S.A.R. le Grand-Duc et Luc Frieden reçus début mai par S.A.R. le prince héritier du Qatar, Sheik Tamim Bin Hamad Al Thani.  (Photo: govQatar)

S.A.R. le Grand-Duc et Luc Frieden reçus début mai par S.A.R. le prince héritier du Qatar, Sheik Tamim Bin Hamad Al Thani.  (Photo: govQatar)

Du concret dans la restructuration du capital de Cargolux. Alors que la compagnie de fret luxembourgeoise a indiqué début mai conduire des négociations exclusives avec Qatar Airways pour la cession de 35% du capital, le conseil d’administration de Luxair, actionnaire à 52%, se réunit ce mardi.

A l’ordre du jour: la validation d’une opération qui doit réduire la part de la compagnie nationale à 42%.

Mais tout n’est pas si simple. Car la transaction suscite une vive opposition syndicale. Les représentants du personnel auront l’occasion de se prononcer la veille (lundi) en comité mixte. L’organe de consultation est composé de sept représentants des salariés et de sept représentants du patronat.

«Nous allons nous opposer à l’opération et notre avis doit être entendu. L’opération comporte trop de risques pour Luxair qui, avec seulement 42% du capital, pourrait ne plus parvenir à imposer ses choix et à influer sur la stratégie», estime Hubert Hollerich, secrétaire central à l’OGBL, responsable du secteur de l’aviation civile.

Opérations de handling

Comme Luxair s’occupe des opérations de handling (maintenance) pour Cargolux au Cargo center, la compagnie aérienne pourrait pâtir de la déviation de certaines lignes cargo vers Doha, fait valoir le syndicaliste.

«Avec une participation de 35% dans le capital de Cargolux, Qatar Airways disposerait d’une minorité de blocage et pourrait donc bloquer des décisions importantes, voire influencer considérablement des décisions stratégiques… En tout cas, la participation de Qatar Airways devrait être inférieure à 33%», estimait déjà l’OGBL dans un avis intermédiaire avant un précédent comité mixte.

Pour sa part, le LCGB a indiqué qu'il veillerait aux intérêts des salariés, mais aurait rendu un avis positif par écrit à l'opération Qatar Airways.

Côté OGBL, on préférerait que le capital reste entre des mains luxembourgeoises. On estime aussi que le processus de vente n’a pas été effectué avec toute la transparence nécessaire et on dénonce le caractère «exclusif» des négociations.

Un article publié ce mercredi dans Le Quotidien indique qu’au moins deux autres compagnies ont manifesté un intérêt particulier pour une entrée au capital de Cargolux: la compagnie russe AirBridge Cargo et la compagnie chinoise Yangtse River Express.

Dans un communiqué publié le 5 mai, Cargolux avait «catégoriquement démenti» être ou avoir été en négociations avec la compagnie établie à Shanghai.

«Tout comme la compagnie russe (…), la compagnie chinoise semble avoir été écartée de bonne heure», indique le journal.

Cargolux sous-évaluée?

Toujours selon Le Quotidien, les 35% du capital seraient cédés pour 117 millions de dollars, ce qui valoriserait la société à environ 350 millions de dollars. Or «des sources internes ont valorisé récemment Cargolux à quelque 500 millions de dollars», affirme le journal.

Le Quotidien avance par ailleurs que trois autres compagnies «répondaient bien aux critères»: Singapour Airlines, Nippon Cargo Airlines et International Airlines Group, société mère regroupant British Airways et Iberia.

«Le plus regrettable pour nous est que nous avons demandé des garanties écrites au sujet de Qatar Airways, de la stratégie, du maintien de l’emploi. Au Qatar, les syndicats ne sont par exemple pas autorisés. On nous a répondu que l’émir ne donnait pas de garanties par écrit», poursuit Hubert Hollerich.

Le syndicaliste estime que l’opération Qatar Airways a été facilitée par un accord de non-double imposition signé dès le 3 juillet 2009 entre les deux pays et qu’il pourrait annoncer d’autres opérations financières.

Selon une note rédigée en juillet 2010 par le cabinet d’avocats Clifford Chance, «le traité contient un traitement fiscal attrayant pour le rapatriement des profits (0% de retenue à la source sur les intérêts et dividendes) du Luxembourg vers le Qatar.

Contactée, Cargolux n’a pas fait de commentaires.