La surconsommation de carburant des moteurs GE à l’origine du refus de Cargolux de se voir livrer les Boeing. (Photo: Cargolux)

La surconsommation de carburant des moteurs GE à l’origine du refus de Cargolux de se voir livrer les Boeing. (Photo: Cargolux)

Cargolux a annoncé ce samedi avoir trouvé avec Boeing un accord provisoire («tentative agreement») sur la livraison des deux aéronefs 747-8 Freighters dont la livraison était prévue pour les 19 et 21 septembre… abstraction faite des deux années de retard prises sur le calendrier de construction de l’engin. Après le conseil d’administration newlook tenu le 16 septembre, en compagnie des trois représentants du nouvel actionnaire, Qatar Airways, le leader européen du tout-cargo aérien expliquait, dans un communiqué de presse laconique, son refus de se voir livrer les avions par «des problèmes contractuels non résolus».

Al Baker franc tireur

Puisque le département relations publiques compte ses mots, il faut suivre les médias internationaux pour en savoir davantage. Selon Bloomberg, qui rapporte les propos du CEO de Qatar Airways et membre du conseil d'administration de Cargolux, Akbar Al-Baker, la compagnie de fret luxembourgeoise aurait refusé la livraison des deux avions du fait d’une consommation de carburant excessive (de 2,7%) des moteurs General Electric.

Outre l’information technique apportée par l’homme d’affaires qatari, soulignons surtout son côté franc tireur, en rupture totale avec l’opacité entretenue par la feue entreprise publique luxembourgeoise. Lors de la cérémonie de livraison du centième avion de la flotte de Qatar Airways à Everett, aux Etats-Unis, le CEO lâchait: «Malheureusement, la direction de Cargolux n’a pas pris les décisions qu’elle aurait dû prendre dans la procédure d’acceptation des avions.» Entre les lignes lire: c’en est fini du mode de gestion pépère conduit par l’Etat luxembourgeois.

Un rabais sur le 747-8 F?

Akbar Al-Baker mène une politique résolument agressive, notamment lors des négociations avec l’avionneur américain. Même s’il se défend de lier les intérêts des sociétés dans lesquelles il est partie prenante, «je ne peux pas utiliser Cargolux pour jouir de concessions supplémentaires de la part de Boeing», sa position à la tête de la compagnie aérienne qatarie, possédant déjà 27 Boeing 777, et dans le capital de son alliée luxembourgeoise, commanditaire de onze 747-8F, lui offre un levier puissant pour faire baisser les prix. Le Boeing commandé par la compagnie cargo luxembourgeoise coûte 319,3 millions de dollars (238,837 millions d’euros) selon le catalogue, le joyau du constructeur US.

Par ailleurs, l’autre compagnie tout-cargo opérant entre autres au Grand-Duché, Atlas, en a profité pour annuler, à la suite de Cargolux, la livraison de trois des douze Boeing jumbo qu’elle avait commandés.

Ce vendredi 7 octobre, Cargolux informera officiellement des nouveaux développements après la réunion de son conseil d’administration. Ce dernier doit statuer sur le montant des pénalités de retard et donner son accord pour une livraison des avions dorénavant programmée le 12 octobre, sait-on de source non-officielle, cela va sans dire.