Les dirigeants de BGL BNP Paribas se veulent rassurants sur l'impact de la sanction au Luxembourg. (Photo: archives / paperJam)

Les dirigeants de BGL BNP Paribas se veulent rassurants sur l'impact de la sanction au Luxembourg. (Photo: archives / paperJam)

Les dirigeants de BNP Paribas, la maison mère de BGL BNP Paribas, l’un des principaux établissements de crédit du Grand-Duché, se sont voulus rassurants au sujet de l’impact de la sanction record de 8,97 milliards de dollars infligée aux États–Unis pour avoir réalisé des transactions en dollars avec des pays sous embargo. Une charge de 5,8 milliards d’euros a déjà été provisionnée dans les comptes du 2e trimestre 2014 et «toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer une transition sans difficulté et éviter tout impact significatif pour les clients», selon le communiqué de presse.

En termes de fonds propres aussi, les dégâts seraient limités, souligne la banque française, précisant que son ratio «Bâle 3 plein» devrait rester de l’ordre de 10%, «en ligne avec les objectifs annoncés dans le plan de développement 2014-2016». Une estimation qui tiendrait compte de l’intention de la banque «d’ajuster le niveau de dividende pour 2014 au niveau de celui de 2013», c’est-à-dire servir un dividende de 1,50 euro par action.

Cette information a son importance au Luxembourg, puisque l’État luxembourgeois détient, depuis 2008, suite au sauvetage du groupe Fortis et de son entité luxembourgeoise (la BGL), une participation de 1,034% dans le capital de BNP Paribas, soit 12.874.512 titres. Le dividende servi cette année, de 19,311 millions d’euros, devrait donc rester inchangé en 2014, même si la valeur de marché de la participation de l’État risque de fondre comme neige au soleil (661.363.681,44 euros au 17 juin dernier selon le site de la Trésorerie de l’État qui n’avait pas été actualisé).

Toujours pas d'urgence à vendre?

Il n’en reste pas moins que, dividende maintenu ou pas, les déboires de la maison mère de la BGL ont relancé les spéculations sur le sort que l’État luxembourgeois entend réserver à ses actions dans la banque française. Fin janvier 2014, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, indiquait qu’il n’y avait pas «d’urgence pour céder la participation de l’État». Il s’exprimait au sujet de la participation de près de 34% dans BGL BNP Paribas qui a rapporté 49,27 millions de dividendes à l’État au titre de l’exercice 2013.

Dans une question parlementaire du 5 juin dernier, peu après l’annonce de l’imminence de sanctions aux États-Unis, les députés du CSV Diane Adehm et Gilles Roth demandaient au ministre des Finances ce qu’il comptait faire, à la lumière de ces développements, du paquet de 1,034% des actions dans BNP Paribas. Pierre Gramegna dispose encore de quelques jours (jusqu’au 5 juillet) pour y apporter une réponse.

Comme un accord à l'amiable est intervenu entre BNP Paribas et les autorités américaines, il n'y a plus à craindre désormais que l'État luxembourgeois, en tant qu'actionnaire direct de la banque, soit mis à contribution en cas de condamnation pénale.

Jusqu’à présent, le gouvernement attendait le bon timing pour se défaire de ses actions. Dans un document de janvier, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, LSAP, affirmait qu’une vente n’était pas envisagée «dans un avenir proche» et précisait que les intérêts à payer sur l’emprunt contracté en 2008 pour sauver la banque étaient inférieurs aux dividendes générés. Schneider ajoutait toutefois que «la vente pourrait s’avérer utile dans l’objectif de réduire significativement l’endettement de l’État».

Pas de mouvement de panique

Quant aux conséquences de la lourde sanction de la maison mère sur les activités de la filiale luxembourgeoise, les dirigeants de BGL BNP Paribas se montrent rassurants, répétant que le Luxembourg n’était pas concerné et qu’il n’y avait pas, à ce stade, de mouvement de foule ni de panique des clients, comme il a pu s’en produire en 2008 lors de la crise financière, pour retirer leur argent des guichets.

Reste que l’agence Moody’s a jugé dans un communiqué ce mardi, faisant passer sa note A1 de la banque de stable à négative, que l’accord que BNP Paribas avait signé avec les autorités américaines en plaidant coupable pourrait faire déboucher sur des désaffections des clients et, du coup, une perte de revenus.