Le groupe russe investit déjà dans de grandes unités américaines (ici le site de Columbus-Mississipi). (Photo : Severstal / steelindustry)

Le groupe russe investit déjà dans de grandes unités américaines (ici le site de Columbus-Mississipi). (Photo : Severstal / steelindustry)

Généralement bien informé, le média économique français Les Echos évoque une piste chaude pour la reprise du site ArcelorMittal de Florange. Selon le journal, Alexeï Mordachov, l’oligarque russe à la tête du groupe sidérurgique Severstal, « étudie le rachat des hauts-fourneaux de Florange mis en vente par ArcelorMittal ».

Le journal cite une source moscovite, requérant l’anonymat, mais au fait des investissements russes en Europe : « Mordashov est intéressé. C'est l'un des plus sérieux candidats à la reprise. Les premiers contacts pour les négociations ont commencé. »

Première manche perdue

Les discussions ont en fait démarré depuis deux semaines, et Severstal a déjà envoyé un représentant sur place. ArcelorMittal serait prêt à divulguer des données économiques de Florange à l’observateur des Russes, lesquels auraient l’œil sur toute une filière, et pas seulement sur les hauts fourneaux du bassin de la Fensch.

En tout cas, ce serait une sorte de retour pour Severstal : en 2006, le magnat russe avait été appelé par Arcelor, encore dans sa version luxembourgo-franco-hispanique. Mais Alexeï Mordachov n’avait pas pu s’opposer à son concurrent indien Mittal. L’affaire avait même suscité le courroux russe, le sidérurgiste européen étant alors soupçonné d’avoir contacté Severstal pour faire monter les enchères de Mittal…

Les temps ont changé et le pouvoir d’investissement de l’économie russe, qui continue à s’intéresser aux fleurons d’Europe occidentale, est plus que jamais séduisant.

Priorités d’investissement ailleurs

Cependant, outre le côté revanchard de la chose, des analystes doutent de l’intérêt réel de Severstal pour un site jugé trop vieux. Cette approche vaudrait d’ailleurs pour d’autres bassins de la Grande Région, eux aussi délaissés par Mittal, et qui suivent avec gourmandise l’appétit possible du groupe de Mordachov.

Un spécialiste de la métallurgie auprès de la banque d’investissement Aton, cité par Les Echos, estime que Severstal a produit plus de 15 millions de tonnes d'acier brut l'an passé et enregistré 15 milliards de dollars de revenus. Il dispose déjà de gros actifs hors de son pays d'origine, mais, la vieille Europe étant jugée trop chère pour les coûts de production, la priorité a été donnée aux États-Unis, pour la stratégie d’expansion. Le groupe russe, qui aurait une réserve disponible de quelque 2 milliards de dollars pour des acquisitions, a déjà mis 810 millions pour reprendre une usine d'ArcelorMittal dans le Maryland.

Espoir mitigé

En Lorraine, l’espoir d’une reprise reste mitigé, mais présent. Édouard Martin, délégué CFDT à Florange, cité par l’AFP, n’a pas oublié que Severstal s'était, en son temps, désengagé de sites français, mais il souligne que « les débouchés du site de Florange dans l'automobile pourraient l'inciter à revenir ».

À noter aussi que, toujours selon les mêmes sources françaises, à côté de la piste russe, se trouveraient deux autres candidats repreneurs, en observation.

Pour l’instant, aucune réaction n’est venue de la part des industriels concernés. ArcelorMittal, dont paperjam.lu a contacté le siège de Luxembourg, n'a aucun commentaire à faire à ce stade.