Avant la réunion du 23 octobre, impossible de dire de quoi l’avenir de la société de fret luxembourgeoise sera fait. (Photo : Andrés Lejona / Archives)

Avant la réunion du 23 octobre, impossible de dire de quoi l’avenir de la société de fret luxembourgeoise sera fait. (Photo : Andrés Lejona / Archives)

Ce jeudi, les syndicats et le gouvernement se sont rencontrés pour évoquer le futur de Cargolux, compagnie de fret aérien en péril, et préparer la table ronde du 23 octobre prochain, à laquelle participeront, en sus, les représentants des actionnaires et de la direction.

Pour les ministres de tutelle, il s’agissait de définir une marge de manœuvre, en vue des discussions de mardi prochain. Étienne Schneider, titulaire du portefeuille de l’Économie et du Commerce extérieur, et Claude Wiseler, chargé des Transports, y joueront les médiateurs entre les représentants des actionnaires et ceux des salariés.

Blocus

Les premiers souhaitent « des changements radicaux » pour remettre Cargolux, société qui essuie régulièrement des pertes (18,3 millions d’euros en 2011), sur la voie de la profitabilité. Un cabinet de conseil, Oliver Wyman, a été mandaté pour dégager des pistes de réflexion. La délocalisation de la maintenance des avions, qui emploie environ 450 personnes au Grand-Duché, avait été évoquée.

Les représentants du personnel s’y opposent, bien entendu, tout comme ils s’opposent à la perte de leurs acquis sociaux. Richard Forson, CFO et CEO par intérim, a récemment sacrifié la convention collective de la société sur l’autel de la rentabilité.

L’État, la main à l’entrée de la poche

Une rentabilité que toutes les parties doivent être prêtes à reconquérir, condition sine qua non avant de réinjecter du capital dans la société. Mais là encore, du côté des syndicats, on refuse d’envisager d’éventuelles concessions, avant d’être rassurés sur leur crainte de voir Qatar Airways augmenter sa participation dans Cargolux. Pour l’en empêcher, Luxair, la BCEE, la SNCI ou peut-être même l’État, en direct, devrait remettre la main à la poche.

Le gouvernement a en tout cas indiqué que la compagnie du Golfe n’obtiendra pas plus de 35 % des parts de Cargolux. Ce volontarisme dénote avec sa ligne de défense, tandis qu’il est accusé de mutisme quand l’emploi et les conditions de travail sont remis en question. Le gouvernement a en effet annoncé jeudi qu’il n’était pas de son ressort de « commenter tous les aspects d’un dossier qui touche une société privée ».

Des positions a priori inconciliables

André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL, veut d’abord « s’assurer que le Luxembourg garde le contrôle en ce qui concerne la direction générale de l’entreprise », avant d’évoquer toute stratégie.

Les positions des parties prenantes semblent donc opposées à la veille de la réunion dite « tripartite ». Les uns veulent que la recapitalisation soit déterminée avant toute autre chose, les autres souhaitent maximiser leurs chances de revenir à une situation profitable avant de réinjecter du capital. La tâche de médiation du gouvernement s’annonce ardue, et sa marge de manœuvre restreinte.