François Bausch (Déi Gréng) estime que le Freeport et le Pharma Center sont des erreurs. (Photo : Olivier Minaire / archives)

François Bausch (Déi Gréng) estime que le Freeport et le Pharma Center sont des erreurs. (Photo : Olivier Minaire / archives)

L’opposition parlementaire, Déi Gréng et le DP en tête, réaffirme sa volonté d’obtenir des réponses de la part du gouvernement dans le dossier Cargolux, après l’annonce de la sortie de Qatar Airways. Pour ne pas répéter ce qu’ils qualifient d’erreurs. François Bausch, chef de fraction des Verts, estime qu’un nouveau partenaire stratégique doit être trouvé, mais avec davantage de transparence.

Monsieur Bausch, quel est votre avis au sujet de l’arrivée éventuelle d’un partenaire russe, en remplacement de Qatar Airways dans le capital de Cargolux ?

« Je ne connais pas le contenu des discussions avec l’éventuel partenaire russe, mais j’espère que le gouvernement ne fera pas les mêmes erreurs que lors des discussions avec Qatar Airways. La plus grande naïveté de la part du gouvernement, notamment de la part de M. Frieden, est d’avoir divulgué la situation interne de Cargolux, lors des discussions préliminaires, sans information en retour sur Qatar Airways. J’espère donc que des leçons seront tirées de cet échec majeur, et qu’une stratégie claire sera adoptée dans le cadre des discussions avec le nouveau partenaire.

En tant que parlementaire, comment souhaitez-vous être informé des avancements des pourparlers ?

« Je comprends que le gouvernement ne puisse pas tout divulguer au grand public lors d’une négociation, mais j’espère qu’il va nous présenter ses objectifs, sa stratégie et sa vision pour Cargolux. Dans cet ordre d’idée, je demande que le gouvernement nous informe régulièrement sur les pourparlers en cours.

Quelle est votre vision pour l’entreprise ?

« L’avenir s’annonce difficile, car l’aviation en général, et surtout le transport aérien de marchandises, connaît des difficultés en raison de la crise certes, mais aussi du prix du pétrole. La question de l’énergie frappe en effet de plein fouet l’aviation, faute d’alternative en la matière. Lorsque vous savez que l’achat d’un kilo de viande en Nouvelle-Zélande nécessite sept litres de kérosène, on ne peut que s’attendre à un changement fondamental de fonctionnement du secteur. Dans ce contexte, le personnel de Cargolux et sa délégation doivent se rendre compte que des changements majeurs sont nécessaires au sein de l’entreprise.

Le personnel doit-il faire des efforts ?

« Je ne vois pas comment on pourrait s’en sortir autrement. Je ne veux pas forcément dire que nous devons travailler avec moins de collaborateurs, mais il faut changer la stratégie au sein du personnel, car le modèle économique que Cargolux a bâti durant ses 20 dernières années ne va plus fonctionner.

Quelles seraient vos exigences envers le nouveau partenaire ?

« Je crois qu’il faut trouver un partenaire doté de plus de flexibilité dans les nouveaux marchés à aborder. Cargolux est spécialisé dans un segment, mais cela ne suffit plus. Il faut chercher un partenaire qui, d’une part, respecte un dialogue social digne de ce nom et qui, d’autre part, a une stratégie pour l’entreprise.

Quels sont les secteurs dans lesquels Cargolux devrait être active ?

« Nous avons été réservés, par rapport aux nouveaux investissements gouvernementaux, dans la logistique. La priorité est de garder les acquis et ne pas croire que l’on va pouvoir développer davantage ce secteur. Nous pourrons déjà nous estimer heureux de pouvoir sauvegarder les emplois actuels avec un nouveau partenaire.

Je crois en plusieurs pistes, notamment déterminées par le ministre de l’Économie Étienne Schneider. Il s’agit, par exemple, de la communication, ou du domaine des technologies de l’environnement, dans lequel le Luxembourg peut devenir un hub. Je pense aussi à la recherche, via la médecine, sans oublier notre expérience dans le domaine de l’acier, sur lequel il faut encore miser. Je pense qu’il faut travailler sur ces pistes et ne pas courir derrière d’éventuelles illusions.

Les initiatives du Freeport et du Pharma Center sont de mauvaises idées ?

« Je n’y crois pas. Étant donné les changements au niveau de l’économie réelle qui s’annoncent dans les prochaines années, notamment autour de la question de l’énergie, nous ne partageons pas la vision du gouvernement en matière de logistique. À l’instar de ce qui se passe pour Genève, la zone franche pourrait, par ailleurs, nous donner une mauvaise image, en raison des difficultés de contrôle de ces zones franches. La place financière n’a pas besoin d’éventuels soupçons sur le blanchiment d’argent. »