Les défenseurs de consommateurs et acteurs du secteur social mettent en garde contre une disparition progressive de l'argent liquide, reporte le Land. (Photo: Land)

Les défenseurs de consommateurs et acteurs du secteur social mettent en garde contre une disparition progressive de l'argent liquide, reporte le Land. (Photo: Land)

Serait-ce un des fameux paradoxes luxembourgeois? Alors que le Grand-Duché occupe la quatrième place au sein de la zone euro en termes d’émission de billets de banque – 93,5 milliards d’euros en 2014, soit plus du double du PIB – les résidents semblent en utiliser de moins en moins. Car le volume de paiements par carte bancaire augmente depuis des années et les nouvelles applications de paiement mobiles se répandent. Alors que dans certains pays scandinaves, les gouvernements encouragent la transition vers une société sans argent liquide – tous les paiements se faisant par voie électronique –, au Luxembourg, le consentement politique est plutôt sous-entendu dans les efforts de promotion du secteur fintech notamment. Mais les défenseurs de consommateurs et acteurs du secteur social mettent en garde, car ils craignent une surveillance et des coûts accrus, une perte de l’anonymat et aussi la perte de la notion de valeur monétaire s’il n’y a plus de monnaie réelle.

Big data au pays du Beschass

Les périls du big data, les consommateurs luxembourgeois les perçoivent avec plus d’acuité au niveau local qu’au niveau international. Peu importe qu’à Seattle, un Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, sache quels livres on commande. C’est l’idée qu’un ancien camarade d’école ou un cousin éloigné aperçoive la liste d’achats qui provoque des crises de claustrophobie dans le microcosme grand-ducal. Le gouvernement a demandé au visionnaire autoproclamé Jeremy Rifkin de faire du Luxembourg un «living lab» pour une économie  «pleinement interconnectée». Le big data est un des mots fétiches du secteur de l’ICT. Or, jusqu’ici, comme modèle d’affaires, il a fait un flop au Luxembourg. Pour les acteurs économiques locaux, l’exploitation des données de leurs clients est d’abord une source de malaise.

Pays à hauts salaires bien entretenu

Les syndicats, et plus particulièrement le LCGB en ce moment, militent pour «plus de transparence» concernant les prix d’hébergement pratiqués par les Centres intégrés pour personnes âgées (Cipa) et des maisons de soins. Cinq institutions ayant annoncé une hausse de leurs prix, les syndicats exigent également que le complément pour l’accueil gérontologique, distribué par le Fonds national de solidarité aux personnes démunies, soit revu vers le haut. Or, depuis des années déjà, la transparence des prix n’est plus aussi limitée qu’on pouvait le dire il y a 10 ans encore. On sait bien que les institutions pratiquent un financement croisé – notamment pour couvrir leurs coûts salariaux. La situation, pourtant, n’est pas si compliquée: les seniors et les maisons de soins coûtent cher parce qu’au Luxembourg, tout est cher – et l’État subventionne.