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Chaque industrie a son propre jargon, ce lexique de mots, d'acronymes et d'affirmations est conçu pour séparer les adeptes des dilettantes et pour impressionner ceux qui veulent faire partie de la première catégorie. Ceci est particulièrement vrai pour les domaines nouveaux ou pour ceux qui connaissent une croissance très forte.

Dans un sens, on ne peut même pas en vouloir aux personnes qui adoptent ce jargon, car quand les choses évoluent si rapidement, il est souvent plus facile d'utiliser un «buzzword» que de réfléchir sur le sens de ce qu'on veut exprimer.

D'autant plus qu'il est souvent tentant d'emprunter ce langage dans le seul but de convaincre son interlocuteur de quelque chose dont on ne connaît pas exactement soi-même le sens qu'il recouvre.

Sans parler des termes venus tout droit de l'anglais, qui fleurissent de plus en plus dans les magazines et autres lieux «in» de la net économie: «dot.com», «burn rate», «e-portal», pour n'en citer que quelques-uns. Ils sont parfois tellement ésotériques qu'il devient impossible de les traduire ou même de les comprendre. Dans la plupart des cas, même les dictionnaires les plus récents ne sont pas d'une grande aide.

Autre constatation: la durée de vie de ces mots se raccourcit de plus en plus. Si les termes sortis de l'univers du multimédia ont fait leur temps après avoir été exploités jusqu'à la corde une bonne dizaine d'années, les nouveaux médias n'ont pas eu autant de chance. Quant à la nouvelle économie, il suffit de jeter un coup d'?il dans les magazines professionnels pour se rendre à l'évidence: on n'arrive plus à suivre. Nous ne citerons qu'un exemple: celui des récentes annonces de la «Wirtschaftswoche» en Allemagne: «New, Net True Economy».

Dans certains domaines on a même inventé des «Buzzwords» qui sont tellement longs qu'on a du introduire des acronymes, pour lesquels on a parfois déjà oublié la signification (GSM, WAP, UMTS, HSMD, GPRS,...).

A côté de ces termes presque innocents, car finalement on a seulement essayé de trouver un mot pour caractériser quelque chose de nouveau ou qu'on croyait nouveau, on a encore des termes qu'on va chercher dans un autre contexte pour adapter sa signification à ses propres besoins. Mais souvent cet amalgame de mots à la mode ne tient pas la route face à la réalité, comme le démontre Jacob Nielsen dans une chronique où il jette un ?il plus critique sur un certain nombre de termes qu'on retrouve régulièrement autour d'Internet. Un petit florilège?

«Communauté», un des termes très utilisés lorsqu'on n'a plus d'idée sur les moyens à mettre en oeuvre pour faire revenir les internautes sur son site.

«Personnalisation», qui se veut être l'adaptation automatique de l'interface voire du contenu du site en fonction des besoins identifiés de l'utilisateur, mais qui est le plus souvent décevante.

Sans parler des fameux mots en «-tion», qu'on crée et qu'on aggrège à l'envie: metamodelisation de la conception des systèmes d'information, l'innovation dans la génération des applications de la société de l'information,?

Pour ceux qui sont en manque d'idées, qu'ils aillent jeter un coup d'?il sur www.outofservice.com/ buzzword »