Les inquiétudes sur l’activité cargo existaient avant l’arrivée des Qataris. Elles rebondissent d’autant plus.  (Photo: Frédéric Humblet / archives)

Les inquiétudes sur l’activité cargo existaient avant l’arrivée des Qataris. Elles rebondissent d’autant plus.  (Photo: Frédéric Humblet / archives)

Cargolux focalise les craintes et transporte aussi les rumeurs, à son corps défendant. Jeudi, le LCGB jetait de l’eau, sur un feu couvant où l’OGBL avait mis de l’huile. « Suite aux rumeurs d'un outsourcing éventuel de la maintenance de Cargolux à Singapour, le LCGB a adressé à ce sujet en toute urgence une lettre à Richard Forson, CEO de Cargolux. Monsieur Forson a répondu aujourd'hui en expliquant qu'il ignore d'où cette rumeur provient et que son bureau n'est certainement pas au courant d'un outsourcing de la maintenance de Cargolux à Singapour. »

Plusieurs réunions ont en effet eu lieu entre syndicats et représentants du logisticien aérien luxembourgeois, sous contrôle de Qatar Airways à 35 %. C’est évidemment l’emprise des Qataris qui inquiète à chaque étape un peu plus ceux qui redoutent des coupes claires dans certaines activités, entrainant des réductions de personnel…

Pérenniser les activités

Cargolux doit éponger de lourdes pertes. Il y a de nouveaux objectifs, une probable recapitalisation dans l’air, un audit en cours. « Nous craignons une délocalisation de la maintenance vers Singapour», faisait savoir, dans la semaine, l’OGBL, qui croyait savoir que cet outsourcing asiatique causerait la perte d’une « grande partie des 550 postes de maintenance au Luxembourg ». « Rumeurs non fondées », disaient des sources internes à Cargolux à paperJam.lu…

Richard Forson avait certes évoqué une réflexion autour de la maintenance, comme sur l’ensemble des activités, dans le cadre d’une remise en cause liée à un nécessaire travail sur les coûts et sur les recettes. Ce vendredi, une nouvelle réunion devrait aborder la question de l’éventuelle recapitalisation.

Le LCGB temporise : « Selon M. Forson, les différents services de Cargolux sont toujours en train d'être évalués par des experts externes dans le cadre d'une revue stratégique. Le but de cette évaluation est de pérenniser durablement les activités de Cargolux. Une fois les résultats de cette évaluation disponibles, ils seront remis à l'actionnariat et au conseil d'administration au sein duquel siègent des représentants du personnel. »

Paix sociale en péril

Un préalable auquel tiennent particulièrement les syndicats. Néanmoins, le LCGB « déplore que des rumeurs d’outsourcing de la maintenance de Cargolux aient pu circuler sur la place publique, sans être fondées sur une information concrète. De telles rumeurs risquent de mettre en péril la paix sociale et peuvent même nuire à la renommée de la société face à ses clients. »

À suivre dans tous les cas. Et à mettre en perspective, après coup d’œil dans le rétroviseur. Il y a juste un an, des craintes avaient déjà été émises concernant une externalisation d’activités de maintenance de Cargolux. Elles étaient apparues à la suite d’un comité mixte tenu le 13 septembre 2011.

À l’époque, les syndicats suspectaient Cargolux de préparer en catimini le démantèlement d’une partie des services techniques et d’entretien des appareils. À ce moment, Cargolux et Atlas Air, compagnie américaine également utilisatrice des fameux nouveaux Boeing 747-8F, avaient créé de conserve (en mai 2011) trois sociétés, dont une enregistrée aux Iles Viierges britanniques.

Angoisses de changement

Ces structures avaient été conçues, en joint-venture, pour l’exploitation d'un centre de maintenance pour avions et l'exploitation d'aéronefs, selon leur objet social. Cargolux, face aux questions soulevées, à la limite du tollé, avait rassuré : il s’agissait de formaliser la coopération entre les deux compagnies, pour l'acquisition et la gestion groupées de pièces de rechange pour les Boeing, avec avantage fiscal à la clé, souhaité par les Américains.

Bref, à l’époque, les grognements avaient été apaisés, sans être effacés. Pratiquement au même moment, Cargolux annonçait d’ailleurs la finalisation des discussions avec Qatar Airways.

Aujourd’hui, c’est ce dernier élément qui reprend le dessus, pour focaliser les angoisses de changements, susceptibles de nuire à l’opérateur toujours à 65 % luxembourgeois. Et régulièrement, les rumeurs reviennent. Jusqu’à la prochaine décision stratégique qui deviendra information.