Dirk Reich a pris les commandes de la compagnie de fret à la fin mars.  (Photo: Charles Caratini / archives)

Dirk Reich a pris les commandes de la compagnie de fret à la fin mars.  (Photo: Charles Caratini / archives)

Depuis quelques semaines, la fronde prend de l’ampleur chez Cargolux. En cause, le passage ce mois-ci d’un deuxième Boeing entre les mains de la filiale italienne. Les syndicats – et notamment celui des pilotes – y voient du dumping social. La direction envisage les choses différemment.

Dans une interview accordée au média spécialisé, CargoForwarder, le CEO de la compagnie luxembourgeoise de fret aérien explique que la cession de l’avion à Cargolux Italia interviendra parallèlement à la réception à Luxembourg d’un nouveau Boeing 747-8F. «D’un point de vue luxembourgeois, c’est un 'swap' d’un vieil appareil pour un neuf sans réduction des opérations existantes», souligne Dirk Reich.

Mis face à l’argument brandi par l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL) selon lequel Cargolux n’a pas besoin d’une licence (et donc d’une filiale) italienne pour opérer des vols depuis Milan, le Suisse répond que, «en gros, Cargolux Italia peut bénéficier de droits de trafic que Cargolux Luxembourg n’a pas, et réciproquement», faute d’intégration suffisante de l’espace aérien européen.

L'absence de rentabilité, pas un argument valable

Le manque de rentabilité de Cargolux Italia est également mis en avant par les opposants à la délocalisation. «À court terme, fermer toutes les routes déficitaires, dont certaines partent d’Italie, permettrait d’améliorer les données financières», concède Dirk Reich. «Mais une telle mesure engendrerait moins d’emploi à la fois au Luxembourg et en Italie, et poserait un problème financier à long terme. Je suis surpris qu’une telle solution ait été évoquée par les syndicats. La seule façon d’assurer le succès de Cargolux sur le long terme consiste à garantir une croissance à moindres coûts», a-t-il ainsi renchéri.

Cargolux décide d’opérer au départ de Milan pour accroître ses parts de marché en Italie, en ouvrant notamment de nouvelles lignes via la Russie, la Chine ou les États-Unis. Mais les pilotes – ils étaient 425 au 31 décembre – s’inquiètent de voir leurs conditions salariales se dégrader conjointement à une éventuelle généralisation de la délocalisation de l’exploitation des avions.

Dans la même interview et interrogé sur le sujet, un éventuel accroissement de la participation de l’actionnaire chinois (qui passerait alors de 35 à 49% du capital), Dirk Reich a indiqué – de manière un peu surprenante – qu’il ne s’agissait que de «rumeurs» et qu’un «un tel plan n’existait pas».