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Alain Lam et Bruno Beernaerts (Capita Luxembourg)  

Fondé il y a 25 ans, avec deux personnes, coté en Bourse de Londres depuis 1991 et intégré dans l’indice boursier londonien FTSE 100 depuis 2000, The Capita Group a pris pied cet été au Luxembourg, par l’acquisition de Fidei Fiduciaire et de toutes ses filiales. Une étape supplémentaire dans le développement à l’international d’un groupe qui a déjà procédé, depuis 2001, à des acquisitions à Jersey, aux Pays-Bas, en Irlande et en Allemagne.

«S’il existait un indice FTSE 50, nous en ferions partie», explique Ian Roberts, director, Fiduciary Services de Capita et président du conseil d’administration de la nouvelle «structure» luxembourgeoise. Le groupe emploie, au total, 36.000 personnes sur 300 sites différents et a réalisé, en 2008, un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de livres sterling (2,6 milliards d’euros) et affiche déjà 1,3 milliard pour le premier semestre 2009. «A l’origine, la société était spécialisée dans le business process outsourcing, notamment auprès du secteur public. La division ‘fiduciary group’ a été créée en 2001 et a ensuite suivi une stratégie de développement à Jersey et sur le continent, en privilégiant des juridictions ayant un cadre réglementaire très fort.» Cette division représente quelque 380 personnes et assure près de 7% du chiffre d’affaires global du groupe.

Agrément PSF

C’est donc fort logiquement que le Luxembourg faisait partie des cibles visées. Encore fallait-il trouver le bon partenaire. Fidei Fiduciaire, spécialisée dans le conseil, les services de gestion et de domiciliation, avait été créée en 1993, à une époque où l’activité de domiciliation n’était pas encore réglementée, une loi n’ayant été introduite qu’en 1999. «Nous avons alors reçu, cette année-là, un appel du pied de la firme Deloitte, se souvient Bruno Beernaerts, un des associés fondateurs de Fidei, mais aussi un «ancien» de Deloitte. Nous sommes donc devenus associés equity de la firme pendant quelques années.» Jusqu’en 2006, précisément, date à laquelle Fidei reprit son indépendance, en emmenant avec elle l’activité «corporate» de Deloitte. La société compte aujourd’hui une quarantaine de personnes affichant, en moyenne, entre 10 et 15 ans d’expérience.

«Nous nous sommes bien développés entre 2006 et 2009, mais plutôt que de rester un acteur ‘local’, nous avons mesuré l’opportunité stratégique d’un rapprochement avec un groupe international, indique M. Beernaerts. Les premiers contacts avec Capita, initiés par le groupe britannique, remontent à 2008. Tout a ensuite suivi son cours jusqu’à l’accord final de cet été, sans que la crise financière ne soit de nature à remettre quoi que ce soit en cause.»

En même temps que la prise de contrôle de Capita Fiduciary, la société a également décroché les agréments PSF pour les activités d’agent teneur de registre, domiciliataire de sociétés, agent de communication à la clientèle, agent administratif du secteur financier et professionnel effectuant des services de constitution et de gestion de sociétés. «Avec l’effet de groupe, il y a clairement un regain d’intérêt de la part des clients, constate M. Beernaerts. Ils sont demandeurs de stabilité, de garanties et de solidité financière. C’est quelque chose qui est très important pour nous de pouvoir compter sur un parent coté en Bourse à Londres.»

Administration centrale des fonds, FIS, sicar, titrisation…

Capita Luxembourg s’active, pour l’heure à constituer des équipes pour s’occuper de l’administration centrale de fonds régulés de type FIS (fonds d’investissement spécialisés) ou sicar (sociétés d’investissement à capital variable), alors que Fidei était surtout active dans les structures non régulées telles que les soparfi ou les holdings. «Nous ciblons clairement les sociétés souhaitant, dans leur stratégie fiscale, établir une vraie plate-forme au Luxembourg, avec des bureaux et des employés, indique Alain Lam, autre dirigeant historique (arrivé en 1997) et associé de Fidei. Notre défi est désormais d’accompagner notre croissance d’activités par la croissance de personnel. Nous avons vu beaucoup de fiduciaires grandir très vite, mais avec une qualité de services qui décline. A notre niveau, en dépit du contexte économique, nous nous attendons à une croissance à deux chiffres dans les années à venir. Avec ce nouveau brand de Capita, nous serons en mesure de toquer à beaucoup plus de portes qu’auparavant.»

Administration centrale des fonds, FIS, sicar, titrisation: voilà les vecteurs sur lesquels Capita va se concentrer dans les prochains temps au Luxembourg. «Nous allons construire notre propre équipe interne, d’une dizaine de personnes, qui sera opérationnelle avant la fin de l’année, mais nous serons également capables d’aller chercher, ponctuellement, des compétences chez nos collègues irlandais ou britanniques», affirme M. Roberts.

Et pour mieux asseoir son identité «luxembourgeoise», Capita a fait appel, pour son conseil d’administration au Grand-Duché, à Jean-Noël Lequeue, récemment élu à la présidence de l’association luxembourgeoise des compliance officers (ALCO).