Xavier Bettel effectue une sorte de mea culpa sur le passé d'une Place qu'il veut plus transparente. (Photo: DR)

Xavier Bettel effectue une sorte de mea culpa sur le passé d'une Place qu'il veut plus transparente. (Photo: DR)

France 24 est revenu, samedi dernier, sur le dernier Conseil européen en date de Bruxelles réunissant les chefs d’État pour discuter de nominations clés.

Et pour commenter cette actualité, la télévision recevait le Premier ministre Xavier Bettel qu’elle présente d’emblée comme le successeur de Jean-Claude Juncker, «à la tête d’une très large coalition gouvernementale dont le défi est de préserver l’économie du Grand-Duché basée sur la finance alors que l’un de ses premiers actes a été d’entériner la levée du secret bancaire conformément à ce que souhaitait l’Europe».

Une place pour les libéraux

Après l’intervention sur TV5 à Pâques, l’émission de cette autre chaîne internationale francophone permet au Premier ministre, qui a gagné en aisance dans l’exercice, de détailler sa vision de l’Europe.

D’emblée, Xavier Bettel estime que cette réunion des Chefs d’État n’a pas débouché sur un échec: «Nous sommes au cœur d’un nouveau processus. La majorité (au Parlement européen, ndlr) qui a participé à la désignation de Jean-Claude Juncker doit aussi se retrouver dans les différents postes. Nous avons besoin d’un équilibre.»

Une manière pour le Premier de défendre son propre camp, celui de l’ALDE qui a joint ses voix à celles du PPE et du SPD pour valider la candidature de Juncker et permettre à Martin Schulz de rempiler à la tête du Parlement de Strasbourg. Il faudra donc compter avec les doléances des libéraux tant du côté des portefeuilles de chef de la diplomatie européenne et de président du Conseil européen qu’au sein même de la Commission.

Soutenant la personnalité et le programme de Jean-Claude Juncker, Xavier Bettel se défend toutefois d’en être le VRP, en rappelant que «la Commission propose et que le Conseil décide. Il ne faut pas croire que Jean-Claude Juncker fait ce qu’il veut, comme il veut. Ce qui est important c’est que le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne aient des visions communes».

Russie: maintenir le dialogue

Interrogé sur son point de vue à l’égard des relations entre l’Europe et la Russie, Xavier Bettel indique vouloir maintenir le dialogue, notamment via le prochain chef de la diplomatie européenne.

«Je trouverais réducteur et dangereux que le prochain chef de la diplomatie doive être pour ou contre la Russie. Il doit être celui qui arrive à refaire un dialogue, nouer des ponts plutôt fragiles actuellement entre la Russie, entre l’Ukraine et l’Europe.»

Les portes doivent donc rester ouvertes, tout en affirmant des positions claires: «Nous devons montrer à la Russie que ce qui se passe en Ukraine concernant l’intégrité du territoire concernant certains points n’est pas acceptable pour l’Europe.»

Mea culpa pour la Place

La dernière partie de l’interview est consacrée à la situation politique nationale. «Vous avez été un peu le tueur de Jean-Claude Juncker», lance l’une des deux journalistes présentes sur le plateau.

«Au Luxembourg, nous avons quelque chose qui s’appelle les élections, ça arrive, tous les cinq ans, et parfois il arrive que ces élections entrainent des changements», répond Xavier Bettel.

La question de la lutte contre l’évasion fiscale promise par Jean-Claude Juncker en tant que président de la Commission et de la crédibilité de cette proposition eu égard à sa précédente fonction de Premier ministre «d’un paradis fiscal» a permis à Xavier Bettel de s’exprimer en trois temps.

«Si on parle de paradis fiscal, c’est qu’il y a un enfer fiscal, je ne sais pas où on va le trouver», a-t-il lancé du tac au tac. Tout en précisant être dans la «continuité de la politique qui a été faite auparavant», s’agissant de la ratification de la directive sur la fiscalité de l’épargne. «Nous devons faire une harmonisation des règles internationales», référence faite aux projets de l’OCDE qui, entre temps, a annoncé avoir finalisé son modèle d’échange automatique d’informations.

Comptant sur les compétences et les produits attractifs pour assurer la prochaine phase de développement de la Place, Xavier Bettel se livre, en toute fin d’interview, à un mea culpa: «Je l’avoue, pendant de nombreuses années, on avait des boîtes aux lettres, ce n’était pas transparent; aujourd’hui (…), plus personne n’a honte de venir s’installer au Luxembourg.»