Le procureur général d'État Robert Biever prend Luc Frieden à contre-pied (Photo: DR / archives)

Le procureur général d'État Robert Biever prend Luc Frieden à contre-pied (Photo: DR / archives)

Est-ce une nouvelle bombe dans le dossier Bommeleeër? C’est une nouvelle fois la radio socioculturelle 100,7 qui apporte un élément potentiellement explosif. En substance, dans une interview accordée à 100,7, le procureur général d’État, Robert Biever, contredit la version que faisait valoir Luc Frieden, ancien ministre de la Justice.

Si M. Biever ne parle pas de pression, il se souvient d’un ministre Frieden revenant sans cesse avec des propos comme «À quoi bon continuer cette enquête?», «C’est une très vieille affaire, j’étais encore étudiant à l’époque» ou autres réflexions semblant montrer qu’il n’était pas enclin à ce que les enquêteurs aillent au bout de leur démarche. Robert Biever se dit aussi persuadé qu’il a fait l’objet d’une sorte d’observation zélée, peut-être par les services secrets, à l’instar des enquêteurs de police entre 2006 et 2007.

Ce qui est étonnant, c’est que cette version va à l’encontre de ce que disait Luc Frieden à la fin avril dernier. Il y avait eu une première salve de la radio 100,7, qui évoquait le peu d’empressement du ministre de la Justice à l’époque, voire des formes de pression exercées sur la magistrature. Le sujet était diffusé à midi et, le soir même, le ministre Frieden démentait sur les ondes de RTL, remettant en cause le sérieux des investigations journalistiques de la radio socioculturelle. Il avait également défendu cette thèse dans un entretien publié dans le Wort peu après.

Confrontation?

À présent, avec le témoignage du procureur – qui n’accuse pas mais distille des éléments de doute –, c’est parole contre parole. On peut se demander quelles sont les motivations de toutes ces sorties médiatiques, par exemple dans le chef d’un procureur général qui a toujours été très proche du CSV. Dans tous les cas, il fait peu de doute que ce énième rebondissement va produire ses effets, entre explications politiques et éclats de voix au palais de Justice.

Pour le volet politique, cela n'a d'ailleurs pas trainé. Ce jeudi après-midi, le DP s'est manifesté pour demander une réunion urgente de la Commission juridique, à la Chambre des députés. «Robert Biever affirme avoir été interpellé à plusieurs reprises par le ministre de la Justice de l’époque quant à l’opportunité de continuer l’enquête dans l’affaire du Bommeleeër et ce, à un moment où les pistes se sont orientées vers des membres des forces de l’ordre. Ces interpellations ont eu un caractère répétitif au point que le procureur général d'État n'exclut pas qu'un autre procureur, moins expérimenté, aurait pu être tenté de céder», explique le parti libéral dans sa missive au président de la Chambre. Aussi, «considérant la gravité de ces affirmations», le DP souhaite procéder à une confrontation et demande que le procureur général d'État Robert Biever et le ministre Luc Frieden soient invités à une réunion expresse de la Commission.