La compagnie de fret luxembourgeoise évolue dans la pénombre : les tensions entre les actionnaires augmentent. (Photo : David Laurent/wide/archives)

La compagnie de fret luxembourgeoise évolue dans la pénombre : les tensions entre les actionnaires augmentent. (Photo : David Laurent/wide/archives)

Le gouvernement faisait l’autruche depuis plusieurs semaines pour ne pas avoir à commenter les rumeurs circulant au sujet du champion national du fret aérien: Deux jours avant l’assemblée générale et le conseil d’administration de Cargolux, il a sorti sa tête de terre.

Ou plutôt deux têtes puisque Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures, et Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, ont été dépêchés pour répondre aux syndicats et désamorcer un conflit qui aurait pu couver si les représentants du personnel n’avaient été consultés par les ministres de tutelle des actionnaires luxembourgeois avant les deux réunions décisives du 28 mars.

Statu quo pour l’actionnariat

En fait, ces derniers (via Luxair, la BCEE et la SNCI) rassemblent 65 % des actions de la société de fret. Qatar Airways, 35 %. Et les syndicats croyaient en l’existence d’un « accord secret » signé entre les actionnaires prévoyant que la compagnie du Golfe Persique obtienne, à terme, 49,9 % des parts. Il n’en est rien selon le gouvernement. Ses émissaires ont même tenu à rassurer. Il a été décidé lors de la dernière réunion du conseil des ministres que la pondération actuelle de l’actionnariat de Cargolux serait maintenue.

Ils n’ont pour autant pas été parfaitement compris puisque Hubert Hollerich, secrétaire syndical responsable de l’aviation à l’OGBL, est resté dubitatif. « Ils nous ont dit qu’aucun accord allant dans ce sens n’avait été signé avec les Qataris, mais qu’un shareholder agreement confidentiel visant à conserver la répartition des participations était en preparation. »

Une stratégie à définir

Le LCGB, par le truchement de son représentant pour le secteur, Aloyse Kapweiler, se montre lui plus serein et préfère accorder du temps à la direction de Cargolux et à son comité stratégique pour définir la voie à suivre dans une conjoncture difficile. Ils ont trois mois pour se faire. À l’été, ils reviendront avec des propositions.

Mais qui regroupe ce comité créé à l’initiative des actionnaires du Golfe (selon les syndicats) ? Akbar Al Baker (PDG de Qatar Airways), Albert Wildgen (président du conseil d’administration) et Marc Hoffmann (son homologue chez Luxair). Ils sont respectivement suppléés par les Agutter père et fils (consultants, le premier est membre du conseil d’administration de Cargolux), ainsi que par Adrien Ney (PDG de Luxair) et Jean-Claude Finck (directeur général de la BCEE). Les représentants du personnel en sont exclus alors que des structures de décision existent parallèlement, notamment un comité mixte, rappelle Hubert Hollerich…

Wildgen reconduit

Quoiqu’il en soit, le « comité stratégie » fera état de ses décisions à l’été et les ministres ne se sont pas opposés à la réunion d’une « tripartite (gouvernement, représentants du personnel, direction) aéroport » si besoin, pour garantir, notamment, la pérennité de l’emploi. Le secteur de la logistique emploie environ 4.500 personnes au Findel et les ministres, « manifestement nerveux ce lundi », étaient conscient de l’enjeu, indique M. Hollerich.

L’intéressé était d’ailleurs le plus revendicatif parmi les représentants des salariés puisque le syndicat qu’il représente avait au préalable exprimé son souhait de ne pas voir le mandat d’Albert Wildgen, président du conseil d’administration et Luxembourgeois de confiance pour la famille royale qatarie, reconduit. Ce sera pourtant le cas. Les actionnaires luxembourgeois recevront la consigne de voter en ce sens ce mercredi.