200 salariés.

Les entreprises se tournent par conséquent vers les parkings publics pour compenser le manque de stationnements attitrés. «Nous louons des places sous la Philharmonie, à la Coque 2, à Auchan et aussi quelques emplacements dans une zone résidentielle», détaille Karl Chisman, head of facilities chez KPMG.

Les places sont si disputées dans certains parkings de grandes entreprises que des salariés frontaliers arrivent à 4h du matin et terminent leur nuit dans leur voiture pour être sûrs de trouver une place, tout en évitant les heures de pointe. Les salariés d’entreprises moins imposantes doivent, eux, composer avec le stationnement sur la voirie ou des parkings pris d’assaut. «Le parking Trois Glands (523 places) est quasiment saturé en permanence et le parking place de l’Europe (1.324 places) est de plus en plus occupé», indique le gestionnaire de parkings Indigo, avec «une nette augmentation depuis ces derniers mois». Un peu plus loin, la Coque se sent aussi à l’étroit avec les 190 places du parking d’Coque  1, «largement insuffisant pour les 2.000 personnes qui visitent la Coque chaque jour», soupire Benoît Santiquian, chargé de communication de la société. D’autant que beaucoup d’entre eux ne peuvent venir en transports en commun, «qu’il s’agisse des utilisateurs de la fosse de plongée qui doivent transporter leurs bonbonnes, des sportifs et entraîneurs de haut niveau qui doivent emporter du matériel spécifique encombrant, des parents qui fréquentent les cours des bébés nageurs (plus de 200 par semaine).»

Quant au parking d’Coque 2, il dispose de 395 emplacements occupés à 85-90%. Parkolux ne communique pas le nombre de places louées à des entreprises, mais confirme l’existence d’une liste d’attente.

Serra, le (rond-)point noir

Plus à l’ouest, le parking Adenauer et ses 438 places affiche complet. Tout comme le stationnement situé sous le centre commercial Auchan, pourtant généreux avec ses 2.700 places. «Le taux d’occupation va de 85 à 100%» avec des pics en période de soldes ou en fin d’année, indique Sophie Morlé, assistante de direction d’Auchan Kirchberg. «Nous n’honorons plus aucune demande» émanant d’entreprises – les rares stationnements réservés l’ont été en vertu de contrats anciens. En revanche, Luxexpo travaillerait sur un agrandissement de son parc de 900 places. Et le P+R Kirchberg passera dans les prochaines années de 250 à 500 places.

Le trafic est un autre sujet de préoccupation avec 30.000 véhicules qui débarquent chaque jour sur le Plateau… et qui en repartent. Le by-pass reliant le Kirchberg à l’autoroute A1 direction France et Belgique a soulagé quelque peu le trafic, mais toutes les attentes se concentrent sur la finalisation du rond-point turbo avec des voies dédiées. Pas avant le mois de mai, indique le ministère du Développement durable et des Infrastructures.

Tenir jusqu’en 2017 et l’arrivée du tram, voilà l’idée. La voiture ne sera plus reine sur le Plateau – et les mentalités changent déjà. Ainsi 900 des 1.400 salariés de KPMG bénéficient du mPass (un abonnement annuel destiné aux salariés et commercialisé directement par le Verkéiersverbond auprès des entreprises), tout comme 90% des salariés d’EY. Les deux entreprises ont organisé la réflexion autour de la mobilité bien avant leur déménagement. «Nos collaborateurs sont plutôt jeunes et le fait d’utiliser leur propre voiture commence à avoir une autre connotation», remarque Patrick Wies.

EY, de son côté, met des vélos à disposition. Quant à BGL BNP Paribas, elle a aménagé un parking avec douches pour les cyclistes et finance des navettes vers la gare et le P+R Sud. L’âge d’or de l’automobile a déjà commencé à pâlir sur le Kirchberg.