Luc Frieden (à gauche) et Alain Papiasse (au centre), ce lundi, au siège de ce qui est encore Fortis Banque Luxembourg.  (Photo: Olivier Minaire/Wide)

Luc Frieden (à gauche) et Alain Papiasse (au centre), ce lundi, au siège de ce qui est encore Fortis Banque Luxembourg.  (Photo: Olivier Minaire/Wide)

«Nous sommes pleinement confiants que cette opération sera un grand succès. Pour la banque, mais aussi pour la place financière de Luxembourg et pour le système financier européen», s’est réjoui le ministre Frieden, satisfait de voir que l’accord finalement obtenu est «mieux que ce qui était prévu», puisque l’Etat luxembourgeois bénéficiera d’une minorité de blocage et y aura donc un rôle clé. D’ailleurs, c’est un représentant de l’Etat luxembourgeois qui occupera le siège de président du conseil d’administration de la nouvelle entité (et y placera quatre représentants), la vice-présidence revenant à BNP Paribas.

Mais pas question, pour autant, de jouer un rôle qui n’est pas le sien. «Nous ne l’aurions jamais fait si cela eut été uniquement pour aider un établissement bancaire privé. Nous l’avons fait pour éviter une crise systémique. L’Etat doit jouer son rôle lorsque l’incertitude demeure et que les choses ne vont pas bien. Notre rôle n’est pas de jouer les banquiers privés, mais nous resterons aussi longtemps que nécessaire pour accompagner la banque dans les moments difficiles. Un nouvel espoir est né ce de projet commun».

Rappelons qu’au terme de l’opération, qui ne sera pas clôturée avant plusieurs semaines, BNP Paribas acquerra, auprès de l’Etat belge 75%, de Fortis Bank SA/NV et 100% de Fortis Assurance Belgique, et acquiert auprès de l’Etat luxembourgeois 16% de Fortis Banque Luxembourg, portant sa part dans Fortis Banque Luxembourg à 67% (lire aussi ICI).

L'alliance entre le local et l'international

Alain Papiasse, pour sa part, a mis en avant la complémentarité des deux groupes bancaires: une entité, BGL, au très fort ancrage local, adossé à un groupe international de renom, une des trois banques au monde à avoir conservé une notation AA+ ces derniers temps. «Quand nous avons vu à quel point la crise boursière et de liquidité a causé tous ces problèmes, nous avons été très présents sur le dossier Fortis, considérant qu’il compléterait parfaitement les activités du groupe en termes géographiques, a-t-il expliqué, rappelant que BNP était «une maison qui ne tombe pas dans les effets de mode, c’est pourquoi nous n’avons eu aucun trimestre négatif dans nos résultats».

Au terme de plusieurs longues journées de négociations, les cultures des deux groupes bancaires se sont naturellement rejointes pour, au final, jeter les bases du premier acteur bancaire du pays, qui sera le deuxième employeur privé derrière ArcelorMittal.

BNP Paribas est déjà présente au Luxembourg, avec un siège historique au boulevard Royal et une grande partie de ses équipes installées, depuis peu, dans l’immeuble H2O à Howald. Quid de la nouvelle structure et de la répartition «géographique» des différentes équipes? «Cela n’a pas fait l’objet des discussions de ce week-end», a reconnu M. Papiasse.

Quelques questions ont tout de même déjà été réglées, notamment au sujet des participations industrielles propriété de Fortis. Ainsi, les 11% détenus dans Paul Wurth sont déjà passés dans le giron de l’Etat. Il en sera de même, prochainement, pour la participation détenue dans la Bourse de Luxembourg.

S&P: perspective revue à la baisse

Dans la soirée, l'agence de notation Standard & Poor's annonçait la dégradation de «stable» à «négative» la perspective associée à la note à long terme de BNP Paribas, alors que les notes à long terme «AA+» et à court terme «A-1+» étaient confirmées. «Elles continuent de refléter la solidité de son profil opérationnel et de son profil financier», précise l'agence.

Cette modification de la perspective est expliquée par le risque «que les notes de BNP Paribas soient abaissées si l'intégration de Fortis présentait des difficultés inattendues et que BNP Paribas ne parvenait pas à rétablir la crédibilité de la marque Fortis».

S&P reconnaît néanmoins que «cette opération, telle qu'annoncée, est en ligne avec la stratégie de développement de BNP Paribas en Europe et que la transaction ne devrait avoir qu'un impact modéré sur le profil financier du groupe», tout en reconnaissant l'impérieuse nécessité, pour le groupe français, de rétablir rapidement l'image de Fortis aux yeux des clients de ses clients.

La perspective pourrait être ramenée de «négative» à «stable» si la banque maintient de bons résultats ainsi qu'un profil de risque stable et que l'intégration de Fortis se déroule bien.