Durant l’année universitaire 2015-2016, 481 étudiants luxembourgeois ont bénéficié du programme Erasmus. (Photo: lalalaphoto/archives)

Durant l’année universitaire 2015-2016, 481 étudiants luxembourgeois ont bénéficié du programme Erasmus. (Photo: lalalaphoto/archives)

Une fois n’est pas coutume, le Luxembourg fait figure d’exception en matière européenne. À la différence de tous les autres étudiants de l’Union, qui saisissent sans trop réfléchir l’opportunité de partir étudier à l’étranger pour un ou deux semestres, les Luxembourgeois, eux, y vont à reculons. «C’est obligatoire, donc ce n’est pas vraiment marrant», explique Eric Gary, le responsable du Service des études et de la vie étudiante à l’Université du Luxembourg.

En effet, l’Université du Luxembourg est sans doute la seule en Europe qui impose à tous ses étudiants de partir au moins un semestre à l’étranger durant leur bachelor. «Mais 80% se disent satisfaits de cet échange à leur retour», ajoute M. Gary. Ce système coupe toutefois un peu l’envie de dépaysement. En effet, la très grande majorité des étudiants choisissent comme destination l’Allemagne et la France.

Il faut dire que le Luxembourg est un peu à part au sein du programme Erasmus. Jusqu’en 2003 et la création de l’université, seuls quatre organismes proposaient des cursus universitaires - l’Institut supérieur de technologie (IST), le Centre universitaire, l’Institut supérieur d’études et de recherches pédagogiques (Iserp) et l’Institut d’études éducatives et sociales (IEES). La très grande majorité des jeunes luxembourgeois qui voulaient étudier faisaient donc déjà le choix de l’étranger. Difficile, dans ces conditions, de mettre en place un programme Erasmus au Luxembourg. Le Grand-Duché y a toutefois été intégré un an après sa création, en 1988.

«À l’époque, nous avons bénéficié d’une dérogation», raconte Christine Pegel, la directrice de l’Anefore, l’agence grand-ducale en charge du programme Erasmus. Les Luxembourgeois qui étudiaient à l’étranger avaient la possibilité d’accéder au programme soit auprès de leur université, comme n’importe quel autre étudiant, soit en s’adressant à l’Anefore. La majorité optait pour cette deuxième option car des bourses plus généreuses étaient proposées.

Ceux qui veulent devenir juristes vont étudier le droit en France.

Martine Hansen, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Mais le programme Erasmus était tout sauf automatique. «Moi, je ne l’ai pas demandé car j’ai fait toutes mes études à Bruxelles. Repartir pour six mois dans un autre pays ne m’enchantait pas vraiment, d’autant plus que pour financer mes études, j’avais déjà contracté un prêt d’études et la bourse Erasmus ne me permettait pas de couvrir l’ensemble des dépenses», reconnaît Mme Pegel.

Cette internationalité faisait donc déjà partie de l’ADN des étudiants luxembourgeois avant même la création d’Erasmus. «Nous sommes un pays trop petit pour ne pas s’ouvrir à l’étranger», témoigne la députée Martine Hansen, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. «Encore aujourd’hui, ceux qui veulent devenir juristes vont étudier le droit en France, c’est une évidence.»

Cette quasi-dépendance aux universités étrangères a d’ailleurs généré une discussion de fond lors de la création de l’Université du Luxembourg. «Ce fut même un véritable débat de société car beaucoup de parents ne voyaient pas la nécessité d’une telle institution à l’intérieur du pays», rappelle le responsable du Service des études et de la vie étudiante à l’Université du Luxembourg, M. Gary. «Mais ceux qui avançaient cet argument n’avaient pas forcément de problème d’argent pour envoyer leurs enfants étudier à l’étranger. L’Université du Luxembourg répondait donc aussi à un vrai besoin social pour tous les autres.»

En 2014, l’Union européenne a élargi le programme Erasmus au corps enseignant et l’a rebaptisé Erasmus+. Au Luxembourg, cette nouvelle formule a séduit de nombreux professeurs, enseignants et autres formateurs. En plus de l’Université du Luxembourg, quatre autres établissements de l’enseignement supérieur en bénéficient. «Ce qui nous intéresse, c’est l’évolution qualitative de ce programme, que l’on peut mesurer avec le nombre de projets de coopération et de partenariats stratégiques mis en place», note Doris Mulombe, en charge des festivités à l’Anefore. Et sur ce point, Erasmus+ a convaincu plus rapidement que son aîné.