L'assemblée d'ESI mardi à Luxembourg n'a pas livré d'informations sur les fraudes présumées. (Photo: DR)

L'assemblée d'ESI mardi à Luxembourg n'a pas livré d'informations sur les fraudes présumées. (Photo: DR)

Les nouvelles désastreuses s’accumulent pour le groupe Espirito Santo dont le vaisseau amiral, Banco Espirito Santo, a annoncé ce jeudi une perte historique de 3,57 milliards d’euros au 1er semestre 2014, dont 3,48 pour le seul 2e trimestre.

Ces pertes dépassent les réserves financières de la banque, chiffrées à 2,1 milliards d’euros.

Une augmentation de capital s’avère donc nécessaire et sera proposée aux actionnaires lors d’une prochaine assemblée générale, a fait savoir le nouveau patron de BES, l’économiste Vitor Bento. Ce dernier a également indiqué que des investisseurs étaient prêts à prendre des participations importantes de la banque et que parallèlement, des cessions d’actifs étaient à l’ordre du jour. En échange, ceux qui sont prêts à injecter de l’argent dans la banque exigent la transparence totale des comptes.

Ce serait donc une solution privée qui se dégagerait et non pas une intervention de la Banque centrale du Portugal pour sauver une banque qui est systémique. BES affiche désormais des fonds propres à 5%, contre 9,8% au 1er trimestre, très en dessous du minimum de 7% imposé par les règles de Bâle II (ratio Tier 1) et par la Banque du Portugal, le superviseur bancaire portugais.

La Banque centrale du Portugal a estimé en début de semaine que BES était en mesure de résister à un choc dans ses comptes et que la banque était solvable et les fonds en dépôt garantis.

Le régulateur portugais a par ailleurs décidé de suspendre les droits de vote de la famille Espirito Santo dans BES qui détient une participation de 20,1% à travers des sociétés holdings basées au Luxembourg: Rio Forte, Espirito Santo International et Espirito Santo Financial Group, qui ont demandé toutes trois au Tribunal de commerce de pouvoir bénéficier du régime de la gestion contrôlée afin d’obtenir un moratoire sur leurs dettes.

Si BES est considérée comme une banque systémique que les autorités portugaises ne pourront pas laisser tomber, la question se pose toutefois si les trois holdings luxembourgeoises peuvent passer par pertes et profit et être placées en faillite sans que la main publique vienne les sauver.

Systémique?

Reste aussi que les 20,1% des actions que les entités luxembourgeoises détiennent dans BES ont été nanties, ce qui va compliquer une éventuelle cession d’actifs, si la gestion contrôlée devait être validée par la justice luxembourgeoise qui doit trancher le cas ESI pour le 8 octobre prochain.

Selon le peu d’informations ayant filtré de l’assemblée de mardi, il fut reconnu «un système de contrôle pratiquement inexistant» de ESI. C’est à partir de violations présumées du droit des sociétés identifiées auprès de cette entité que les difficultés du groupe Espirito Santo sont apparues.

Pour le Luxembourg, cela pose évidemment le contrôle des sociétés de participation financière, qui échappent à toute régulation, sinon celle, a postériori, du Parquet une fois les infractions constatées. D'aucuns réfléchissent, et notamment dans le cadre de la mise en place du Comité du risque systémique pour la surveillance macroéconomique, à un encadrement des holdings, puisque cette activité constitue un apport crucial dans l’économie luxembourgeoise.

Une enquête judiciaire a été ouverte au Luxembourg pour violation du droit des sociétés après une première enquête administrative de la Commission de surveillance du secteur financier.