La BCL juge primordiale la réduction du chômage et l'assainissement des finances publiques. (Photo: Benjamin Champenois)

La BCL juge primordiale la réduction du chômage et l'assainissement des finances publiques. (Photo: Benjamin Champenois)

Le troisième Bulletin de 2014 de la Banque centrale du Luxembourg est sorti ce jeudi. Les tractations avec le gouvernement pour ouvrir à la BCL et de façon systématique toutes les informations disponibles relatives aux finances publiques étant dans l'impasse depuis que le ministre des Finances Pierre Gramegna a dit qu'il n'y aurait pas de traitement de faveur pour la BCL et que l'ouverture vaudra pour les autres organisations qui en ont également besoin, le Bulletin «ne renferme aucune référence directe aux finances publiques luxembourgeoises», nous prévient-on dans la «Vue d'ensemble» qui fait office de préface (non signée), mais assumée de fait par son gouverneur Gaston Reinesch.

Depuis ses dernières projections macro-économiques en juin dernier, la BCL note que «peu d'événements, d'informations ou de publications de données» ont été portés à sa connaissance qui seraient susceptibles de modifier fondamentalement le scénario macroéconomique (inchangé donc), même si l'accroissement des tensions géopolitiques et le ralentissement de la croissance dans la zone euro pourraient assombrir le tableau et les perspectives de croissance luxembourgeoise.

Déficiences structurelles

Pas de changement en vue non plus pour le paiement de la prochaine tranche indiciaire (pour le 1er trimestre 2015), sauf à s'attendre à un scénario d'inflation plus bas que prévu.

La BCL affiche sa plus grande prudence sur les perspectives de croissance du Luxembourg. D'abord en raison de la mauvaise santé de ses voisins dans la zone euro, ensuite parce que des «ajustements» sont à attendre dans le secteur financier. «L'expansion n'est pas fondamentalement compromise», assure la BCL, mais elle se fera à un rythme inférieur à celui des années d'avant crise.

La forte dépendance de l'économie du secteur financier à un moment ou celui-ci s'apprête à vivre des changements majeurs (fin du secret bancaire, par exemple) pourrait prendre un tour «critique», prévient la BCL pour laquelle il est «primordial» de réduire le chômage et d'assainir les finances publiques. Il s'agit donc de s'attaquer «avec détermination aux déficiences structurelles endogènes à l'économie luxembourgeoise».

Comité de risque systémique à la traine

La banque centrale s'inquiète tout particulièrement de la perte de compétitivité dans l'industrie manufacturière, du niveau des prix de l'immobilier et de l'endettement élevé du secteur non-financier, celui-ci justifiant à ses yeux «un suivi continu».

Or, pour les avoir à l'œil, il faudrait que les travaux parlementaires sur la mise en place d'un comité du risque systémique, composé entre autres des autorités de régulation du secteur financier et de l'assurance, du ministère des Finances et de la BCL, accélèrent leur rythme de croisière. Mais il n'y a pas encore eu de désignation d'un rapporteur du projet de loi sur le comité du risque systémique et le projet de loi qui est son corollaire, sur la transposition de la directive CRD4, n'a toujours pas eu le visa du Conseil d'État.

Ce n'est pas non plus un hasard si le Bulletin de la BCL consacre un chapitre spécial aux véhicules de titrisation qui sont une composante essentielle du shadow banking. Il y a quelques mois, dans leur avis sur le projet de loi sur le comité du risque systémique, les Sages avaient exclu que ce comité fasse une quelconque incursion dans le shadow banking. Le Bulletin leur apporte une réponse sur le caractère inadmissible de cette exclusion.