Boom et partage
Ça chauffe dans le secteur du bâtiment. Les effets négatifs de la croissance, le spectre des frontaliers radicalisés et la paix sociale: Les négociations autour de la nouvelle convention collective révèlent les questions et peurs politiques allant au-delà des questions tarifaires. Ainsi, le secrétaire général du Groupement des entrepreneurs craint une grève «outsourcée». Les syndicats, dit-il, n’auront même pas à entrer en grève, il leur suffirait de «bestreiken» quelques chantiers stratégiques en y postant des «syndicalistes professionnels venus avec leurs femmes de la proche région frontalière et munis de vestes rouges et de pancartes». Côté syndical, on critique les journées à rallonge et leurs conséquences néfastes sur la vie familiale. «On n’arrive plus à suivre les carnets de commandes», dit José Nunes Pinto, président du syndicat bâtiment à l’OGBL. «Il y a donc un recours constant aux heures supplémentaires. C’est devenu la règle. Il y a toujours des raisons, une multitude de problèmes: la bétonneuse coincée dans le trafic, le coffrage qui doit être terminé. Régulièrement, des gens doivent donc rester sur les chantiers.»
Garder le lien à tout prix
Karin Weyer a une poignée de main franche et un regard ouvert. Elle reçoit dans une salle de consultation neutre mais accueillante – meubles colorés et plantes vertes – dans les bureaux de Respect.lu, dont on taira l’adresse, pour des raisons de sécurité. La directrice du «Centre contre la radicalisation» est accompagnée par une collègue, Cathy Schmartz, psychologue elle aussi – comme elles le font pour des «clients» qu’elles reçoivent aussi en binôme. Depuis le lancement du centre il y a un an, début juillet 2017, Respect.lu suit 15 personnes, tous âges, tous sexes, toutes idéologies confondus: un peu plus d’hommes que de femmes, âgés entre 16 ans et une cinquantaine d’années. La plupart du temps, ce sont les proches qui ont contacté le centre, inquiets de voir la personne changer, se rétracter peut-être, ou tenir un discours inquiétant, non compatible avec leurs valeurs. Comment remarque-t-on une «radicalisation»? «Souvent, on constate un changement d’attitude ou de l’habitus, une rupture avec son cercle social usuel, ses amis», explique Karin Weyer. Alors, pour les adolescents, il peut aussi s’agir d’épiphénomènes de la puberté – ou le mal-être est-il plus profond? Une visite, demain dans le Land.
Tit for tat
Jean Asselborn, ministre LSAP des Affaires étrangères met en garde: Les hausses de taxes douanières sur les importations d’acier et d’aluminium ne seraient qu’une première étape, car en fait, le gouvernement américain viserait le potentiel d’exportation de l’Union européenne, et plus particulièrement les exportations de voitures allemandes. La démarche américaine ne reste pas sans répercussions sur la dynamique à l’intérieur de l’UE. Car l’un ou l’autre pays membre de l’euro malmené pendant la crise de la dette pourrait considérer que, si les États-Unis parviennent à réduire l’excédent de la balance commerciale allemande, cela pourrait contribuer quelque peu à réduire les déséquilibres macroéconomiques à l’intérieur de l’union monétaire.