Ce sont donc désormais cinq galeries qui sont gérées par la petite équipe de la Galerie Bernard Ceysson: à Luxembourg, Paris, Genève, Saint-Étienne et maintenant Windhof. L’emplacement peut surprendre, entre le magasin de vêtements Maxi Point et des villas quatre façades aux couleurs bigarrées, dans un hangar qui n’a rien de noble, dans un tout autre esprit que les locaux historiques de la rue Wiltheim. Pourtant, c’est ici que Bernard Ceysson a eu l’occasion, grâce à un ami collectionneur, de développer un espace d’un nouveau genre et surtout d’une dimension impressionnante. «Nous disposons de 1.400 m2, dont 900 sont réservés à l’exposition. C’est aussi grand que de nombreux centres d’art en France ou de dimension presque équivalente à l’une des grandes salles du Mudam», précise le galeriste. Le reste de l’espace servira de stockage et de bureau.
La programmation est déjà définie: une grande exposition Bernar Venet pour commencer, avant de poursuivre avec une importante exposition Raymond Hains, et une prometteuse présentation de la jeune scène new-yorkaise en collaboration avec Wallace Whitney de la galerie Canada. «Nous allons présenter des œuvres qui seront à vendre bien sûr, mais pas seulement. Nous voulons profiter de cet espace pour réaliser des expositions importantes pour les artistes que nous soutenons. Nous devons bien évidemment continuer à vendre des œuvres, car c’est grâce à cela que nous vivons, mais nous voulons tendre vers la qualité des expositions muséales, qui pour certaines seront proches de la rétrospective.» L’âme du conservateur ne se met pas si facilement sous le tapis! Mais c’est aussi une forme de résistance et de mutation qu’opère la galerie. Il faut savoir que ce principe d’exposition existe déjà à New York, notamment à Chelsea. «Nous participons ainsi à notre manière à la mutation des galeries. Nous sommes là pour montrer des œuvres, par conviction, non par effet de mode. Et il faut quand même se battre pour arriver à survivre dans ce marché difficile.»
L’espace d’exposition sera complété par une petite boutique, dans laquelle il sera possible de découvrir une sélection d’objets réalisés par des artistes, «sans tomber dans le piège des objets dérivés», des estampes et des livres (beaux livres, livres savants, livres pour enfants). «Je suis persuadé que Luxembourg dispose d’un bel avenir. Sa position géographique est particulièrement intéressante, il y a une véritable vie culturelle et le contexte économique reste favorable. Je ressens ici l’envie de participer à l’effervescence du monde. C’est un projet ambitieux, un peu fou, mais que nous poursuivons avec une vision claire, pour soutenir nos artistes.»
Route d’Arlon à Windhof (Koerich). Ouverture le 21 mars. www.bernardceysson.com