Les réponses du ministre Bellot sont très attendues par Benoît Piedboeuf et Anne-Catherine Goffinet. (Photo: Nader Ghavami / archives)

Les réponses du ministre Bellot sont très attendues par Benoît Piedboeuf et Anne-Catherine Goffinet. (Photo: Nader Ghavami / archives)

Le ministre fédéral belge de la Mobilité, François Bellot, connaissait sans doute peu, mal ou même pas du tout la nouvelle députée fédérale (elle vient de remplacer Isabelle Poncelet il y a quelques semaines) et échevine arlonaise, Anne-Catherine Goffinet (CDH). Ce n’est sans doute plus le cas.

Celle-ci a en effet pris à bras-le-corps les problèmes rencontrés par les navetteurs belges qui se rendent à Luxembourg chaque jour en train. Et compte bien, outre le fait d’obtenir des explications, faire bouger les choses, positivement et rapidement.

J’attends cette fois des réponses claires et précises de la part du ministre.

Anne-Catherine Goffinet, députée fédérale CDH

Ce mercredi en commission infrastructure, communications, entreprises publiques, François Bellot sera à nouveau soumis à un feu roulant de questions et interpellations. «Et j’espère que cette fois des réponses claires et précises seront enfin apportées», a fait savoir la députée à Paperjam.

Son collègue, le député MR Benoît Piedboeuf- mais aussi bourgmestre de Tintigny et président du MR de la province de Luxembourg- a, lui aussi, adressé une série de questions, autour des mêmes enjeux, au ministre. Il est, lui aussi, très préoccupé par la situation actuelle et à venir. Au point d’avoir pris l’initiative de remettre un dossier de synthèse à l’ambassadrice du Grand-Duché à Bruxelles, Arlette Conzemius.

Pour nombre de navetteurs, en tout cas, «cette ligne est devenue maudite».

Wagons bondés, trains supprimés...

Le cœur du dossier est technique. De décembre 2018 à la fin de l’année 2019, le Luxembourg va généraliser sur son réseau le système ETCS (European Train Control System). Pour rouler sur les rails luxembourgeois, le matériel belge devra non seulement supporter la nouvelle tension de 25.000V, mais aussi être homologué ETCS. La crainte des députés, à l’origine de leurs questions, est que la SNCB ne mette pas assez de matériel en service entre Arlon et Luxembourg. Et que les navetteurs en fassent les frais: wagons bondés, trains supprimés... 

Mieux répartir le matériel

Un problème qui ne devrait pas exister puisque, selon Anne-Catherine Goffinet, «la SNCB dispose de 50 rames de type AM 96 bitension 3.000-25.000V et annonce que 46% de la flotte sont déjà équipés de l’ETCS. Il doit donc y avoir assez de trains pour assurer les liaisons vers le Luxembourg.» Il suffirait de bien répartir le matériel en fonction des besoins réels. En l’occurrence, de le mettre en priorité sur le service Arlon-Luxembourg où il est indispensable.

À bonne source au sein de la SNCB, mais en «off» évidemment, on explique que ce matériel est en edfet adapté aux liaisons vers le Luxembourg, mais roule actuellement en grande majorité en Flandre. Et qu’il n’y a pas «d’envie de réorganiser sa répartition». On verra ce qu’en dira le ministre.

P+R: une question de volonté

François Bellot devra aussi une nouvelle fois revenir sur le dossier du P+R d’Arlon. Annoncé en juillet 2016, confirmé encore par la suite, il n’a toujours pas vu le jour. Or, rappelle Anne-Catherine Goffinet, un parking de 200 places est disponible de suite et les conditions techniques sont réunies à Viville pour que les trains y embarquent les voyageurs. Elle demande donc son ouverture au ministre. Soulignant que c’est là une simple question de volonté.

«La promesse de ce projet pilote avec une tarification avantageuse et le P+R gratuit pour les navetteurs opérationnels pour décembre 2017 n’a, de toute évidence, pas été respectée», souligne la députée.

Tout cela est d’autant plus urgent, car, selon la députée, «des travaux s’enchaîneront sur les axes routiers en direction du Luxembourg jusqu’en 2022». À tel point que le ministre régional de la Mobilité a écrit à son collègue fédéral pour la mise en place de trains supplémentaires. Sans succès. La SNCB prétextant que les fréquences sont suffisantes au regard des taux d’occupation. Ce qui contraste singulièrement avec le ressenti des navetteurs.

Pas encore de date pour l’A3 à trois bandes

La mobilité de et vers la France est aussi source de préoccupation. Attendu depuis 20 ans, l’élargissement à trois bandes de l’A31 est entré depuis quelques semaines dans une phase de concertation publique qui devrait se terminer en février 2019. Préalable à la fixation du projet – au tracé non encore défini – et à enquête publique.

Les travaux d’élargissement de l’autoroute A3, de la Croix de Gasperich à la frontière française, devraient, eux, se concrétiser dans un délai assez court. Ils feront passer l’autoroute de deux à trois bandes, pour un montant estimé à 356 millions d'euros. Mais le ministère des Infrastructures indique «que des études des Ponts et Chaussées sont toujours en cours. On ne peut donc donner aucune date précise pour le début du chantier.»