Sans surprise et comme il l’avait déjà annoncé lors de sa campagne présidentielle, le président des États-Unis, Donald Trump, a profité du sommet de l’Otan organisé ce jeudi à Bruxelles pour se montrer ferme envers les partenaires européens et réclamer que tous les États membres contribuent à raison de 2% de leur PIB aux dépenses militaires de l’organisation transatlantique.

«23 des 28 États membres ne paient toujours pas ce qu’ils devraient payer», déclarait Donald Trump dans son discours, les 27 autres chefs d’État et de gouvernement alignés derrière lui.

Parmi eux, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, aux côtés du Premier ministre belge Charles Michel et du nouveau président français, Emmanuel Macron.

Or, tandis que la plupart des leaders européens avaient l’air sérieux ou même d’élèves à qui on remonte les bretelles, la gestuelle de Xavier Bettel pendant le discours laissait apparaître un air perplexe par rapport aux propos du président américain. Le Premier ministre a froncé les sourcils en se tournant vers Charles Michel et Emmanuel Macron et a secoué légèrement la tête. Ce comportement défiant, repris par la BBC et plusieurs chaînes de télévision, a été salué par les détracteurs de Donald Trump.

Théâtre

La position de Donald Trump par rapport à l’Otan n’a d’ailleurs rien d’amusant. Manquant d’exprimer un soutien à l’alliance militaire, le président des États-Unis laisse planer le doute. À la faveur de la Fédération de Russie et de son président Vladimir Poutine, personne ne saurait dire aujourd’hui avec certitude si les États-Unis appliqueraient l’article 5 du traité de l’Otan, qui prévoit l’assistance aux autres États membres en cas d’agression.

L’attitude du président américain est d’autant plus étonnante qu’il est sous le feu des critiques dans son pays, et pas très loin de l’empêchement d’ailleurs, à cause de liens présumés entre des membres de sa campagne et la Fédération de Russie.

D’un autre point de vue cela dit, l’attitude du président américain n’est peut-être pas si inquiétante que ça. Depuis le début de sa présidence, Donald Trump adresse des messages critiques envers l’Union européenne et l’Otan, pour que d’autres membres de son administration, tel que le vice-président Mike Pence, rassurent plus tard. Le jeu de Donald Trump ne pourrait être que du théâtre pour gagner des points de popularité auprès de son public, vu qu’après tout, les États-Unis sont à l’aise dans leur position de force militaire incontestée.

Opérations

Le gouvernement luxembourgeois, à l’image de Xavier Bettel, ne semble en tout cas pas du tout impressionné. Rien ne change dans sa position: le Grand-Duché «continuera d’assumer sa part de responsabilité et reste pleinement engagé dans la mise en œuvre du Defense Investment Pledge, adopté au Sommet de Wales en 2014», lit-on dans le communiqué du ministère d’État. À l’époque, le Luxembourg avait décidé d’augmenter la part d’investissements militaires de 0,4 à 0,6% du PIB. Loin des 2% réclamés par Donald Trump donc.

Il ne faut pas tout miser sur la défense en négligeant les causes profondes des instabilités.

Xavier Bettel, Premier ministre.

Son effort de défense, le Luxembourg entend par ailleurs le diversifier au-delà de 2025 «en investissant notamment dans les domaines qui profitent aussi à l’économie et aux intérêts luxembourgeois». On pense ici notamment au programme satellitaire «govsat».

Toujours en opposition avec les demandes américaines, le Premier ministre a estimé ce jeudi qu’«il ne faut pas tout miser sur la défense en négligeant les causes profondes des instabilités». Cette approche explique l’investissement tous les ans depuis 2008 de 1% du RNB dans le développement, notamment en Afrique de l’Ouest. Dans le communiqué du ministère d’État, Xavier Bettel est cité ainsi: «Donner une perspective aux jeunes dans ces pays contribue à la prévention des conflits et à la réduction de l’insécurité.»