«L’Europe n’a pas été construite pour favoriser des modèles de dumping social ou de dumping fiscal», a rappelé Emmanuel Macron, en référence à sa volonté de revoir la directive concernant le travail détaché. (Photo: Anthony Dehez)

«L’Europe n’a pas été construite pour favoriser des modèles de dumping social ou de dumping fiscal», a rappelé Emmanuel Macron, en référence à sa volonté de revoir la directive concernant le travail détaché. (Photo: Anthony Dehez)

«Le choix est simple: voulons-nous simplement assister au délitement de l’Europe (…), ou est-ce que nous voulons être la génération qui refondera l’Europe?», a résumé le président de la République française ce mardi soir devant la presse au château de Senningen à l’occasion d’une visite de quelques heures au Luxembourg.

Lorsque les chefs d’État et de gouvernement français, belge et luxembourgeois ont défendu à tour de rôle leur vision commune d’une relance du projet européen lors de leurs déclarations, ils ont à peine effleuré la question de l’harmonisation fiscale. À en juger par leur réaction, cependant, ils n’étaient pas surpris lorsqu’un journaliste français a évoqué la question.

«Un corridor de taux»

«Le Luxembourg ne s’est jamais opposé à discuter de l’harmonisation fiscale», a déclaré le Premier ministre luxembourgeois. Néanmoins, Xavier Bettel a précisé ensuite que le Luxembourg ne se serait jamais opposé à discuter de l’harmonisation de l’assiette fiscale, mais qu’«en ce qui concerne les taux, il faudrait peut-être faire l’un ou l’autre». Le président de la République française estime, pour sa part, qu’il «croit» en la possibilité de se mettre d’accord sur «un corridor de taux», qui permettrait toujours aux États d’être compétitifs.

Emmanuel Macron a salué par ailleurs les efforts et le travail du gouvernement luxembourgeois au cours des dernières années, en matière de transparence et d’échange d’informations. Xavier Bettel a rappelé que le Luxembourg ne figure plus sur aucune liste noire ou grise en matière de transparence fiscale et qu’il serait le premier pays à avoir plaidé et adopté une approche du «level playing field», à savoir les mêmes règles de base pour tous.

«Travail égal, salaire égal»

Au cœur de leur vision pour redynamiser l’Europe, les trois chefs d’État et de gouvernement francophones ont partagé leur volonté de faire passer une refonte de la directive européenne sur les travailleurs détachés. «L’Europe n’a pas été construite pour favoriser des modèles de dumping social ou de dumping fiscal», déclarait Emmanuel Macron, selon qui des pays, comme la France, subiraient des «attaques déloyales».

Et de rappeler les revendications de son gouvernement: limiter la durée du travail détaché, améliorer les contrôles, lutter contre les sociétés «boîte aux lettres», instaurer une coopération plus forte entre les États, et lutter «pour que partout, un travail égal égale un salaire égal».

«Coopération décentralisée»

Le président de la République française a abordé brièvement la question des frontaliers: «Il y a une réussite luxembourgeoise qui s’appuie sur l’excellence des talents français, et il y a la force et l’importance des travailleurs transfrontaliers, qui trouvent un travail et un salaire au Luxembourg.»

Emmanuel Macron a déclaré avoir compris la volonté du Premier ministre luxembourgeois de développer dans la Grande Région des projets dans «le cadre d’une coopération décentralisée». Et d’annoncer des «échanges» avec les présidents des régions concernées pour améliorer la coopération avec le Luxembourg et la vie au quotidien des frontaliers.

À Cattenom, rien de neuf

Xavier Bettel a par ailleurs évoqué la centrale nucléaire de Cattenom et a déclaré avoir «renouvelé la disponibilité du gouvernement pour contribuer financièrement à la mise en place d’un parc d’énergies renouvelables, si le choix devait tomber un jour de fermer la centrale de Cattenom».

Le président de la République française a exprimé son intérêt pour cette question «sensible» aux Luxembourgeois, mais a rappelé «le processus» dans lequel s’est engagée la France en matière de gestion des vieilles centrales nucléaires. De quoi décevoir la dizaine d’activistes de Greenpeace qui s’étaient rassemblés à l’entrée du château avec des banderoles demandant la fermeture de Cattenom et de Fessenheim.