Xavier Bettel, des campagnes réussies et des valeurs partagées.  (Photo: David Laurent / archives)

Xavier Bettel, des campagnes réussies et des valeurs partagées.  (Photo: David Laurent / archives)

«La chose remarquable quand ce minuscule pays a légalisé le mariage homosexuel en juin, ce n’est pas que le Premier ministre d’obédience conservatrice, Xavier Bettel, a soutenu la loi. C’est qu’il sera l’un des premiers à en profiter.» Ainsi débute l’article du Los Angeles Times (deuxième journal métropolitain aux États-Unis, après le New York Times) paru ce mercredi. Il est consacré aux dirigeants politiques gays en Europe.

Interrogé sur un pan de sa vie que les médias luxembourgeois ont pris l’habitude de taire, Xavier Bettel y évoque un futur mariage. «Il m’a demandé et j’ai dit oui. Mais je ne peux pas encore vous dire de date, car ce n’est pas officiel», précise-t-il non sans savoir que l’article allait faire du bruit sur les réseaux sociaux.

En réalité, celui-ci s’attache d’abord à montrer que le Vieux Continent adapte sa loi et sa pratique politique aux mœurs. Le Premier ministre luxembourgeois conteste néanmoins avoir fait de son homosexualité un argument électoral. «Je n’étais pas le candidat gay. Les gens n’ont pas voté pour moi (aux élections communales et législatives, ndlr) parce que j’étais homo ou hétéro», clame-t-il.

Un Premier ministre pionnier

Il est ainsi érigé en pionnier pour avoir franchi «l’une des dernières frontières de la visibilité gay, un politicien qui ne fait pas que gagner un mandat, mais qui se maintient au sommet», commente le média américain qui cite du même coup le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, et l’ancienne cheffe de l’exécutif islandais, Johanna Sigurdardottir, qui n’ont pas non plus fait mystère de leur homosexualité.

«Élire une personne ouvertement gay à la tête de son pays est une nouvelle étape de l’évolution des comportements européens», analyse le LA Times qui constate qu’aucun politicien «sorti du placard» n’avait encore été élu à la tête d’un État américain.

Le journaliste ne se berce pourtant pas d’illusions et fait état des discriminations dont les homosexuels peuvent faire l’objet au sein des nations les plus développées. «Et, en dépit du nombre croissant de politiques homos, il n’est pas garanti que les États adoptent des politiques progressistes, pas plus que l’élection de femmes aux plus hautes fonctions n’a pas nécessairement permis l’élévation de leur statut dans ces nations», écrit Henry Chu.

Selon un sondage réalisé en 2012 dans les 27 pays européens (et cité dans l’article), les sondés se sont déclarés largement favorables avec une éventuelle élection d’une personne «LGBT» (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) aux plus hautes fonctions représentatives dans neuf pays (avec des notes au-dessus de 7,10 étant «totalement confortable»). Dans 17, le score moyen s’élevait à 5 ou plus.

Attirer l'attention

Ce n’est pas la première fois que Xavier Bettel obtient les honneurs de la presse étrangère. Il avait conquis les journalistes français – ce qui n’était pas gagné – en mai. Il attire aussi et surtout de cette manière l’attention médiatique sur le «petit» Luxembourg – «leading global financial center» attirant des talents internationaux – dont deux de ses anciens Premiers ministres auront siégé à la tête de la Commission européenne.

Par son élection à sa tête et l’adoption, sans contestation (à 56 voix pour, 4 contre), de la loi sur le mariage homosexuel, le Luxembourg (à laquelle il faudrait certainement ajouter la fin du secret bancaire) a certainement troqué son image de pays catholique conservateur pour celui d’une société moderne et d’une économie libéralisée.