Avec le Luxembourg Green Exchange, la Bourse de Luxembourg passe clairement au vert. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Avec le Luxembourg Green Exchange, la Bourse de Luxembourg passe clairement au vert. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Leader mondial sur le marché des obligations vertes, la Bourse de Luxembourg a lancé ce mardi le Luxembourg Green Exchange (LGX), une bourse entièrement dédiée aux investissements destinés à lutter contre le réchauffement climatique.

«C’est une première mondiale, elle vient tôt par rapport à l’évolution de ce marché, mais le risque mérite d’être pris par rapport à la cause du climat», résume Robert Scharfe, le CEO de l’institution. Et, en quelque sorte, c’est l’institutionnalisation d’une réalité déjà existante: avec 114 «green bonds» émis depuis 2007 pour un montant total de 45 milliards de dollars, la bourse de Luxembourg reste un leader mondial dans ce type de produits.

La nouvelle plateforme accueillera donc automatiquement les 25 émetteurs de ces obligations ainsi que tous les émetteurs qui se conformeront à ses critères d’éligibilité stricts. «Nous avons érigé les meilleures pratiques du marché en contenu obligatoire», insiste Julie Becker, membre du comité exécutif et responsable du marché vert.

L’investisseur qui veut pouvoir y accéder devra donc consacrer 100% des fonds levés à des investissements verts… et être en mesure de le prouver. Son entrée au LGX lui imposera en effet de fournir un rapport préalable certifié de son projet ainsi qu’un rapport ex post – une fois l’an, à partir de la cotation – quant à l’utilisation des moyens obtenus.

Nous avons érigé les meilleures pratiques du marché en contenu obligatoire.

Julie Becker, membre du comité exécutif du Luxembourg Stock Exchange

L’objectif de la Bourse de Luxembourg est avant tout d’offrir la garantie aux investisseurs que les projets cotés au LGX participent bien à la lutte contre le réchauffement climatique. «Cette plateforme doit aussi rassurer les investisseurs privés qui sont pour l’instant peu présents dans les investissements verts par crainte de coûts supplémentaires», explique encore Madame Becker.

Cette nouvelle bourse est donc ouverte à tous les émetteurs. Des critères d’exclusion sont toutefois prévus pour les projets dans les énergies nucléaires et fossiles ainsi que ceux qui prévoiraient des tests sur les animaux ou en rapport avec les espèces menacées. Ce qui ne veut pas dire qu’une entreprise active dans le pétrole se verrait d’office interdire l’accès au LGX. «Au contraire», précisent ses responsables, «tous les objectifs de transformation d’une entreprise dans des projets verts seront encouragés et acceptés s’ils respectent les critères».

Une future Place verte

Après le lancement d’un nouveau label «financement climatique», vendredi dernier, par Luxflag, la Place luxembourgeoise se donne encore un peu plus les moyens de devenir un centre de référence dans l’économie verte. Un choix qui semble s’imposer comme une évidence à quelques semaines de la COP22 de Marrakech, qui devra accélérer la mise en œuvre de l’accord mondial sur le climat obtenu à Paris en décembre 2015.

Même si la bourse grand-ducale a coté la première obligation verte en 2007 déjà, ce n’est que depuis deux ans que ce nouvel outil semble vraiment décoller. Mais pour cette année, le volume d’émissions vertes au niveau mondial dépassera les 100 milliards de dollars.

«Il faut aussi observer que, de plus en plus, les grands investisseurs classiques, tels que les assureurs ou les fonds souverains, envisagent de transférer de plus en plus de moyens dans les investissements verts», observe Robert Scharfe, convaincu de miser sur un outil qui deviendra incontournable dans un futur pas si lointain.