Pour son dixième anniversaire, l’opérateur téléphonique Tango tourne une page historique... ou plutôt son propriétaire l’a tournée pour lui. Alors qu’il en avait toujours vanté la qualité, la rentabilité et son importance stratégique dans la conception et le développement de nouveaux concepts, le groupe suédois Tele2 a finalement décidé de se séparer de sa filiale luxembourgeoise, préférant concentrer ses efforts sur des marchés plus à l’Est.
L’intérêt de Belgacom, dévoilé il y a une paire de semaines dans la presse financière belge néerlandophone, n’a rien de surprenant. L’opérateur historique belge était déjà sur le coup du rachat de Voxmobile, il y a un an. L’opération, qui avait porté sur 90% du capital de l’opérateur, cédés pour 80 millions d’euros, avait finalement été remportée par Mobistar (groupe Orange).
Cette fois-ci, il n’y a pas vraiment eu de suspense. «Cela fait quelques mois que les discussions avaient commencé», nous a expliqué ce vendredi Didier Rouma, CEO de Tango à Luxembourg. Belgacom a toujours été intéressé d’entrer sur le marché luxembourgeois et il attendait la bonne opportunité. Ils ont proposé un très bon prix et l’accord est intéressant pour les deux parties».
207 millions d’euros
La transaction a été conclue, mercredi soir à Bruxelles, pour un montant de 207 millions d’euros, qui englobe, outre Tango Luxembourg, les activités fixes et mobiles que Tele2 avait développées au Liechtenstein. Les synergies attendues ont été estimées, par Belgacom, à «au moins»25 millions d’euros.
Tango revendique, au Luxembourg, une part de marché de 39%, avec 238.000 clients mobiles, auxquels s’ajoutent 26.000 clients en ligne fixe et 10.000 clients Internet à large bande. La société a affiché un résultat opérationnel brut de 31 millions d’euros en 2007 et, déjà, 6,2 millions au premier trimestre de 2008.
«Nous considérons ce rachat comme quelque chose de très positif, explique M. Rouma. Belgacom représente un partenaire idéal pour faire progresser Tango sur marché luxembourgeois, en particulier sur le marché corporate, qui constitue encore un peu un point faible chez nous». Sur ce segment, Tango entend ainsi – et surtout? – profiter de l’expérience et de la pénétration de l’intégrateur Telindus, également filiale à 100% de Belgacom.
Pas de réduction d’effectifs
Dans les semaines à venir, les autorités de la concurrence se pencheront sur cette opération, mais ne devraient pas opposer leur veto. L’heure sera alors à l’intégration complète de Tango dans le réseau de Belgacom. En attendant, la société va se désengager, techniquement, du système central de Tele2. «L’intégration sera douce et sans douleur, affirme M. Rouma. La volonté de Belgacom est de conserver l’entièreté du management et des effectifs. De toute façon, nous travaillons déjà en flux tendu et je ne vois pas trop où il serait possible de réduire nos effectifs». Il n’est également pas prévu, pour l’heure, que des dirigeants de Belgacom prennent place au conseil d’administration ou au comité de direction de l’opérateur.
C’est à la rentrée prochaine que Tango entend dévoiler sa nouvelle stratégie commerciale.