Afin de pouvoir mettre la main sur le sidérurgiste italien Ilva tout en répondant aux exigences européennes destinées à éviter une position dominante, ArcelorMittal devra se séparer de certains actifs européens. Ce vendredi, le groupe basé à Luxembourg vient de préciser les outils qu’il a proposé de céder à l’Union européenne dans le cadre de ce dossier. Parmi les sites concernés, on trouve celui de Dudelange.
L’unité luxembourgeoise d’aciers plats (galvanisation et électro-zingage), créée en 1980, emploie actuellement 300 personnes (y compris une trentaine de personnes venant de sous-traitants) et dispose d’une capacité de production de 900.000 tonnes par an. Il n’est pas question de fermeture, mais le groupe sidérurgique devra trouver un repreneur pour sortir cet outil de son périmètre d’activité.
«C’est une décision prise sous la contrainte de devoir répondre aux exigences de concurrence européennes, elle n’est en rien positive pour le groupe. Dudelange est une unité très productive qui fonctionne avec assez peu de personnel», a simplement commenté à Paperjam.lu Michel Wurth, président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg.
C'est une décision prise sous la contrainte (...), elle n'est en rien positive pour le groupe.
Paul Wurth, président du comité d'administration d'ArcelorMittal Luxembourg
Quant au porte-parole, Pascal Moisy, il explique qu’aucune démarche n’a été entreprise jusqu’à présent concernant une éventuelle cession. «Il faut de toute manière attendre la décision des autorités de concurrence européennes et voir si le rachat d’Ilva ne capote pas pour une raison ou l’autre», précise-t-il.
Quant au ministre de l'Economie, Etienne Schneider, il «désapprouve une éventuelle cession du site d’ArcelorMittal Dudelange à un repreneur inconnu afin de répondre aux préoccupations de la Commission européenne sur la base du règlement de l’UE sur les concentrations».
Dans un communiqué publié ce vendredi après-midi, il explique qu'il interviendra à la fois auprès de la direction d’ArcelorMittal et auprès de la Commission à Bruxelles pour que le site à Dudelange reste la propriété du groupe. «En obligeant ArcelorMittal à céder des sites de production en Europe, la Commission agit à l’encontre des intérêts de la politique industrielle européenne en entravant la création d’un véritable champion sidérurgique européen capable d’être compétitif sur le marché mondial», commente-t-il.
Six sites concernés en Europe
Les autres unités du groupe concernées sont celles de Piombino en Italie, de Galati en Roumanie, Skopje en Macédoine, Ostrava en République tchèque, ainsi qu’une partie de son pôle liégeois.
À Liège, le premier sidérurgiste mondial tentera, d’ici la fin de cette année, de revendre les unités 4 et 5 de galvanisation sur son site de Flémalle, ainsi que Ferblatil, une unité de production de fer blanc située à Tilleur. L’unité 4 de galvanisation, actuellement à l’arrêt, sera remise en service le 21 juin prochain. Ces cessions concernent 400 emplois sur les 1.250 personnes qui travaillent pour le groupe dans le pôle liégeois.
Actuellement, sur Liège, le groupe russe NLMK, déjà présent en Wallonie à La Louvière et Clabecq où il emploie un millier de personnes, est le seul à s’être déclaré intéressé.
C’est en juin 2017 qu’ArcelorMittal, en consortium avec l’italien Marcegaglia et la banque Intesa Sanpaolo, a été choisi par le gouvernement italien pour la reprise du groupe Ilva, qui détient notamment la plus grande aciérie d’Europe à Tarente.
Le consortium a placé 1,8 milliard d’euros sur la table pour s’assurer du deal et a promis 2,4 milliards d’investissements.
L’Union européenne devra rendre publique sa décision finale le 21 mai.