L'association Protinvest dénonce depuis plusieurs mois le supposé « bradage » de la BIL. (Photo : Charles Caratini)

L'association Protinvest dénonce depuis plusieurs mois le supposé « bradage » de la BIL. (Photo : Charles Caratini)

Nouveau rebondissement dans le feuilleton de la vente de la BIL. La Commission européenne ouvre une enquête approfondie sur les conditions de la transaction, et en particulier sur son prix, déjà contesté.

« La Commission européenne a ouvert une enquête approfondie pour s'assurer que les conditions de la vente de Dexia BIL a été conduite dans des conditions de marché réelles et par conséquent ne contient pas d'élément relatif à une aide d'État », explique le communiqué de presse. « Le 23 mars, le Luxembourg a notifié à la Commission la vente de la BIL. »

Le 6 octobre dernier, la banque franco-belge, en difficulté, Dexia avait annoncé être entrée en négociations exclusives avec un investisseur privé pour la vente de sa filiale luxembourgeoise. La transaction prévoyait la vente de 90 % du capital à Precision Capital, représentant de l'État du Qatar, et des 10 % restant à l'État luxembourgeois.

Mais le prix de la transaction, de 730 millions d'euros, avait été jugé trop faible, en particulier par des associations d'actionnaires minoritaires.

Fonds propres de 2,4 milliards d'euros

Protinvest, par exemple, a déjà dénoncé à plusieurs reprises ce qu’elle qualifie de « bradage de la Banque internationale à Luxembourg » : « Le rapport semi-annuel de la BIL, au 30 juin 2011, renseigne que la banque dispose de fonds propres de 2,4 milliards d’euros (dont 1,8 milliard d’euros rien qu’en réserves et report à nouveau, donc liquidités disponibles) et qu’elle fait un bénéfice intérimaire de 78 millions d’euros. Alors comment peut-on brader cette banque pour 730 millions au lieu de lancer une offre publique sur le marché et de charger une banque professionnelle en matière de conseils et d’acquisitions pour la vente de la BIL… », interroge régulièrement Fred Reinertz, président de l’association.

« Étant donné que la vente en question résulte de négociations exclusives avec un seul investisseur privé et que la Commission ne dispose par à ce stade d'informations suffisantes sur la valeur des différentes activités, la Commission a ouvert une enquête approfondie pour juger si le prix de la transaction est bien conforme à la valeur de marché », indique le texte de la Commission européenne.

« Quelqu’un a bien négocié », avait sobrement reconnu le 23 mars dernier Frank Wagener, président du conseil d'administration de la banque, à l'occasion de l'annonce du projet d'entreprise et de la nouvelle identité visuelle.

François Pauly, administrateur délégué, avait néanmoins contesté que le prix convenu soit inférieur à la valeur de l’entreprise. « Il faut comparer ce qui est comparable. Il y a une différence de périmètre puisque RBC Dexia et Dexia Asset management ne font par exemple pas partie de la transaction. »