Bastogne, le nom de la cité ardennaise belge, qui deviendrait une marque luxembourgeoise? L’information fait bondir le quotidien belge l’Avenir ce vendredi.
Cela peut être vu de différentes façons. Comme une lutte fratricide entre les Lutgen: Benoît, bourgmestre de Bastogne et président du parti centriste, démocrate et humaniste, francophone (le CDH), et Jean-Pierre, créateur et patron d’Ice-Watch entre autres. Cela peut ressembler aussi au combat d’une ville, qui doit une partie de sa célébrité à ses champs de bataille, en 1944, au cœur de l’Offensive des Ardennes, mais qui a aussi des arguments touristiques ou agro-alimentaires, par exemple, à faire valoir.
Confisquer la marque
Serait-ce aussi une polémique belgo-luxembourgeoise façon conflit de voisinage? Pour l’Avenir, Ice IP, société installée au Grand-Duché, «tente de confisquer la marque Bastogne pour TOUS les produits imaginables.» Derrière cette société, comme l’avait révélé paperJam il y a pratiquement un an, se trouvent Jean-Pierre Lutgen, Mister Ice-Watch, et toute une galaxie de droits de propriété intellectuelle.
Ice IP aurait ainsi fait, en octobre dernier, une demande, visant l’ensemble du Benelux, pour déposer la marque Bastogne, susceptible de s’accoler à des produits divers et variés: tous les métaux précieux et alliages et produits en ces matières, les cuirs et imitations et tous les produits dérivés, pour les vêtements, chaussures, chapelleries, chemises, accessoires, les viandes, poissons, volaille, gibier, fruits et légumes, café, thé, et tous les aliments, graines et produits agricoles, horticoles, forestiers bières, soft, jus, alcool, publicités, contenus internet, transports, emballages, services scientifiques, technologiques, toute la restauration…
Il faut aussi savoir que, pour l’instant, la demande fait l’objet d’un refus…
Un nom et un bien publics
Il n’empêche que l’affaire fait polémique en Belgique. Au coeur de Bastogne, sur la place Mc Auliffe, le tollé aussi est général... Le député-bourgmestre se dit stupéfait dans les colonnes de l’Avenir. «Incroyable. Je suis tombé de ma chaise. Il s’agit ni plus ni moins d’une confiscation d’un nom public qui appartient à tout le monde pour le profit purement personnel d’une société privée installée au Grand-Duché», dit-il notamment.
La ville de Bastogne a réagi officiellement et envoyé un courrier pour défendre ses arguments. «Je ne peux penser un seul instant que la société puisse obtenir ce non-droit pour des produits qui ne correspondent à aucune activité. J’ai confiance en la décision finale du bureau des marques», conclut le bourgmestre Lutgen.