Frédéric de Radiguès : « Chez nous, les bières font encore trois à quatre semaines de garde. » (Photo : Julien Becker/archives)

Frédéric de Radiguès : « Chez nous, les bières font encore trois à quatre semaines de garde. » (Photo : Julien Becker/archives)

La brasserie de Bascharage ambitionne plus que jamais d’être leader en Grande Région. Avec de bons résultats et l’espoir d’une croissance de 20 à 25 % par an, elle investit dans de nouvelles capacités de fermentation et de garde, en maintenant la qualité comme référence.

La brasserie de Bascharage poursuit sa marche en avant. Elle investit 5 millions d’euros dans de nouvelles capacités, poussant ses murs pour créer 16 nouvelles cuves, de fermentation et de garde, sur le site au cœur de la commune sudiste.

« C’est un très beau projet, qui prolonge la politique que l’on mène depuis six ans, et qui cible le marché de la Grande Région, dans lequel notre progression est constante, tout en maintenant notre excellent positionnement sur notre marché national de base », résume Frédéric de Radiguès, directeur général de Munhowen, société du groupe de la Brasserie Nationale (Bofferding).

À contre-courant

« On entend parler de crise, de déprime des marchés ou d’États endettés, de quoi pleurer chaque matin ! », a-t-il dit vendredi midi, face à un parterre de responsables de la société, de politiques (dont le bourgmestre et ancien ministre Michel Wolter) et de représentants des médias, conviés pour l’annonce officielle. « Nous allons à contre-courant de cette morosité et nous en sommes fiers. » Au passage, le directeur général a remercié la famille propriétaire de la brasserie, et en particulier l’administrateur délégué Georges Lentz. « Cinq millions, ce n’est pas grand-chose dans le concert global. Mais il faut les sortir et il faut y croire. » Même si un emprunt assurera l’investissement.

« Un investissement dans la qualité », insiste Frédéric de Radiguès. Car Bascharage mise sur les ingrédients de base d’une bière de tradition, sans céder à la tentation de l’accélération industrielle. Là aussi, la brasserie nationale va à contre-courant du secteur, en pleine concentration mondiale. « Chez nous, les bières vont encore trois à quatre semaines en garde. Nos concurrents laissent les leurs 90 heures parfois. Nous voulons rester sur un produit typique. Peut-on vraiment comparer un bon steak à un hamburger de fast-food ? »

Un marché mouvant

À l’échelle mondiale, le marché de la bière se porte bien, quoique de manière très inégale selon les continents. La production écoulée, en 2010, était d’1,85 milliard d’hectolitres, pour 1,2 milliard 15 ans auparavant. Mais si l’Afrique et surtout l’Asie sont de gros porteurs (avec 440 millions d’hectolitres en Chine, le volume y a doublé en 10 ans), l’Europe accuse un net recul, de plus de 5 %.

La production, entre 2009 et 2010, a baissé en Allemagne (-4,8 %), aux Pays-Bas (-6,6), en France (-4), en Belgique (-2,5) et… au Luxembourg (-2,2 %). Toutefois, l’évolution des parts de marché de la brasserie nationale est en hausse. Battin, en franchissant les 10 %, a bien dépassé Simon et Mousel, « qui est en train de disparaître du marché de la Grande Région », prédit, sans s’en réjouir pour autant, le patron des brasseurs de Bascharage. C’est ce marché de la Grande Région qu’ambitionne de dominer Bofferding, la marque phare qui a déjà 45 % des parts de marché national.

Un excellent relais de croissance

« Les brasseurs savent raisonner de manière simple et efficace, argumente M. de Radiguès. Nous préférons 10 % sur un marché de 10 millions d’hectolitres dans la Grande Région, qui est un excellent relais de croissance, à 55 % des 400.000 hectolitres du Luxembourg. » Et, pour avoir les moyens de ses ambitions à l’étranger sans renier son port d’attache, Bofferding, vaisseau amiral que Bascharage veut davantage projeter sur les pays limitrophes, de plus en plus profondément, devait impérativement investir dans de nouvelles capacités, devenues un peu justes par rapport à la demande.

En doublant pratiquement ses volumes de fermentation et de garde, grâce aux nouvelles cuves qui devraient être opérationnelles au printemps 2012, la brasserie porte ses capacités de 170.000 hectolitres/an (160.000 ont été produits en 2011) à 240.000 hectolitres/an. « On espère que, dans les cinq ans, on aura atteint ce nouveau plafond », prophétise M. de Radiguès. L’ambition est aussi chiffrée : « Une croissance de 20 à 25 % chaque année. »

De l’évolution du marché dépendra aussi celle de l’emploi. Si aucune augmentation spectaculaire, pas dans l’immédiat en tout cas, n’est prévue sur le site de production, « il nous faudra du monde pour suivre à terme ». Aujourd’hui, Il y a 28 personnes à la brasserie et surtout quelque 240 postes dans le réseau Munhowen de commercialisation et de distribution.