"Nous voulons que les choses aillent vite et que tout soit réglé au 1er juillet prochain". Paul De Cooman, le nouveau directeur général du groupe au Luxembourg, nommé le 1er janvier dernier, ne cache pas ses ambitions sur un marché au sein duquel AXA figure parmi les principaux acteurs. La compagnie est en effet positionnée en troisième place sur le marché local en IARD (non-vie), avec un montant de primes émises de 69 millions d'euros en 2006 (+2,8% hors éléments exceptionnels, par rapport à 2005). En assurance vie, elle occupe le sixième rang, avec des primes de 47,6 millions d'euros (+24%, hors éléments exceptionnels).
Le chiffre d'affaires global s'élève donc à 116,6 millions d'euros (+10,5%), pour un résultat net en hausse de 17,9% à 14,6 millions d'euros.
La fusion avec Winterthur Europe Assurance - qui s'inscrit dans le cadre du rachat, par le groupe AXA, du groupe Winterthur au Crédit Suisse, annoncé en juin 2006 - renforcera, évidemment, le poids du groupe sur le marché local.
Le groupe Winterthur, présent au Luxembourg depuis 1876, était actif au travers de deux entités. Winterthur Europe Vie, ciblant exclusivement des clients non résidents (en libre prestation de services), et Winterthur Europe Assurances. C'est cette dernière structure qui intègre le giron d'AXA, la branche Vie ayant été cédée à La Bâloise. En 2006, Winterthur a réalisé un chiffre d'affaires de 12,9 millions d'euros, dont 75% réalisés en IARD (9,3 millions).
Les 20 salariés de Winterthur Luxembourg ont intégralement rejoint les 173 salariés d'AXA, au siège social de la rue de la Chapelle, l'intégration "administrative" devant encore recevoir l'aval des autorités de contrôle belge (Winterthur opérait, au Luxembourg, en tant que succursale de Winterthur Belgique) et du Commissariat aux Assurances.
Le nouveau groupe va s'appuyer sur un réseau de 33 agences générales et principales et 420 agents, appuyés par une quarantaine de courtiers et des partenaires directs tels que la banque BCP, Dexia, Peugeot-Citroën ou encore Wüstenrot.
A compter du 1er juillet, le nom de Winterthur aura complètement disparu de la circulation, après plus de 130 ans de présence et seule subsistera la marque AXA, dont la gamme sera renforcée, dès la rentrée, par les produits les plus performants de Winterthur. "Les deux sociétés sont parfaitement complémentaires, puisque nous sommes surtout présents dans le centre et le sud du pays, alors que Winterthur est davantage implantée dans le nord. Il ne nous restera plus qu'à nous développer davantage vers l'Est", a résumé Marc Hengen, co-mandataire général de Winterthur, qui devient, dans le nouvel organigramme, directeur commercial du groupe AXA. L'autre co-mandataire, Georges Hengen - son père - intègre pour sa part le Conseil d'administration de la nouvelle structure.
Une vraie histoire de famille, donc, surtout lorsque l'on sait que c'est un de leurs ancêtres, Léon Klensch (le grand-père de Marc Hengen), mandataire de Winterthur au début du XXe siècle, qui ouvrit la première agence générale à Luxembourg-Ville, développant des produits d'assurance à l'attention des particuliers, alors que la société s'occupait, jusqu'alors, d'assurances industrielles en marge de l'essor de la sidérurgie.
M. Klensch était également co-mandataire de La Paternelle, la première compagnie d'assurance active sur le marché luxembourgeois (depuis 1853), devenue, au fil des fusions, rachats et autres transferts de portefeuilles, Assurlux, puis Axa... La boucle est, en quelque sorte, bouclée...
L'horizon, aujourd'hui, a comme point de fuite l'année 2012. C'est l'échéance de l'ambitieux projet d'entreprise "Ambition 2012", initié en 2004, et qui prévoit, pour l'ensemble du groupe, un doublement du chiffre d'affaires et un triplement des bénéfices. "Cela correspond, d'ici là, à une croissance moyenne annuelle du chiffre d'affaires de 8% et de 9% pour les bénéfices. C'est ambitieux, mais compte tenu de l'évolution actuelle, c'est tout à fait envisageable", estime M. De Coonan.
Dans ce cadre-là, la fusion avec Winterthur constitue, évidemment, un atout de choix. "Mais c'est davantage un bonus. L'objectif initial restait tout à fait accessible, même sans cette fusion", a affirmé Pierre Goffin, directeur financier.