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Le papetier de Virton a toujours 150 millions d'investissements en attente. L'actionnariat italien guette des jours meilleurs.

Burgo Ardennes a déjà dix ans d'âge. Mais son usine de pâte à papier, l'historique "Cellulose", a 40 ans de présence sur Harnoncourt, à côté de Virton, juste sur la frontière franco-belge. L'entreprise reste un gros porteur d'emplois (750), le deuxième du Luxembourg belge après Ferrero, à Arlon. A la division originelle de production de pâte, Burgo a rajouté, dans les années 90, une ligne de production de papier couché.

Burgo, c'est un groupe familial créé dans le Piémont au début du XXe siècle. Depuis quelques mois, le holding italien Marchi Group a pris le contrôle (48,3%) d'un ensemble profondément transalpin dans son actionnariat (le plus gros porteur, avec 22%, est Mediobanca, devant Generali ou Italmobiliare).

Marchi et Burgo, cela fait du poids! 15 papeteries (Burgo Ardennes est la seule hors d'Italie), 26 machines à papier, 2,5 millions de tonnes de papier couché (une spécialisation qui fait la force de l'usine de Virton), 6.500 personnes, un chiffre d'affaires (2003) de quelque 2 milliards d'euros.

Le site belge fait mieux que se défendre. Sur une superficie de 100 ha, les deux activités emploient 750 salariés en continu. Burgo Ardennes a généré en 2003 un chiffre d'affaires de 327 millions d'euros. Et a investi 340 millions en 7 ans! Aux salariés sur le site s'ajoutent environ 1.400 emplois induits, dans le secteur forestier et du transport. Car Burgo avale 1,4 million de tonnes de bois par an, uniquement du feuillu. 71% de ce bois provient du massif lorrain. 22% vient de Belgique. Le Luxembourg (4%) et l'Allemagne (3%) fournissent le solde...

Environnement et développement durable

Jadis titillés par les écologistes - les riverains, eux, connaissent la légendaire odeur de chou jusque très loin à la ronde -, les dirigeants actuels de la double usine de pâte et de papier ont placé l'environnement et le développement durable dans leurs priorités officielles. Au sein du management, on trouve un poste spécial de coordination: Anne Lacave, tous les deux ans, présente un rapport environnemental, un bilan de santé en quelque sorte.

Pour la sortie officielle de la version 2004, Burgo avait réussi à décrocher la présence du ministre wallon de l'Environnement, Benoît Lutgen. Celui-ci n'a pu qu'applaudir le bulletin, baptisé "Croissance et harmonie", "qui démontre que l'on peut évidemment être performant sur un plan économique tout en respectant l'environnement".

Statistiquement parlant, les efforts de Burgo se manifestent dans une réduction sensible des impacts de l'entreprise sur les eaux, les émissions de fumées, la gestion des déchets (Burgo a son propre centre d'enfouissement technique par exemple) ou la consommation d'énergie. Burgo, qui "pèse" environ 1/5e du chiffre d'affaires de l'industrie papetière en Wallonie, totalise à elle seule 70% des efforts de réduction des émissions de gaz carbonique du secteur. Benoît Lutgen commente encore: "Il faut également que les entreprises comme la vôtre puissent se développer et continuer à fournir emplois et valeur ajoutée".

Il est évident que personne ne songerait à glisser réellement des bâtons dans les roues d'une telle machine. D'autant que Burgo garde au frais un carton qui a déjà fait saliver le précédent gouvernement wallon, les milieux économiques du Luxembourg belge et toute une région transfrontalière. Burgo maintient bien le projet de créer une deuxième ligne de papier, avec 150 millions d'euros d'investissements et 220 nouveaux emplois directs à la clé.

"Tout est prêt, les permis sont là", commente le directeur général du site belge, Francis Michel. "Nous attendons le feu vert de l'actionnariat italien. Pour l'instant, la conjoncture internationale et l'état du marché du papier n'y sont guère propices. Le holding Marchi, qui chapeaute désormais Burgo, nous a affirmé que cet investissement important serait le prochain réalisé par le groupe". Reste à savoir quand, en fonction des vents économiques.