Assister, du fond de son fauteuil, à une réunion avec des collaborateurs éparpillés aux quatre coins du monde; retransmettre pour un maximum de paires d'yeux une conférence importante; illuminer d'effets spéciaux un cocktail ou une inauguration de nouveaux locaux: l'audiovisuel est, plus que jamais, partout. Faire appel au son et à l'image pour bien soigner son' image et, accessoirement, son portefeuille, devient aujourd'hui un réflexe presque naturel.
Et c'est le cas aussi bien pour des questions de facilités que de réaction vis-à-vis d'un concurrent chez qui on aura pu admirer, à l'occasion, une réalisation technologique ou artistique qui aura fait envie?
Service compris
De manière presque spontanée, lorsqu'on pense à des solutions audiovisuelles pour entreprises, on se dirige vers les transmissions de données et les systèmes d'audio- ou visio-conférence. Applications opérationnelles par excellence, elles exploitent au maximum le potentiel technologique existant pour se faciliter la vie.
Et, dans ce domaine-là, aussi, les événements du 11 septembre représentent un tournant certain dans l'approche faite par les entreprises. "Les grands groupes internationaux se sont rendus compte qu'il n'était plus nécessaire de se déplacer absolument pour des réunions aux quatre coins du monde.Du coup, ils investissent plus volontiers dans des solutions de type visio-conférence. La difficulté pour cerner le marché tient dans le fait que la décision d'achat est une décision de groupe. Ce n'est pas une société, seule, qui va investir dans ce genre d'installations" constate Marc Schumacher, directeur général de la société AudioVision, spécialisée dans les services et les équipements de communication audiovisuelle.
Typiquement, une simple caméra de type webcam, que l'on peut piloter à distance, branchée sur une ligne ISDN, et un écran de projection suffisent pour une installation de ce type. Pour une liaison entre deux points. Ou trois? ou bien plus, jusqu'à une trentaine si le besoin se fait sentir.
"Beaucoup pensent qu'il ne s'agit là que d'une installation téléphonique améliorée. Mais à partir du moment où on travaille avec une caméra et un écran, on entre complètement dans le champ de l'audiovisuel' affirme M. Schumacher qui met, indirectement, en lumière un des points clefs souvent mis en avant par les professionnels: le manque de connaissances des entreprises véritables en matière d'audiovisuel.
"Bien souvent, les sociétés font des erreurs en matière de projets audiovisuels, en se basant sur des équipements trop vieux ou pas assez adaptés" constate également Tun Van Rijswijck, Chief Operating Officer de Brodcasting Center Europe, pôle technique externalisé de RTL Group. Sans compter que l'important n'est pas tant dans les technologies que dans ce qu'on peut en faire. "Offrir un tuyau pour passer du signal audiovisuel, tout le monde peut le faire. Ca n'apporte pas grand-chose de plus. L'important est de pouvoir aussi associer une gamme de services allant avec" résume M. Van Rijswijck.
En matière de services, les idées ne manquent pas dès qu'il s'agit de pouvoir toucher un maximum de personnes dans un minimum de temps. Et les demandes des entreprises vont bien au-delà des simples solutions de visio-conférence. "On note ainsi de plus en plus de besoins en matière de communication globale sur des points de vente d'un réseau: une même information peut ainsi être diffusée en temps réel et simultanément auprès de tous les points de vente d'un réseau. Nous avons développé de telles applications auprès de chaînes de station services par exemple" explique Yves Elsen, Chief Executive Officer de Satlynx, la toute nouvelle joint venture européenne créée, ce printemps, entre SES Global et Gilat Satellite Networks, active dans la fourniture de services par satellite bidirectionnels à haut débit.
La société se base sur un mode de transmission par satellite qui représente une alternative attractive pour les entreprises, surtout celles ayant des visions résolument internationales: "Avec une seule infrastructure, il est possible de couvrir plusieurs régions, donc plusieurs marchés, sur la base d'un modèle économique viable" résume M. Elsen, pour qui le "clivage" n'a plus lieu d'être entre les différents types de données transmises, que ce soit du son, de l'image ou du "data"?
Du plus simple au plus sophistiqué
Mais revenons sur terre? En matière d'audiovisuel, l'heure est aussi à la mise en valeur d'une société, que ce soit au travers de cocktails et autres réceptions, dans lesquels l'image servira autant de support - retransmission sur écran géant d'une conférence, d'un discours - que de simple "effet de style" - murs d'image, avec ou sans son, donnant une vie à l'espace - ou bien encore par le biais de véritables produits de promotion finis, tels que des supports DVD ou des films d'entreprise.
On n'insistera pas sur les possibilités de location d'écrans ou de projecteurs pour la retransmission de matches de la coupe du monde de football ou d'étapes du Tour de France? la demande va tout de même bien plus loin. "Au cours de ces deux dernières années, on a clairement constaté que les entreprises accordaient à leur image extérieure de plus en plus d'importance. Cela va d'une simple animation dynamique de l'éclairage d'un stand ou d'une vitrine jusqu'à des réalisations audiovisuelles plus sophistiquées" explique Patrick Risch, administrateur de Codex Productions, société prestataire de services de vidéo, de sonorisation et d'éclairage, à partir d'un parc unique de matériel, disponible à la location, ponctuelle ou sur une longue durée.
Cette sophistication évoquée peut aller, par exemple, jusqu'à la supervision d'un véritable show multimédia programmé comme celui qui anima l'inauguration du bâtiment de l'entreprise Rollinger, réalisé en partenariat avec la société Advantage.
"La valeur ajoutée que nous pensons apporter n'est pas forcément dans les matériels que nous utilisons, mais dans la façon de les mettre en oeuvre isolément ou bien les uns avec les autres. Les technologies, elles, ne varient pas beaucoup. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire d'avoir le tout dernier cri pour déjà envisager quelque chose de très bien fait" remarque M. Risch. On reparle, donc, de la qualité des services associés à des technologies existantes...
Autre point crucial: le prestige? "L'esthétique d'un matériel installé joue aussi un grand rôle, car il s'agit clairement d'un signe extérieur de prestige" déclare M. Schumacher, qui constate que beaucoup de dirigeants d'entreprises clientes, après avoir admiré certaines réalisations à l'étranger, souhaitent, au minimum, reproduire la même chose pour leur propre société. "Ainsi, on préférera désormais installer un grand écran de type plasma plutôt qu'un écran cathodique classique. De même, on commence aussi à installer des écrans holographiques, qui ont un design très particulier et très prestigieux. Et par extension, on installe de plus en plus de ces matériels chez les cadres de nos entreprises clientes. En quelques mois, on a ainsi placé une quinzaine d'écrans plasma chez des particuliers".
Cette quête de l'absolu en matière audiovisuelle s'accompagne également d'une escalade en matière technologique. "C'est pourquoi, à notre niveau, nous visons à développer des sys- tèmes hautement programmés, de sorte que le moins spécialiste des individus n'ait plus qu'à pousser sur un bouton pour lancer tout le processus".
Taille critique
Bien voir et être bien vu, c'est une chose; savoir se montrer en est une autre. Au-delà des signes extérieurs de richesse que peuvent représenter une belle salle de conférences ou une manifestation réussie haute en couleurs et en images, les entreprises se montrent également de plus en plus intéressées par la réalisation de films promotionnels. "Que ce soit pour le secteur tertiaire ou industriel, l'approche, au départ, est semblable: si une entreprise n'a pas nécessairement un produit fini à présenter, elle peut tout simplement se présenter elle- même. Ensuite, les techniques employées et les démarches engagées deviennent très spécifiques à chaque cas" explique M. Risch.
La production et réalisation de films "corporate", c'est l'un des créneaux de Free Lens TV, également spécialisée dans la fourniture de moyens audiovisuels pour des reportages TV auprès de chaînes du monde entier. D'ailleurs, même si la société affiche quelques grandes références industrielles dans son portefeuille de clientèle, elle cible également le secteur des PME, et envisage même la création d'un département spécifique.
Car, contrairement aux apparences et aux idées reçues, les solutions de ce type ne sont pas exorbitantes, même pour une PME aux budgets limités. "Le problème est qu'il existe un réel manque de communication entre la demande des entreprises et l'offre réelle des sociétés du marché" regrette Yann Figuet, le cameraman/reporter fondateur de Free Lens TV, qui prône la flexibilité et la réactivité comme mots d'ordre, surtout auprès de clients n'ayant pas nécessairement une vision précise de tout ce qu'il est possible d'envisager avec en terme de communication audiovisuelle et un peu d'esprit artistique?
"Mais aujourd'hui, constate-t-il tout de même, les entreprises ne se contentent plus de vouloir simplement un film sur une cassette. Notre expérience dans le domaine du reportage télévisuel nous donne une approche différente de ce qui peut se faire couramment. Et nous travaillons selon un système de partenariat avec d'autres sociétés pour la mise en commun de nos compétences. Notre créneau précis est l'apport de savoir-faire humain et de moyens techniques de production TV, mais si nous avons besoin de spécialistes en mixage de son, ou bien en traduction, nous saurons vers qui nous tourner. Et inversement".
De même, la réalisation d'un film ne sera pas confiée à la même personne que celle d'un DVD, le support tout terrain, désormais financièrement très accessible, et qui supplante progressivement le bon vieux VHS? Car quitte à utiliser un tel support évolué, autant l'exploiter au maximum de ses possibilités d'interactivité et de souplesse d'utilisation. "Par exemple, on peut réaliser des DVD pour des catalogues de produits avec des prix. Si, quelques mois plus tard, le client veut à nouveau présenter un DVD avec les mêmes produits, mais des prix différents, il n'est pas nécessaire de tout recommencer à zéro. Il suffit juste de retravailler l'image de base en numérique et de graver un nouveau DVD master. Ça prend une demi-journée" explique M. Figuet, qui mise avant tout sur des notions de partenariat à long terme. "Le film d'entreprise doit se vendre avec un réel service après vente".
Dans ce domaine-là aussi, la proximité est un atout de taille, mais la petite taille du marché luxembourgeois peut aussi, paradoxalement, avoir des répercussions négatives. Témoignage de Patrick Risch: "Sous prétexte qu'un projet serait massif et coûteux et que, prétendument, on ne serait pas capables de le faire à Luxembourg - alors que nos stocks propres et nos références prouvent le contraire - , les clients potentiels préfèrent se tourner vers de très grosses sociétés étrangères habituées à gérer de grosses installations. Or, pour ces prestataires-là, un client luxembourgeois, même important, ne sera qu'un tout petit client. De surcroît, il n'y aura pas la même proximité et la même connaissance du tissu local pour envisager un résultat optimal'.
Suivez le guide
La visite interactive de L2S
Agence marketing spécialisée tous médias, L2S communication a développé un concept de visite guidée interactive, à la fois dirigée vers les particuliers et professionnels. Il consiste, pour le visiteur, à s'équiper d'une oreillette et d'un boîtier tout au long d'un parcours - ou bien en des endroits particuliers d'un site remarquable - afin de recevoir une information qui correspond à l'endroit dans lequel il se trouve. Cette information lui est délivrée lorsqu'il passe à proximité d'un identificateur. Le message (des voix, de la musique ou de l'ambiance sonore) se déclenche en qualité numérique. La société étudie actuellement la possibilité d'intégration d'un tel concept dans différents sites touristiques du Grand-Duché de Luxembourg.
"La force du système est que chaque utilisateur peut paramétrer, au départ, son récepteur, avec la langue et le niveau de détail de l'information qu'il souhaite recevoir. Le système est conçu de telle manière que le choix est possible entre 3 niveaux d'information dans 11 langues différentes, par exemple" explique Eric Lubert, administrateur-délégué de L2S.
Les identificateurs, qui se trouvent tout au long du parcours, déclenchent l'information liée à l'endroit précis où le visiteur se trouve, de sorte que chacun recevra un message dans le format qu'il aura lui-même prédéfini. Et il pourra en changer en cours de visite. "C'est vraiment typiquement une visite personnalisée, puisque l'utilisateur est libre de l'ordre dans lequel il effectuera sa visite, ainsi que le temps qu'il voudra passer à chacun des endroits".
A la fin de la visite, il est possible d'obtenir un certain nombre d'informations pour l'organisateur: il sera, par exemple, en mesure de savoir combien de temps les visiteurs ont passé à tel ou tel endroit, et ainsi de cibler les endroits les plus attrayants et les plus fréquentés.
Le système est facile d'installation: un émetteur de départ, qui peut être un simple ordinateur; des émetteurs relais en cours de route (en fonction de la longueur du parcours); des identificateurs peu encombrants faciles d'installation et des récepteurs individuels avec des oreillettes. Ces oreillettes, vu leur faible coût, peuvent être offertes à l'utilisateur. Leur connexion standard permet, de surcroît, de les utiliser ultérieurement avec un simple baladeur. Elles peuvent également être labellisées avec un logo.
"Typiquement, ce genre de procédé est tout à fait adaptable à une visite de site industriel ou d'entreprise, à l'heure où le tourisme industriel se développe de plus en plus" conclut M. Lubert.