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 (Photo: Olivier Minaire)

Camille et Cristina sont deux jeunes mamans. Ce n’est pas leur seul 
point commun. Elles partagent 
un goût pour les vêtements « rétro » 
et « faits main ». Alors qu’elles cherchaient 
à habiller leurs futurs enfants de manière intelligente et qu’elles étaient en quête de nouveaux défis professionnels, elles ont eu l’idée de lancer « Mamie et Moi ». « Nous invitons des femmes seniors issues de la Grande Région à tricoter. Nous leur faisons réaliser des vêtements 
pour bébés et pour jeunes enfants, ou encore des accessoires, comme on pouvait en trouver dans les années 50 ou 60. Ces réalisations sont vendues sur notre boutique en ligne qui vient d’ouvrir », explique Camille Alexandre, une des deux fondatrices 
de Mamie et Moi.

La start-up part de l’idée qu’il est aujourd’hui possible de répondre à des besoins réels, de manière durable, par le biais de l’économie solidaire. « Nous avions envie de créer une activité avec une dimension sociale et utile, de participer 
à la transformation de la société vers la slow economy », précise Cristina Picco, l’autre co-fondatrice.

Mamie et Moi est donc née en octobre dernier, avec le soutien de l’Impactory. Elle a d’abord pris la forme d’une asbl, puis est devenue une société en nom collectif en mai dernier, en attendant que le projet de sàrl simplifiée voie effectivement le jour et permette aux deux entrepreneuses de disposer d’une structure juridique commerciale plus adaptée. « En effet, l’activité n’exige pas de mobiliser beaucoup de capitaux. Le stock constitué au fur et à mesure sera présenté sur notre site e-shop. Mais nous souhaitons aussi privilégier un travail à la commande. Nos mamies peuvent réaliser des pièces sur mesure, selon les envies de chacun, en permettant un choix de couleurs, de tailles et de modèles. Elles peuvent très bien réaliser une pièce à partir d’une photo », précise Mme Alexandre.

Viser au-delà de la Grande Région

Les mamies actives peuvent profiter de leur passion et d’un petit complément de revenus. « Mais il y a surtout une dimension sociale derrière Mamie et Moi. À l’heure où nos seniors sont de plus 
en plus souvent isolés, nous voulons les amener à se rencontrer, à se sentir utiles, complète Mme Picco. C’est un projet participatif que nous entendons promouvoir. Nous comptons réunir nos mamies régulièrement, afin qu’elles puissent échanger entre elles, passer un moment convivial autour de leur passion pour le tricot. »

Mamie et Moi a fédéré une douzaine de mamies tricoteuses. D’autres devraient rejoindre le groupe dans les semaines à venir. La start-up travaille avec des seniors résidentes de la Grande Région, afin de préserver une proximité. « Toutes les mamies qui le désirent peuvent nous contacter. Nous les sélectionnons toutefois sur quelques critères, qui sont leur 
passion pour le tricot et un souci du travail bien fait, poursuit Camille Alexandre. Certaines ont une plus grande dextérité que d’autres. Celles qui sont intéressées ne doivent pas avoir peur 
de nous contacter. Il y a des réalisations simples 
qui peuvent être produites, d’autres plus complexes. 
On peut vous dire, toutefois, que nos mamies 
sont de vraies pros, pour ainsi dire des artistes. »

Mamie et Moi souhaite proposer des produits 
de qualité, répondre aux attentes des jeunes parents avec des produits confectionnés avec soin. Toutefois, il faut être prévoyant, dans l’optique d’une réalisation sur mesure. 
« La confection d’une pièce, avec des tons et motifs 
choisis, peut prendre jusqu’à trois semaines », 
précise Mme Alexandre.

Mamie et Moi vise le marché local avant tout. 
Le web, principal canal de vente de la start-up, permet toutefois de s’adresser à une clientèle vaste, bien au-delà des frontières régionales. 
Les deux fondatrices nourrissent le doux rêve 
de séduire une clientèle japonaise qui, paraît-il, raffole des produits confectionnés en Europe 
à la main, mais aussi du design rétro.Au niveau économique, la start-up reverse environ 20 % des recettes de la vente aux mamies. Ce qui, dans le secteur de la mode retail, constitue une rétribution conséquente aux producteurs. Les grandes enseignes de mode, de manière générale, ne rémunèrent 
que rarement les producteurs au-delà de 5 %. 
« Pour nos grands-mères, c’est un complément de revenus appréciable », commente Cristina Picco.

Dans le développement de son modèle, l'entreprise a rencontré des problèmes d’ordre réglementaire. « En France, nos mamies peuvent facilement adopter le statut d’auto-entrepreneur. 
Mais au Luxembourg, nous avons eu la surprise 
de découvrir que le métier de tricoteuse était 
protégé. Cet encadrement, surtout pensé pour 
des applications à l’échelle industrielle, n’est pas 
adapté à notre modèle », explique Mme Picco.

Ces complications n’empêcheront pas Mamie et Moi de vendre désormais sur la toile. La start-up a aussi pu approcher le public en participant à plusieurs marchés, notamment 
au marché des créateurs du Mudam. 

CV

Deux créatrices complémentaires

Cristina Picco, Italienne de 38 ans, 
et Camille Alexandre, Française de 
31 ans, se sont rencontrées au Luxembourg alors qu’elles attendaient un heureux événement. Partageant des goûts pour le design rétro et cherchant de nouvelles perspectives professionnelles, elles se sont retrouvées autour du concept de tricot solidaire. Cristina a une formation en urbanisme et en économie et a notamment travaillé dans la finance et dans l’immobilier. Elle s’occupe donc de la partie administrative et comptable. Camille 
a une formation en communication. Elle prend donc en main les aspects liés à la promotion et au marketing.