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 (Photo: Luc Deflorenne)

Monsieur Kerger, en quoi la crise a-t-elle induit du changement ?

« La crise a amené une série de changements et cela quel que soit le secteur, public comme privé. Ces mouvements se sont, depuis, accélérés. Afin de s’adapter à cette morosité économique, les entreprises ont cherché – et cherchent toujours – à améliorer leur façon de travailler. L’optimisation est dans la bouche de tous les dirigeants, que cela soit en termes d’organisation, de stratégie, de management ou encore de systèmes IT performants. On évoque beaucoup une politique RH qui vise non seulement la performance des collaborateurs mais aussi leur motivation. La gestion du changement fait donc partie intégrante des préoccupations du moment. Nous le ressentons clairement, en tant que bureau de conseil spécialisé en change management : l’activité croît et c’est grâce à la crise ! Les demandes, nombreuses, émanent de partout, industrie, secteur public, finance…

Quelles sont les perspectives d’avenir ?

« Les mois à venir confirmeront très certainement cette tendance. De plus, j’observe que les entreprises ont pris conscience, bien plus qu’auparavant, de la réelle valeur de leur capital humain. Avant, il y a grosso modo une dizaine d’années, elles ne réfléchissaient qu’en termes de productivité. Au­jour­d’hui, le rapport aux ressources humaines a changé : la recherche d’amélioration s’oriente vers une optimisation des relations entre les différents acteurs d’une entreprise, la communication, le bien-être, la motivation, pour qu’au final, chacun avance dans un même sens. L’évolution du management, et donc des mentalités, prend cette tournure que la crise a probablement accélérée.

Vos propres besoins en RH doivent donc s’adapter continuellement ?

« Nous recherchons régulièrement de nouveaux collaborateurs et, si les jeunes universitaires sont plutôt bien présents sur le marché, ce n’est pas le cas des profils expérimentés, présentant un certain vécu. Il y a une dizaine d’années, après la publication d’une annonce, nous recevions 200 à 300 candidatures. Aujourd’hui, c’est tout au plus une quarantaine de candidats. J’ai également pu constater que la qualité des profils s’érode, d’année en année, et que cette tendance se poursuit. Rares sont ceux qui ont une expérience de la gestion du changement ! Finalement, le meilleur recrutement reste le bouche à oreille : sur les huit derniers collaborateurs, six ont intégré notre équipe par le biais d’une recommandation. À noter que nous exigeons d’eux la maîtrise d’au moins deux langues. Par contre, si notre cabinet est connu parmi les entreprises, ce n’est pas forcément le cas au sein de la population active. Nous pâtissons certainement encore d’un problème de visibilité.

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans votre secteur ?

« Je suis un entrepreneur donc si je constate que quelque chose ne fonctionne pas comme il devrait, si je rencontre des obstacles, je prends une autre direction, je cherche une autre solution pour atteindre les objectifs fixés. Mais, bien entendu, des aspects mériteraient d’être revus. Quelqu’un m’a dit récemment qu’il faut faire des économies intelligemment ; en d’autres termes réduire les frais fixes. Je ne peux qu’abonder dans son sens car, souvent, la réduction des dépenses passe, dans l’esprit de beaucoup de dirigeants, par une réduction des effectifs. Pourtant, une société avance pour 90 % grâce à son personnel et non par le biais des procédures. Une entreprise qui évolue sait garder et fédérer ses forces vives ; c’est à dire l’humain. Donc, avec une baguette magique, je ferais en sorte que tous reprennent cette notion . »