Le site de Dudelange emploie actuellement 300 salariés.  (Photo: ArcelorMittal)

Le site de Dudelange emploie actuellement 300 salariés.  (Photo: ArcelorMittal)

«Ce qui nous inquiète, c’est qu’aucun plan industriel ne nous a été présenté», explique Jean-Claude Bernardini, membre du bureau exécutif de l’OGBL, contacté par la rédaction de Paperjam. «Nous voulons des chiffres. Quelle stratégie est prévue pour le site? Pour le moment, nous n’en savons rien.»

Le groupe ArcelorMittal a annoncé par voie de communiqué, ce vendredi 2 novembre, un accord avec le groupe industriel britannique Liberty House Group pour la vente de lignes de finition de Dudelange et Liège. Une cession imposée par les autorités européennes et les règles en matière de concurrence dans le cadre de la reprise des activités de l’italien Ilva par ArcelorMittal.

Le site luxembourgeois emploie 300 salariés. «Les accords sociaux doivent être respectés, peu importe le nom du repreneur», confie à Paperjam Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB. «L’accord tripartite – syndicat, direction et État – en vigueur jusqu’en juin 2019 prévoit, entre autres, des investissements pour la modernisation du site ou encore l’augmentation de la production. Ces accords sont le garant d’une paix sociale.»

Liberty House Group est connu pour pratiquer le LBO qui entraîne l’endettement profond des sites rachetés par le groupe. 

Jean-Claude Bernardini, membre du bureau exécutif de l’OGBL

Liberty House Group est un fournisseur mondial d’aciers spéciaux. Fondé en 1992, il propose également des services pour la conception et la construction dans les secteurs automobile et aérospatial notamment. Son siège européen est basé à Londres.

«Liberty House Group est connu pour pratiquer le LBO (en anglais «leverage buyout», ndlr), c’est-à-dire le rachat par emprunt. Ce genre d’opération financière entraîne l’endettement profond des sites rachetés par le groupe», explique Jean-Claude Bernardini.

Outre Dudelange et Liège, Liberty House Group est également annoncé pour le rachat de quatre autres filiales d’ArcelorMittal en Europe. «Je crains qu’avec un tel groupe aux manettes, toute la sidérurgie européenne soit menacée dans le futur», conclut Jean-Claude Bernardini.

J’ai des doutes sur l’origine des fonds de Liberty House Group.

Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB

«J’ai également des doutes sur l’origine des fonds du groupe Liberty House Group, confie Robert Fornieri. Depuis 2015, Liberty House Group se développe à une vitesse vertigineuse et inexplicable! En 4 ans, le groupe est passé de 1.500 salariés à environ 26.000 salariés.»

Le LCGB déplore également le choix stratégique d’ArcelorMittal. «Le géant de la finance industrielle privilégie un acteur financier au détriment d’un acteur industriel», s’indigne Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB. Le syndicat dénonce un «arrangement entre partenaires» et évoque dans un communiqué «un pied de nez» à la Commission européenne.

En acceptant les offres de la part de Liberty House Group, ArcelorMittal dit avoir «tenu compte de la préférence de la Commission pour un acquéreur unique pour la vente de six de ses filiales». En effet, c’est dans le cadre du respect des règles de concurrence qu’ArcelorMittal a entrepris la vente de plusieurs de ses sites, dont les lignes de Dudelange et de Liège.

Accord de la Commission attendu en fin d’année

Pour être finalisé, cet accord de vente entre ArcelorMittal et Liberty House Group devra recevoir l’agrément de la Commission européenne. Une première réunion est programmée cet après-midi entre les syndicats luxembourgeois et la direction de Dudelange. Le LCGB rencontrera également la semaine prochaine ses homologues belges de la CSC dans le but de «poursuivre l’union dans ce dossier aux intérêts communs».

L’OGBL souhaite un rassemblement des syndicats des six sites européens concernés par un rachat par le groupe Liberty House Group. «Vu que Liberty House Group semble être l’unique repreneur des sites mis en vente par ArcelorMittal, nous allons demander une négociation unique avec l’ensemble des syndicats des pays concernés par l’entremise de notre fédération européenne des syndicats de l’industrie», confie à Paperjam Jean-Claude Bernardini.

La Commission européenne doit se prononcer sur le dossier d’ici la fin de l’année. «En République tchèque, le Parlement a voté une motion pour soutenir les organisations syndicales qui sont contre le rachat par le groupe Liberty House Group du site ArcelorMittal Ostrava, nous explique Jean-Claude Bernardini. Nous avons aussi sollicité une rencontre avec le ministre de l’Économie et le ministre du Travail, que nous devrions rencontrer la semaine prochaine.»