Le comité mixte de Cargolux a été convoqué mardi pendant plus de trois heures et le seul point à l’ordre du jour fut, selon un communiqué du syndicat LCGB, «une présentation détaillée (…) portant sur la prise de participation d’un nouvel associé privé dans Cargolux Airlines International SA».

En fait ce fut surtout, de l’avis de plusieurs participants, une réunion de propagande du candidat HNCA, pour Henan Civil Aviation Development and Investment Company, avec présentation vidéo avantageuse de la province de Henan et de sa plateforme aéroportuaire de Zhengzou...

Près de 25 personnes entouraient le président du conseil d’administration de Cargolux Paul Helminger et le premier conseiller du ministre sortant du Développement durable et des Infrastructures, Tom Weisgerber: des banquiers conseil d’UBS aux avocats de Clifford Chance en passant par Robert Song, le conseiller senior de HNCA, l’ex-ambassadeur du Luxembourg en Chine Carlo Krieger, des membres du comité de direction de la compagnie (qui s’étaient montrés très critiques envers la proposition des Chinois du Henan) et même l’informateur Robert Schaus, nommé par Xavier Bettel pour fournir son appréciation des différentes offres de reprises. Il y avait aussi des banquiers chinois.

Quels autres candidats?

«Nous avons pu poser toutes les questions possibles et nous avons obtenu toutes les réponses, nous avions demandé la transparence, nous l’avons obtenue», a expliqué à paperJam.lu le secrétaire syndical du LCGB Aloyse Kappweiler. Il n’a pas souhaité en dire beaucoup plus en raison des engagements à la confidentialité auxquels, comme d'autres, il est tenu. «On nous a parlé de croissance de Cargolux, également au Luxembourg», a-t-il dit.

Ceux des représentants du comité mixte qui auraient souhaité obtenir des informations sur les autres offres en présence pour le rachat des 35% du capital de Cargolux en furent pour leurs frais. Il n’y avait pas de place pour les questions ayant trait à la pertinence et au contenu des autres candidatures à la reprise du paquet d’actions, dont l’autre groupe chinois HNA, associé avec le fonds de private equity luxembourgeois Saphir Capital. Comme si personne ne voulait étudier cette offre parce qu’elle brûlerait les doigts.

Selon la présentation qui fut faite, un mariage avec HNCA n’apportera que de la croissance à la compagnie luxembourgeoise et pas de délocalisation, notamment de la maintenance: croissance au Luxembourg et bien sûr à Zhengzou où Cargolux fera, selon l’accord commercial qui est désormais connu, un minimum de quatre rotations par semaine avant d’en accélérer la cadence en fonction de l’évolution des affaires à partir de cette plateforme de fret qui ressemble encore à un désert.

Augmentation de capital revue

Ce mercredi, un conseil d’administration marathon (de 11h à 17h30) doit se tenir avec un ordre du jour chargé. L’offre de HNCA est au menu, ainsi qu’un nouveau business plan qui aurait été revu à la hausse dans la perspective de l’entrée en lice de l’actionnaire chinois et de son apport de 200 millions de dollars: une partie liée au rachat proprement dit de la participation de 35%, actuellement détenue en portage par les actionnaires existants de la compagnie, dont l’État luxembourgeois (probablement 117,5 millions de dollars, le même prix de vente de Qatar Airways lors de son départ) et l’autre sous forme d’une augmentation de capital.

Selon nos informations, l’augmentation de capital serait moins substantielle que prévu. On ne parlerait plus ainsi de 175 millions de dollars, mais de bien moins. Le business plan aurait été revu favorablement en raison des moins mauvaises perspectives d’affaires que redouté à partir de Luxembourg. Cargolux devrait ainsi clôturer l’exercice 2013 sans perte ou en tout cas en limitant les dégâts.

Reste maintenant à Robert Schaus a présenter officiellement son rapport aux trois partenaires de la coalition. C’est prévu ce jeudi, mais il apparaît désormais clairement que l’informateur montre un a priori favorable pour HNCA. Cela conforterait les positions également favorables de la coalition à trois, pour l’entrée de cet actionnaire dans la compagnie de fret. Et donc le rejet des autres offres, celles-ci étant considérées comme «ne valant rien».