«Les Hongrois ont le droit d’exprimer leur opinion, et de décider avec qui ils veulent vivre et avec qui ils ne veulent pas vivre», estime Peter Szijjarto. (Photo: Licence C.C.)

«Les Hongrois ont le droit d’exprimer leur opinion, et de décider avec qui ils veulent vivre et avec qui ils ne veulent pas vivre», estime Peter Szijjarto. (Photo: Licence C.C.)

Les déclarations de Jean Asselborn demandant l’exclusion pure et simple de la Hongrie des États membres de l’UE, publiées mardi dans les colonnes du quotidien allemand Die Welt, n’ont pas manqué de faire réagir. Au premier chef, les autorités hongroises au travers de leur ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto. Dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle MTI, le chef de la diplomatie hongroise n’a pas hésité à qualifier son homologue luxembourgeois de «politicien peu crédible», en lui donnant les qualificatifs de «condescendant, suffisant et frustré».

«Les Hongrois ont le droit d’exprimer leur opinion, et de décider avec qui ils veulent vivre et avec qui ils ne veulent pas vivre. Et ce droit, ni les bureaucrates de Bruxelles ni le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères ne peuvent leur enlever», a encore martelé Peter Szijjarto, membre du parti du Premier ministre Viktor Orban, dans un ton bien loin des traditionnels échanges diplomatiques.

Référendum le 2 octobre

Pour le moment, la polémique n’a fait réagir que le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui a pris ses distances vis-à-vis des déclarations luxembourgeoises. «Ce n’était pas une position dont nous sommes convenus entre États européens. Ce n’est pas ma position personnelle de mettre un État membre européen à la porte», a-t-il indiqué lors d’une visite officielle à Riga.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban a multiplié les provocations envers les autorités européennes. La dernière en date tient dans la tenue d’un référendum sur l’accord adopté en septembre 2015 sur l’obligation pour les États membres d’accueillir 160.000 réfugiés. Le 2 octobre prochain, les électeurs hongrois devront ainsi répondre à la question: «Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois?»

Débat en cours au Luxembourg

Un nouveau pied de nez à Bruxelles et à son appel à la solidarité portés par Jean-Claude Juncker, président de la Commission, et Jean Asselborn, en tant que ministre des Affaires étrangères du pays qui présidait le Conseil de l’UE. Pour Budapest, ces quotas obligatoires violent sa souveraineté nationale, raison pour laquelle le pays a porté plainte devant la justice européenne pour tenter de se dégager de cette obligation. Cette vision souverainiste avait poussé le président de la Commission, en juin 2015, à menacer la Hongrie d’expulsion de l’UE...

Sur le plan local, au Luxembourg, l’accueil et l’intégration des réfugiés font encore débat. Sur les quatre sites désignés par le gouvernement pour implanter des villages conteneurs, trois ont vu naître des plaintes émanant d’habitants. À Steinfort, Mamer et Junglinster. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intégration, quelque 3.300 personnes vivent actuellement dans les 80 structures d’accueil du pays.