« Il est plus difficile  de placer nos  ressources dans le secteur financier. » (Photo : Jessica Theis)

« Il est plus difficile de placer nos ressources dans le secteur financier. » (Photo : Jessica Theis)

Monsieur Respaut, quelles évolutions avez-vous pu constater dans votre secteur ces dernières années ?

« Avant, notre clientèle recherchait surtout des juniors. Depuis un ou deux ans, la tendance est clairement aux experts. Les entreprises clientes sont devenues plus exigeantes, en ce qui concerne les prestations. Et cette exigence s’impose dorénavant sur le coût d’une mission. Elles ne souhaitent plus prendre de risque et, de ce fait, s’entourent d’experts.
L’autre tendance, qui s’observe depuis quelque temps, est la réduction de la période des missions, notamment dans le secteur financier. Celles-ci sont dorénavant de trois mois, en moyenne, alors que dans le secteur institutionnel – les secteurs financiers et institutionnels sont nos principaux clients – cette tendance ne s’est pas fait sentir. Cette évolution est principalement due à un plus grand besoin de flexibilité et d’agilité de nos clients. Ils peuvent plus facilement et plus rapidement adapter leurs investissements, en fonction de leurs besoins et de l’évolution du marché.
En conséquence, il est aujourd’hui plus difficile de placer nos ressources dans le secteur financier, fortement impacté par la crise. Malgré tout, les experts qui ont à la fois un important bagage technologique, et une connaissance affinée du contexte client, sont les plus recherchés.

Difficile, dans ce contexte, d’anticiper les mois à venir ?

« En effet. En matière de nouvelles technologies, le secteur financier est bien plus frileux que les institutions européennes, par exemple. La raison en est simple : compte tenu de la situation actuelle, les banques et autres entreprises financières connaissent un nombre croissant de risques en tout genre. Elles recherchent donc avant tout des technologies éprouvées qui garantissent de faibles risques dans ce domaine. C’est en tous cas la situation qui prévaut dans les grosses banques. Ces dernières demandent en outre, et en premier lieu, des prestations IT, pour ce qui touche aux projets de régulation et de gestion des risques. Il y a l’aspect du 'private cloud' (comprenant SaaS, DaaS, PaaS et IaaS) qui rentre en ligne de compte. À nous, prestataires IT, de nous assurer de la confidentialité et de la qualité des informations qui y circulent, notamment pour ce qui concerne les professionnels du secteur financier (PSF).

Les besoins en compétences ont donc clairement changé ?

« Oui, et les modalités de recrutement ont évolué pour répondre à cette demande accrue en experts. Nous engagions beaucoup de profils juniors, qui gravissaient les échelons au fur et à mesure de leurs expériences. Aujourd’hui, les candidats doivent se prévaloir d’un minimum d’expérience, au moins cinq années.
Les profils que l’on recherche sont plus particulièrement des experts en technologies liées au 'cloud', ou à l’architecture J2EE SOA (seniors développeurs et architectes). Les métiers de type 'business analyst' et 'expert Sharepoint' ont également la cote.

Si vous pouviez améliorer le contexte, que préconiseriez-vous ?

« Le problème le plus impor­tant, pour nous, réside dans le fait que le pouvoir décisionnel local de nombre d’entreprises du secteur financier, notamment, a terriblement chuté depuis deux à trois ans maintenant. Les décisions se prennent de moins en moins au Luxembourg.
Certains clients se voient donc imposer leurs choix informatiques par la maison mère, ce qui ne correspond pas forcément à la réalité du terrain. Ils ont alors beaucoup de mal à trouver des prestataires IT locaux et sont ainsi contraints de chercher hors frontières, avec les coûts supplémentaires que cela induit. Ces situations se répètent de plus en plus et, finalement, ne bénéficient à personne. » 

 

 

Sébastien Respaut

32 ans
  

Head of Delivery chez Atos depuis avril 2012

Contract manager chez Atos d’août 2011 à mars 2012

Consultant chez Deloitte de 2006 à 2001