Patrice Silverio (Eurogroup Consulting Luxembourg) (Photo: Julien Becker)

Patrice Silverio (Eurogroup Consulting Luxembourg) (Photo: Julien Becker)

En juin 1998, Patrice Silverio et Guillaume Nogacki fondent ABC Luxembourg. Dix ans plus tard, le projet des deux associés prend une dimension européenne et devient Eurogroup Consulting, intégré au sein d’un groupe européen de conseil comprenant 22 bureaux dans 16 pays. Grâce à cette nouvelle envergure, la société a pu évoluer plus sereinement dans le contexte de l’actuelle crise. «Néanmoins, nous ne pensons pas que la crise est derrière nous», prévient Patrice Silverio. De ce fait, Eurogroup Consulting Luxembourg se veut, paradoxalement, plus regardant encore quant aux choix de ses interventions, en éliminant celles qui ne leur semblent pas adaptées. Au niveau européen, le groupe cherche à devenir un global player sectoriel. «Historiquement, nous sommes très présents dans le secteur public et celui de la sécurité sociale. Il nous reste à renforcer notre présence dans le secteur de la banque et finance, ainsi que celui des utilities», explique-t-il.

Un nouveau cycle

L’année 2009 a eu des répercussions sur le monde du conseil et la crise a mis en évidence les limites du «cadre de référence» basé sur la généralisation/globalisation, la «religion» de l’argent et les indicateurs de performance. «Ainsi, explique Patrice Silverio, le monde économique tel que nous l’avons connu se retrouve en fin de ‘cycle’ – un cycle de près de 60 ans – et doit faire face à quelque chose de nouveau.»

Ainsi, bon nombre d’entreprises ont dû faire face, du jour au lendemain, à des ruptures assez violentes, que ce soit au niveau géopolitique, économique, technologique, écologique ou encore générationnel. Et les consultants en ont également subi les conséquences. «Dorénavant, notre rôle de ‘vrai’ conseiller est demandé!», note-t-il. A charge pour les consultants, alors, d’affirmer leur rôle de partenaires de confiance et d’expliquer à leurs clients «cette rupture» à laquelle ils devront faire face.

A moyen terme, et dans un nouveau fonctionnement économique en matière d’«écosystème», le rôle du consultant sera, en premier lieu, de mobiliser une capacité d’écoute envers les clients afin de décrypter leurs réels besoins et une créativité afin d’adapter les outils aux contextes. Ce sont ensuite les femmes et les hommes qui rendront possible la mise en œuvre de nouvelles solutions.

«Notre secteur d’activité couvrant les interventions au niveau de l’organisation, du management et de la stratégie, nous devons utiliser des méthodes éprouvées, car nous n’avons pas le droit à l’erreur», juge le managing partner d’Eurogroup. De ce fait, il apprécie le général Sun Tzu et notamment ses 13 chapitres qu’il a rédigés sur l’Art de la guerre. Sa théorie était que tout est question de méthode et de stratégie. Et «les principes stratégiques qu’il a décrits peuvent s’appliquer aux domaines des affaires, de la politique ou de la société. En termes d’art de vivre, ce vieil ouvrage reste moderne par ses dimensions psychologiques et morales.»