Outre les infrastructures, les défis entourant les big data recouvrent de multiples autres aspects. (Photo: Licence CC)

Outre les infrastructures, les défis entourant les big data recouvrent de multiples autres aspects. (Photo: Licence CC)

Le concept de «Big Data» est sur toutes les lèvres. Derrière lui, l’espoir de valoriser de la meilleure des manières les données dont dispose toute entreprise. Cependant, si un des enjeux d’avenir sera de justement valoriser l’information, comme le font si bien les géants de l’informatique américains, si le concept de «big data» est porteur d’opportunités, il n’est pas toujours évident à appréhender ni d’en délimiter les contours. Ne parlons même pas de sa mise en œuvre au cœur de l’entreprise.

Ce lundi, en clôture de la première édition de l’événement «Big data convention», qui se tenait à Munsbach, une table ronde s’est penchée sur les opportunités et les risques liés à la mise en œuvre de projets «big data».

Tentant de donner une définition à ce concept valise, les participants à la table ronde ont d’abord voulu préciser ce qui caractérisait le «big data». «Il est illusoire de pouvoir en donner une définition simple», explique Olivier Caudron, senior sales engineer chez Intersystems Benelux. «On peut envisager le concept selon différentes approches, points de vue, techniques ou business. Mais je dirais que l’on pourra parler de big data quand les solutions traditionnelles d’analyse ne suffisent plus à traiter le volume ou la complexité des données envisagées.»

Aller chercher la valeur

Les solutions technologies s’inscrivant dans le concept de big data permettent donc de passer au crible des masses importantes d’informations, d’effectuer des analyses extrêmement complexes ou encore de réaliser les deux à la fois.

«Souvent, nos clients, en Belgique ou au Luxembourg, ont tendance à penser qu’ils ne sont pas concernés par le big data, considérant la taille du territoire, et donc un nombre de données disponibles à croiser ou à analyser plus restreint que dans des pays comme les États-Unis», explique Mathias Coopmans, principal consultant information management & analytics au sein de SAS Institue. «Il n’en est rien. Le concept de 'big data' peut s’appliquer pour l’analyse d’une faible quantité de données, si ce que l’on recherche relève d’une complexité importante. Tout dépend ce que l’on veut trouver.»

Les données formeraient donc la mine d’or de demain. En étant analysées de manière opportune ou systématique, en temps réel, ou encore croisées avec d’autres informations, elles peuvent constituer une source d’opportunités. Les données clients ou en lien avec les métiers comme des transactions ou flux financiers peuvent permettre de dégager des tendances, de comprendre des comportements, de trouver des leviers d’amélioration du business, de se rapprocher du client.

«Mais l’enjeu, avec le big data, n’est pas de simplement se dire que l’on va mieux traiter les données. Il faut pouvoir s’organiser pour aller chercher de la valeur ajoutée. Sans quoi, cela ne sert à rien. Pour profiter d’une approche big data performante, il faut se fixer des objectifs, définir ce que l’on souhaite obtenir, mais aussi ce que l’on va pouvoir faire avec les résultats», commente Pascal Paulin, responsable informatique au sein de la Bil.

Plus qu’un projet, le big data constitue «une manière de valoriser l’information au cœur d’une approche globale», de mieux gérer le cycle de vie de l’information. À ce titre, il est probable que, à l’avenir, toute entreprise, de petite ou de grande taille, puisse tirer profit d’une démarche en lien avec ce que l’on qualifie aujourd’hui de «big data».

Opter pour un traitement conforme à la loi

Face aux possibilités techniques d’analyse de l’information que permet aujourd’hui la technologie, la problématique du respect légal des données personnelles est à considérer sérieusement.

«L’utilisation de moyens techniques pour l’analyse de comportement, par exemple, s’apparente à un traitement de surveillance», commente Cyril Pierre-Beausse, avocat à la cour. «Or, l’utilisation des données personnelles n’est pas permise à des fins autres que ceux pour lesquelles elles ont été collectées. Compte tenu de ce constat, les sociétés qui ont collecté des données depuis des années, dans l’espoir d’en tirer profit un jour d’une manière ou d’une autre sans avoir préalablement défini à quoi elles pourraient servir, seront de la revue.»

Le «big data» ne serait-il, dès lors, qu’une belle utopie? Non. Mais pour en tirer profit, les entreprises doivent envisager les possibilités de traitement des données qu’elles vont collecter à l’avenir, prévoir ce qu’elles vont et pourront en faire, afin d’obtenir l’aval de celles et ceux qu’elles concernent.

«Il faut se préparer bien en amont, afin de pouvoir, le jour où l’on souhaitera exploiter ces informations, être en conformité avec la législation sur la protection des données. L’erreur pour une entreprise, aujourd’hui, serait de ne pas prévoir une utilisation potentielle des données que l’on compte faire plus tard», ajoute l’avocat à Cour. Dans un monde qui bouge, rien n’est moins simple.