La prise de décision concernant HNCA a été repoussée, au mieux, à la mi-décembre. (Photo: Cargolux)

La prise de décision concernant HNCA a été repoussée, au mieux, à la mi-décembre. (Photo: Cargolux)

Le conseil d’administration de Cargolux n’a pas pris de décision, ce mercredi, à l’issue d’une séance de plusieurs heures, sur son alliance avec les Chinois de HNCA et leur prise de participation de 35% dans la compagnie de fret. 

Avant de trancher le choix du partenaire, il s’agit de lever toutes les ambiguïtés émaillant encore le projet de contrat commercial. Des flous juridiques ont en effet été identifiés par un cabinet d’avocats américain, Shearman & Sterling, dans un rapport daté du 7 novembre dernier qui fut présenté mercredi aux membres du conseil d’administration.

Cargolux a déjà eu l’occasion de travailler avec ce cabinet américain, puisque c’est ce dernier qui avait été en charge de la défense des intérêts de la compagnie dans le cadre de son litige aux États-Unis au sujet des ententes sur les prix du fret entre plusieurs compagnies aériennes.

Shearman & Sterling réservé

L’analyse avait été demandée à Shearman & Sterling pour épauler les juristes maison: l’avocat Paul Mousel (Arendt & Medernach), qui siège au conseil d’administration, et Henning zur Hausen, chargé des affaires juridiques et de la compliance au sein du comité de direction de Cargolux.

Selon les informations qui ont filtré de cette réunion, le rapport Shearman & Sterling se montre très réservé sur les avantages de l’alliance entre Cargolux et HNCA, à tout le moins au stade actuel des négociations. Il émet également des réserves sur le projet de contrat, qu’il faudra donc remettre une nouvelle fois sur le métier pour en supprimer les passages et les termes pouvant prêter à confusion.

Les points litigieux concernent, entre autres, les avantages et les subventions (32.800 dollars pour chaque vol de Cargolux vers Zhengzhou) que le candidat chinois fait miroiter dans le projet de contrat commercial au niveau des obligations pesant sur les Luxembourgeois, et leur rôle pour développer la plateforme aéroportuaire de Zhengzhou.

Risques juridiques

«Conclure un accord présenterait, selon nous, un risque juridique significatif pour Cargolux», soulignent les avocats américains, ajoutant que les «incertitudes» sur l’étendue des obligations pesant sur la compagnie de fret en Chine étaient susceptibles d'aggraver encore les risques.

Outre le fait d’opérer, dans un premier temps, quatre vols par semaine (c’est-à-dire 30.000 tonnes par an en volume) pour desservir l’aéroport de Zhengzhou et de transférer du savoir-faire en matière de maintenance aéroportuaire, il est en effet prévu de mettre en place une joint venture avec HNCA en vue de lancer une nouvelle compagnie de fret aérien. Toujours selon le cabinet Shearman & Sterling, le risque serait accru pour Cargolux en raison de «sa visibilité limitée sur les négociations qui ont cours avec HNCA».

Rendez-vous le 13 décembre

Aussi, le conseil d’administration a-t-il décidé de placer un membre du comité de direction de Cargolux, en l’occurrence Henning Zur Hausen, aux côtés du CEO Richard Forson (avec la banque conseil UBS et le cabinet d’avocats Clifford Chance) pour remanier l’accord commercial et en revoir les points problématiques. Ils devront remettre un rapport au conseil d’administration pour le 13 décembre prochain. C’est à partir de ce moment-là que la décision définitive sera prise de faire rentrer HNCA dans le capital de la compagnie de fret. Ou pas.

Ce jeudi, l’informateur Robert Schaus, a remis son rapport remis aux partenaires de la future coalition gouvernementale. Ceux-ci ont jugé favorablement le projet de reprise de la compagnie par les investisseurs chinois.

Dans le vert en 2014

Par ailleurs, il fut aussi question de budget lors de ce conseil d’administration de mercredi, mais les propositions formulées par le comité de direction aux administrateurs n’ont pas été approuvées, en raison de leur caractère trop optimiste. Le comité de direction devra ainsi lui aussi revoir sa copie et formuler des scénarios alternatifs tenant compte d’un développement des affaires moins optimiste que prévu.

Cargolux, dont le budget pour 2013 tablait sur une perte de 27 millions de dollars, devrait terminer l’année avec des résultats en équilibre. De fait, l’augmentation de capital prévue pour le début de l’année prochaine pourrait être repoussée au printemps 2014 et surtout être moins importante que prévu.

Il était question initialement d’une mise de fonds de 175 millions de dollars. On ne parle plus désormais que de 125 millions de dollars. Et surtout Cargolux devrait sortir en 2014 du rouge. Les prévisions de résultat pour l’année prochaine oscillent entre 20 et 30 millions de dollars.